Commerce mondial de pétrole. L’Iran a menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique.

Par |2024-04-22T12:49:55+02:0022 Avr 2024|Catégories : Non classé|

Tensions Iran-Israël : un blocage du détroit d’Ormuz ferait « changer le conflit de dimension ».

L’Iran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole, dans le contexte d’un regain de tensions entre Israël et Téhéran. Une telle escalade ferait changer le conflit de dimension.

Téhéran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d'Ormuz, point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole. (image d'illustration)
Téhéran a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d’Ormuz, point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole.

Le regain de tensions entre l’Iran et Israël relance la menace d’un blocage du détroit d’Ormuz, corne maritime stratégique entre Oman et l’Iran, pour le commerce mondial de pétrole. Dans la nuit de samedi à dimanche, Téhéran a lancé des centaines de drones et de missiles en direction du territoire israélien, en réponse à une frappe, le 1er avril, sur l’annexe consulaire de l’ambassade iranienne à Damas (Syrie), attribuée à Israël.

Selon l’économiste Philippe Chalmin, spécialiste des marchés de matières premières, « si l’Iran bloquait le détroit d’Ormuz », le conflit « changerait de dimension ». Le président-fondateur du Cercle Cyclope, interrogé par La Tribune, rappelle que ce détroit voit passer près de 20 millions de barils de pétrole par jour, soit « un tiers des exportations mondiales ».

Le détroit d’Ormuz constitue de loin la principale voie de navigation connectant les riches pays pétroliers du Moyen-Orient avec les marchés asiatique, européen et nord-américain. En 2022, environ 21 millions de barils de brut y circulaient quotidiennement, selon l’Agence américaine de l’Energie (EIA), soit 20% de la consommation mondiale.

Une perturbation même temporaire de la navigation dans ce détroit peut faire grimper les prix mondiaux de l’énergie. Seuls l’Arabie saoudite et les Emirats disposent d’un réseau d’oléoducs leur permettant de contourner le détroit d’Ormuz, souligne l’EIA.

Mais « même si une partie peut sortir par les Émirats arabes unis, bloquer le détroit d’Ormuz serait suffisamment important pour que les 100 dollars le baril soient largement dépassés », déclare Philippe Chalmin.

L’autre conséquence d’un blocage du détroit d’Ormuz concerne « le gaz du Qatar » qui y transite, selon le spécialiste. « Le Qatar fait partie des trois grands exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) avec les Etats-Unis et l’Australie, qui pèsent chacun près d’une dizaine de millions de tonnes, sur un marché mondial qui en fait 60 millions », explique Philippe Chalmin.

« C’est quand même très important. Si les exportations de gaz du Qatar se trouvaient bloquées, cela aurait des conséquences sur le marché du GNL, qui se répercuteraient immédiatement sur le marché européen », affirme le professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine, qui évoque un « scénario catastrophe ».

« C’est l’arme atomique pour les Iraniens, lance l’économiste, qui rappelle toutefois que l’Iran « dépend totalement du pétrole » et n’a pas intérêt à une telle escalade.

Pour Francis Perrin, directeur de recherche, professeur à l’IRIS et spécialiste des questions énergétiques dans le monde arabe, il semble également peu probable que l’Iran opère un blocage du détroit d’Ormuz.

« Le régime de la République islamique n’étudierait cette option que s’il se sentait profondément menacé. En l’état, il n’y a pas intérêt puisque cela entraînerait une guerre, et pas seulement avec Israël mais également avec les États-Unis. Par ailleurs, cela bloquerait ses propres exportations de pétrole », explique le professeur.

L’armée américaine affirmait alors que l’Iran a saisi ou tenté de s’emparer de près de 20 navires battant pavillon international dans la région au cours des deux dernières années. En décembre, Washington a annoncé la formation en mer Rouge d’une coalition de dix pays afin de faire face aux attaques répétées des Houthis contre des navires qu’ils considèrent comme « liés à Israël ».

Un détroit particulièrement vulnérable.

Le détroit d’Ormuz, qui relie le Golfe au golfe d’Oman, est situé entre l’Iran et le sultanat d’Oman. Il est particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 kilomètres environ, et de sa profondeur, qui n’excède pas 60 mètres. Il est parsemé d’îles désertiques ou peu habitées, mais d’une grande importance stratégique : les îles iraniennes d’Ormuz, et celles de Qeshm et de Larak, face à la rive iranienne de Bandar Abbas. La rive omanaise, la péninsule du Musandam, forme un index pointant vers l’Iran, séparé du reste du sultanat par des terres appartenant aux Emirats.

Au large des Emirats, les trois « îles stratégiques » – la Grande Tomb, la Petite Tomb et Abou Moussa – constituent un poste d’observation sur toutes les côtes des pays du Golfe : Emirats, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Koweït, Irak, Iran et Oman.

COPYRIGHTS. LA TRIBUNE. EXTRAITS.



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