Un Article de Youval Barzilaï (Palmahim). Sciences Po et sa collaboration avec Israël.

En France, la direction de Sciences-Po Paris, bloquée de jeudi à vendredi par des soutiens et militants du « Comité Palestine » de l’école, a accepté plusieurs revendications des étudiants et le blocus a été levé.

Après des concessions de la direction de l’établissement – suspension des saisines disciplinaires contre les étudiants ayant manifesté et organisation d’un débat interne d’ici jeudi prochain – les étudiants de la rue Saint-Guillaume ont réitéré leur appel à se mobiliser pour « un cessez-le-feu permanent et invité les autres universités à les rejoindre ».

Dans Atlantico : « Pour Sciences Po, une des porte-parole de l’occupation a déclaré que « l’ objectif était aussi de demander le boycott des universités israéliennes ainsi que l’investigation de l’ensemble des contrats qui peuvent être menés soit par des entreprises, soit par des entités de l’État avec des personnalités qui travaillent avec Israël ».

Une annonce qui a fait beaucoup de bruit. La région Ile-de-France suspend ses financements à destination de Sciences Po (des millions d’euros) « tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies », a annoncé lundi la présidente LR Valérie Pécresse. « Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite, et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes, ne peuvent pas dicter leur loi à l’ensemble de la communauté éducative », accuse la présidente « .

Imaginez que Sciences Po dise un « non » catégorique aux Universités israéliennes et écarte toute coopération potentielle au futur.

Plus de 36% du budget de Sciences Po vient de l’Etat et la France n’a pas du tout décidé d’arrêter sa coopération universitaire avec Israël. Il est donc presque pratiquement impossible pour Sciences Po, totalement dépendante de l’Etat (diplôme reconnu par l’Etat), de faire « cavalier seul ».

Dans tous les cas un boycott éventuel d’Israël (même léger) aurait de fortes conséquences à l’international. Par mesure de rétorsion les organisations américaines juives et autres pourraient demander à toutes les Universités américaines de boycotter Sciences Po.

La fin d’accords d’échanges avec les meilleures Universités au monde! Les Professeurs (juifs et non juifs) des universités américaines refuseraient d’accueillir des Profs et élèves français.

2. Sciences Po à des accords d’échanges très symboliques, mais réels, avec Israël.

François Heilbronn (Prof à Sciences Po depuis 15 ans) : « Sciences Po est une université internationale ouverte sur le monde avec des partenariats actifs avec toutes les meilleures universités d’Israël.

Sciences Po depuis toujours a noué des partenariats de coopération universitaire avec toutes les grandes universités israéliennes. A la veille des pogromes antisémites du Hamas palestinien, 75 étudiants israéliens étaient en échange ou étudiaient à Sciences Po, 32 étudiants de Sciences Po étudiaient en Israël.

En 2017 nous avons remis un Docteur Honoris Causae de Sciences Po à la Juge Daphné Barak-Erez, juge à la Cour Suprême d’Israël et ancienne doyenne de la faculté de droit de l’université de Tel-Aviv.

Nous organisons des colloques, des échanges de professeurs, des travaux communs entre Sciences Po et les universités israéliennes. Et nous continuerons malgré les appels totalement illégaux en droit français de les boycotter.

Deux étudiants de Sciences Po ont été assassinés par des terroristes, à chaque fois par le mouvement terroriste du Hamas palestinien : David Gritz le 31 juillet 2002, et Omri Ram le 7 octobre 2023.

A Sciences Po, nous leur avons rendu hommage. David Gritz a un banc à son nom dans l’amphi Boutmy. Nous avons rendu hommage le 13 octobre 2023 avec le directeur de Sciences Po à Omri Ram assassiné lors du festival de musique Nova en Israël par les tueurs de masse du Hamas ».

Selon le site officiel de Science Po : « Sciences Po et l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Sciences Po entretient des liens particulièrement forts dans cette vaste zone allant de l’Afrique du Nord à l’Iran. Ils se concrétisent par de nombreux partenariats d’échanges universitaires mais aussi par une recherche particulièrement dynamique : avec une vingtaine de chercheurs spécialisés, Sciences Po se positionne comme l’une des universités de référence en Europe pour les études portant sur cette région.

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient (ANMO) abrite également le plus important réseau de lycées français et francophones au monde. Sciences Po déploie une politique de promotion très active à destination de ces établissements, ainsi que des écoles anglophones et des grandes universités.

Les partenaires de Sciences Po en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Dotée d’une offre académique particulièrement riche, la région ANMO compte nombre d’universités multidisciplinaires et d’écoles de commerce pouvant dispenser des enseignements en anglais, en français, en turc, en arabe ou en hébreu. Une offre de stages intensifs d’arabe et d’hébreu est en outre disponible pour les étudiants souhaitant travailler ou faire de la recherche dans la région, ou encore préparer des concours administratifs.

Sciences Po a développé des partenariats avec 31 universités, réparties dans 11 pays de la région :  Maroc, Tunisie, Egypte, Liban, Jordanie, Irak, Israël, Palestine, Turquie, Emirats arabes unis et Qatar. Ces partenariats se traduisent notamment par des échanges d’étudiants, de professeurs et de doctorants.

Parmi ces partenaires, Sciences Po a développé des liens particulièrement denses avec certaines universités comme l’Université Mohammed 6 Polytechnique (UM6P) au Maroc, l’American University of Cairo en Egypte, l’American University of Beirut et l’Université Saint-Joseph au Liban, l’Université Al Quds en Palestine, Tel Aviv University en Israël, Bogazici en Turquie, le Doha Institute au Qatar et l’Anwar Gargash Diplomatic Academy aux Emirats arabes unis.

La région ANMO renforce ainsi son attractivité d’année en année parmi nos étudiants en échange, avec près de 140 étudiants de Sciences Po de niveau Bachelor et Master en séjour d’étude dans cette région chaque année, en premier lieu en Égypte, en Israël et en Turquie.

3. JACQUES ATTALI. « Sur les occupations de Sciences Po et des universités américaines : je comprends la revendication propalestinienne. Je comprends la colère contre l’occupation en Cisjordanie et les massacres à Gaza. Je comprends l’hostilité envers Netanyahou.

Je condamne le glissement de ces manifestations de l’anti-bibisme à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme, aujourd’hui inséparables.

C’est manifeste pour beaucoup de ces soi-disant révoltés, pour beaucoup de ceux qui les manipulent et pour quelques idiots utiles qui les accompagnent. Je ne peux donc que condamner des manifestations qui piétinent la fonction sacrée des universités (la transmission du savoir), qui appellent à la remise en cause de liens universitaires, qui ne disent pas explicitement leur désir de la solution à deux États vivant en paix et leur condamnation du Hamas comme mouvement terroriste, qui n’appellent pas à la libération des otages en même temps qu’à l’arrêt des bombardements israéliens et qui n’affirment pas une volonté de lutter contre l’antisémitisme, partout dans le monde, autant que contre toutes les autres formes de racisme.

En particulier en Europe, forme majeure de la civilisation, de la raison et de la démocratie, à défendre précieusement ».

4. François Heilbronn. « Sciences Po : Nous ne nous laisserons pas intimider par une minorité antisémite ». La revue N° 81. La Règle du jeu. (Mars 2024)

Chères et chers Collègues des Conseils de Sciences Po,

Hier, le 12 mars, notre école Sciences Po, l’amphi Boutmy où j’enseigne chaque semaine depuis plus de 15 ans, a été occupé par des militants de la haine, de l’exclusion, de la menace, mais surtout de l’antisémitisme.

Sous prétexte d’un soutien aux Palestiniens, 60 militants d’extrême-gauche et de la mouvance propalestinienne ont occupé illégalement le principal amphi de Sciences Po, en empêchant la tenue des cours pendant 4 heures, mais surtout ont discriminé une militante juive de l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) en l’empêchant de rentrer dans l’amphi, en criant avec haine « Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste !!! ».

C’est de l’essentialisation en fonction des origines, c’est tout simplement de l’antisémitisme. Sciences Po doit le dire haut et fort, enquêter sur les responsables et les poursuivre avec la plus grande fermeté.

Je connais la très jeune étudiante ainsi agressée, je lui exprime toute ma solidarité. Je suis à ses côtés pour que les sanctions les plus dures soient prises contre ses agresseurs.

Ces propos sont une discrimination du fait de l’origine (condamnable pénalement) ou des opinions politiques supposées. C’est un propos antisémite que je condamne avec la plus grande fermeté en tant que professeur associé à Sciences Po, enseignant depuis 33 ans et membre de son Conseil de Direction depuis 17 ans.

La haine antisémite d’une petite minorité agissante n’a pas le droit de citer dans ce qui a été dès l’origine, l’École Libre des Sciences Politiques dont l’objectif a toujours été de former des Esprits Libres et luttant contre tous les totalitarismes.

Un professeur qui s’approchait de l’amphi occupé a été menacé.

Nous ne laisserons pas notre École de plus de 15.000 étudiants être prise en otage par la haine, l’exclusion, et l’appel à la violence contre ses étudiants juifs par une minorité d’une centaine d’étudiants d’extrême-gauche et d’une association propalestinienne.

De très nombreux professeurs et étudiants ne laisserons pas Sciences Po être intimidé par une minorité haineuse, antisémite et violente.

Les poursuites les plus dures doivent être engagées contre ces étudiantes et étudiants qui n’ont rien à faire à Sciences Po et doivent en être exclus.

Enfin la direction de la communication de Sciences Po doit nommer les choses. Les menaces et discrimination contre des étudiantes juives hier devant l’amphi Boutmy, sont une attaque antisémite caractérisée. Il faut toujours nommer le Crime. Cela nuit profondément à notre image comme les réactions politiques et médiatiques suite à ce communiqué l’ont montré.

Ce matin, comme tous les mercredi matin, j’irai donner mon cours à Sciences Po sur « L’histoire des Juifs en France depuis 2 000 ans ».

En espérant que vous saurez vous mobiliser pour défendre notre École et ses valeurs, souillée hier par une minorité étudiante véhiculant la haine et la discrimination.

A Sciences Po le 12 mars 2024, une étudiante de notre École s’est vu interdire l’accès d’un amphithéâtre car elle est Juive.

Bien cordialement
François Heilbronn
Professeur des universités associé
Membre du Conseil de L’Institut de Sciences Po

 

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