Nouvelle encourageante : une étude réalisée dans le golfe d’Eilat sous la direction du Prof. Noa Shenkar de l’École de zoologie et du musée de la Nature Steinhardt de l’Université de Tel-Aviv, par Gal Vered, doctorante de l’Institut interuniversitaire d’Eilat, a révélé que la quantité de déchets dans le golfe est faible par rapport à celle des récifs coralliens similaires dans le monde, à la fois en termes de déchets plastiques visibles et de particules de microplastiques, et ce en particulier dans la réserve naturelle marine d’Eilat. Les chercheuses en concluent qu’il n’est pas trop tard pour sauver le récif corallien du golfe d’Eilat et ceux d’autres sites dans le monde, à la condition d’agir rapidement.

 

L’étude, qui a été publiée dans la revue Science of the Total Environment, contribue de manière significative au développement des connaissances pour les recherches futures. Elle a été dédiée à la mémoire de Tal Eilon, amoureux de la mer, commandant de l’équipe de sécurité communautaire de Kfar Aza, assassiné le 7 octobre par le Hamas en protégeant son foyer. Skipper et titulaire d’une licence en biologie marine, Tal a formé des générations au College maritime de Mikmoret. Il était âgé de 46 ans le jour de sa mort.

« Ce serait un terrible manque de responsabilité de notre part de laisser les récifs du golfe d’Eilat disparaitre à cause des déchets »

« On sait désormais que les récifs coralliens du golfe d’Eilat sont relativement résistants au changement climatique et sont en bon état par rapport à ceux de nombreuses régions tropicales du monde, qui pourraient disparaître d’ici quelques décennies », explique le Prof. Shenkar. « C’est pourquoi le golfe d’Eilat est considéré comme un refuge pour les coraux contre le changement climatique, et ses récifs prennent donc une importance particulière. Il est de notre devoir de prendre des mesures urgentes pour les protéger, entre autres, de la menace liée aux déchets plastiques. Ce serait un terrible manque de responsabilité de notre part de laisser les récifs du golfe d’Eilat disparaitre à cause des déchets. C’est pourquoi nous avons cherché à dresser un tableau le plus complet possible de la pollution plastique sous toutes ses formes dans le golfe, en mettant l’accent sur l’environnement immédiat du récif corallien ».

L’étude a été menée sur deux ans (2020-2022), au cours de quatre saisons différentes : été et automne 2020, printemps 2021 et hiver 2022, à des profondeurs de 5 à 100 m, et sur quatre sites différents : dans la zone plus au nord, de la frontière jordanienne aux hôtels, dans la zone touristique d’Eilat à proximité du centre-ville, entre les jetées de l’oléoduc trans-israélien Eilat-Ashkelon et dans la réserve naturelle marine à proximité de la frontière égyptienne.

coraux eilat microplastiques

Les chercheurs ont mesuré trois types de pollution :

  • Les gros détritus provenant de l’homme visibles à l’œil nu, comme les objets en plastique et autres déchets (bois, béton, verre, métaux, vêtements, cigarettes… etc.) trouvés sur les fonds marins et sur le récif lui-même. Les articles ont été répartis en plusieurs catégories : emballages (canettes, bouteilles, etc.), articles utilisés pour la pêche et/ou la voile, articles jetables (lingettes, couverts, tasses, etc.), et divers (vêtements, cigarettes et autres). Le niveau de pollution a été mesuré en fonction du nombre d’éléments par unité de surface.
  • Les particules de microplastiques (minuscules particules de plastique de moins de 5 mm) présentes dans l’eau de mer autour des récifs eux-mêmes. Ces particules ont été collectées au moyen d’une méthode nouvellement utilisée dans le monde dans le domaine de la recherche sur les microplastiques : les filets ont été placés par des plongeurs à proximité des récifs coralliens – alors que la plupart des études utilisent des bateaux, et ne mesurent donc les concentrations de microplastiques que dans la partie supérieure de la colonne d’eau, loin des récifs et de la vie qui s’y déroule. Le niveau de pollution par microplastiques a été mesuré en fonction du nombre de particules par volume d’eau de mer.
  • Les additifs plastiques (substances chimiques incorporées au plastique lors du processus de production), dont la présence a été recherchée dans des échantillons d’eau de mer et de sol à proximité des récifs. Le niveau de pollution a été mesuré selon des indicateurs de concentration par volume d’eau et par gramme de sédiment.

La plupart des gros déchets proviennent d’équipements de pêche et de navigation de plaisance et 70 % d’entre eux sont des déchets plastiques

Les résultats ont révélé que la plupart des gros déchets proviennent d’équipements de pêche et de navigation de plaisance, et que 70 % d’entre eux sont des déchets plastiques. Par ailleurs, dans les échantillons d’eau et de sol collectés jusqu’à une profondeur de 30 m., aucune preuve de contamination significative par des additifs au plastique n’a été trouvée. Il a été également constaté que site de la réserve naturelle, qui est le plus éloigné de la ville, est aussi clairement le plus propre, à la fois pour les gros débris visibles échoués sur le fond et pour les microplastiques présents dans l’eau autour des récifs. De plus, différentes interactions entre les déchets et la faune ont été observées : certains déchets recouvrent les animaux et peuvent les étouffer ou leur cacher la lumière du soleil, d’autres sont mêlés aux coraux ; mais il y a aussi des cas où les animaux utilisent les déchets comme abri ou comme lieu de reproduction.

Coraux Eilat lingette

« La bonne nouvelle est qu’il y a probablement moins de pollution plastique dans le golfe d’Eilat que dans les récifs tropicaux d’autres parties du monde », dit Gal Vered. « Cependant, il est important de rappeler que nous avons étudié les gros débris jusqu’à 100 m de profondeur et les autres polluants jusqu’à 30 m, et que nous avons constaté des différences significatives entre le niveau de pollution dans les zones peu profondes et les zones profondes : plus les eaux sont profondes, plus on trouve de débris, conclusion qui est en accord avec les résultats d’études similaires menées dans d’autres parties du monde, et cohérente avec la structure topographique du fond marin du golfe d’Eilat, très étroit et d’une profondeur pouvant atteindre jusqu’à 800 m. Notre hypothèse est que les débris qui viennent de la côte glissent le long de la pente raide de la paroi du golfe vers les profondeurs. En d’autres termes, il est fort possible que la relative propreté que nous avons constatée ne soit qu’apparente (et en effet, une forte tempête qui a eu lieu en 2020 a fait remonter de très anciens débris des profondeurs jusqu’aux plages) ».

Un autre résultat encourageant noté par les chercheuses est que le fait que la réserve naturelle se soit révélée nettement moins polluée par les déchets plastiques que les autres sites du Golfe, ce qui indique qu’en gérant correctement l’environnement et en le préservant de manière durable, comme c’est effectivement fait dans la réserve, il est possible de protéger le récif des effets négatifs des déchets plastiques. « De cette façon, nos enfants et petits-enfants pourront également profiter des trésors naturels de la barrière de corail d’Eilat », concluent les chercheuses.

« Le fait que la réserve marine se soit avérée plus propre que les autres sites indique qu’il existe des solutions applicables en matière de prévention et de conservation. La mobilisation, la réglementation, la politique et la stratégie sont nécessaires, dans l’intérêt de l’environnement marin et pour nous tous. Un bon exemple est l’interdiction par la municipalité d’Eilat d’utiliser des ustensiles jetables sur les plages. Nous en appelons aux décideurs et à l’ensemble du public : il n’est pas trop tard ! Avec une conduite et une gestion adaptées, les récifs coralliens de la baie d’Eilat peuvent être correctement protégés ».

 

Photos :

  1. Gal Vered dans le récif corallien à 15 mètres de profondeur devant la plage Katza à Eilat, tenant une corde sur laquelle a poussé un corail mou (Crédit : Dr. Ronan Lieberman)
  2. Les microplastiques du golfe d’Eilat
  3. Une lingette étouffant un corail dans la réserve de la plage d’Almog (Crédit : Gal Vered)
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