En Israël, Catherine Colonna hausse le ton pour une trêve immédiate à Gaza. La ministre française des Affaires étrangères était en Israël ce dimanche 17 décembre pour dénoncer les violences sexuelles commises par le Hamas le 7 octobre, mais aussi pour appeler à un arrêt des combats «immédiat et durable» dans l’enclave palestinienne.

Quatre visites en deux mois. Après un report de son déplacement samedi 16 décembre au Liban à la suite de l’avarie technique du Falcon 900 du gouvernement, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, est arrivée dimanche matin à Tel-Aviv. L’objectif : réitérer la solidarité de la France avec les victimes des massacres du 7 octobre, tout en haussant le ton en faveur de la cessation des combats dans la bande de Gaza, où les intenses bombardements israéliens se poursuivent. Paris s’est d’ailleurs dit «préoccupé au plus haut point» par la dégradation de la situation humanitaire dans l’enclave. Ces éléments de langage confirment l’inflexion de la position française dans cette guerre, alors que l’armée israélienne est accusée par de nombreuses ONG de commettre des «crimes de guerre» dans cette offensive meurtrière.

A sa sortie de l’avion, Catherine Colonna a été accueillie par son homologue, Eli Cohen. La ministre a très vite appelé à une «nouvelle trêve immédiate et durable» dans la bande de Gaza, alors que la riposte israélienne après l’attaque terroriste du Hamas a déjà fait près de 19 000 morts, dont 70 % de femmes et enfants, selon le Hamas. Un peu plus tôt, dans une déclaration commune, le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient eux aussi appelé à un «cessez-le-feu durable» mais n’avaient pas demandé que celui-ci soit «immédiat». Alliés historiques de l’Etat hébreu, les Etats-Unis ont fait monter la pression sur les autorités israéliennes ces derniers jours, les incitant à passer à une phase moins intensive de leur offensive afin de protéger les civils. «Trop de civils sont tués», a confirmé Catherine Colonna à l’issue de la rencontre, rappelant que trois Français sont toujours «disparus ou otages dans la bande de Gaza». Vendredi, l’armée israélienne avait annoncé avoir récupéré la dépouille de l’otage franco-israélien Elya Toledano, kidnappé par l’un des commandos du Hamas lors du festival de musique Tribe of Nova, le 7 octobre.

«Cadeau pour le Hamas».

Malgré ces inquiétudes grandissantes, Eli Cohen, connu pour être l’une des personnalités les plus modérées du gouvernement de Benyamin Nétanyahou, a martelé la position de son pays : un appel au cessez-le-feu serait une «erreur», même un «cadeau pour le Hamas.» La cheffe de la diplomatie française a également évoqué avec le porte-parole de Tsahal la mort d’un employé du Quai d’Orsay dans un bombardement israélien survenu mercredi soir à Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne. L’agent, dont l’identité a été révélée dimanche soir par plusieurs députés, travaillait pour l’Institut français de Gaza depuis 2022. Ahmad Abu Shamla avait fait le choix de ne pas évacuer et de rester auprès de ses quatre plus grands fils. Il était réfugié dans la maison d’un de ses collègues du consulat général de France lorsqu’il a été tué. Samedi, Paris a condamné ce drame et exigé que «toute la lumière soit faite dans les plus brefs délais».

LE PLUS. Proche-Orient : Catherine Colonna en Israël et en Cisjordanie ce dimanche pour appeler à une « trêve immédiate » et dénoncer les violences des colons.

Article rédigé par Franck Mathevon

Une quatrième visite en deux mois. Catherine Colonna s’envole dimanche 17 décembre pour Tel Aviv. La ministre des Affaires étrangères française se rendra ensuite en Cisjordanie, avant d’aller au Liban lundi, un déplacement initialement prévu samedi mais reporté suite à l’avarie technique du Falcon 900 du gouvernement.

Comme elle l’avait fait lors de sa dernière visite en Israël, Catherine Colonna rencontre d’abord les familles des otages français, alors que l’on a appris vendredi la mort d’Elya Toledano, un Franco-Israélien de 28 ans dont la dépouille a été retrouvée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Il avait été enlevé le 7-Octobre lors du festival de musique « Tribe of Nova ». « Il reste en effet des Français dont nous sommes sans nouvelle, trois d’entre eux, vraisemblablement otages, dit la ministre, qui pèse ses mots.

Une trêve pour les otages, mais aussi donc pour les populations de Gaza : c’est le message de Catherine Colonna aux responsables israéliens, quelques heures après la mort d’un agent de son ministère dans le sud de la bande de Gaza. L’homme a été victime d’un bombardement israélien, alors qu’il travaillait pour le Consulat général de France à Jérusalem. Ces drames successifs incitent la France à pousser pour une trêve ou au moins, comme le demande maintenant Washington, des opérations plus ciblées.

Une solidarité avec les victimes de violences sexuelles.

Cette pression diplomatique s’ajoute à celle exercée par les familles des otages détenus par le Hamas, après la mort de trois captifs tués par erreur par l’armée israélienne. L’enquête a montré que les trois hommes ont été abattus alors qu’ils brandissaient des drapeaux blancs dans un secteur où les soldats israéliens mènent des opérations au sol particulièrement risquées. Hier soir, Benjamin Netanyahu a redit qu’il comptait maintenir « la pression militaire » sur le Hamas.

Catherine Colonna ne vient pas seulement en Israël parler de Gaza. La ministre entend exprimer une fois de plus la solidarité de la France avec les victimes des massacres du 7-Octobre, en particulier les victimes de violences sexuelles. Ce sera un des temps forts de la journée : elle visitera une base militaire où de nombreux corps ont été emmenés pour y être identifiés. Les examens médico-légaux ont révélé que des crimes sexuels avaient été commis, des viols, des mutilations… Des associations et des juristes se mobilisent sur le sujet.

Un passage en Cisjordanie pour dénoncer les violences des colons.

La ministre française se rendra aussi en Cisjordanie où elle rencontrera des responsables palestiniens. Ce déplacement vise aussi à montrer que la France condamne les violences des colons extrémistes, qui se multiplient ces dernières semaines.

Catherine Colonna visitera également un village de Bédouins palestiniens vidé de ses habitants en raison de la menace de colons qui vivent à proximité. La Cisjordanie fait partie de ces autres fronts de la guerre, comme le nord d’Israël et le sud Liban, où les affrontements entre Israël et le Hezbollah sont quasi-quotidiens, ou la mer Rouge, où les attaques de navires par les houthis se multiplient ces derniers jours. La ministre française vient aussi au Proche-Orient pour appeler à éviter un embrasement à partir de ces différents fronts. Elle sera lundi au Liban, une visite reportée de 48 heures après un problème technique sur son avion.

francetvinfo.fr

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