Alors que les kibboutz situés près de la frontière avec la bande de Gaza, en Israël, font partie des lieux où le Hamas a massacré des centaines de civils, le 7 octobre, une histoire corrézienne ressurgit : celle du kibboutz Makhar, établi pendant à peine deux ans, de 1933 à 1935, dans la campagne au sud de Brive.
En 1933, c’est pour porter secours aux réfugiés que le Comité national de secours aux victimes de l’antisémitisme en Allemagne met sur pied le kibboutz Makhar, dans la commune de Jugeals-Nazareth en Corrèze.
Le Comité national, par l’entremise de la famille De Rotschild loue un domaine agricole et en confie les rênes à l’organisation sioniste Hehalout et son objectif est de préparer ces jeunes gens juifs à s’installer en Palestine, alors sous mandat britannique.
Urbains, pour la plupart issus des classes moyennes ou aisées, ils doivent apprendre l’agriculture, l’hébreu et le maniement des armes. La ferme-école est installée dans des bâtiments du village de Nazareth mais les membres du kibboutz fréquenteront plusieurs fermes des environs.
Selon l’historienne Anne Grynberg, 143 personnes seraient passées dans ce centre, mais le romancier Jean-Luc Aubarbier assure qu’elles furent près de 800.
L’intégration avec la population locale a été bonne, mais l’antisémitisme et la xénophobie de l’avant-guerre, sans oublier le zèle d’un sous-préfet qui finira fusillé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors de l’épuration et une campagne de dénigrement dans la presse auront raison du kibboutz Makhar.
Après une enquête ordonnée par la Sûreté nationale, la dissolution du kibboutz est exigée pour la fin de mars 1935, « pour des motifs impérieux (qui n’ont pas à être indiqués) », précise de ministère de l’Intérieur.
Malgré les efforts du sénateur Henri de Jouvenel, qui défend le projet, et malgré un article de La Corrèze républicaine et socialiste qui se scandalise qu’on « disperse à tous les vents, sans moyens d’existence » les « jeunes gens de la colonie juive ». « Ils doivent se faire une fière idée des vertus d’hospitalité dont on asperge la nation française », critique le journal.
Après, ceux qui ont réussi à gagner la Palestine se sont, pour la plupart, réunis au sein d’un kibboutz installé depuis les années vingt au nord d’Israël, près de la frontière avec la Syrie, non loin du Liban et un des jeunes passé en Corrèze y sera d’ailleurs tué pendant la guerre d’indépendance de 1948 ». Mais on ne connaît pas le sort de tous ceux qui sont passés par ce kibboutz, mais Anne Grynberg n’a retrouvé aucun des 143 noms dans les listes nominatives du Mémorial des déportés juifs de France.
Source : Le journal du centre – résumé par Israël Valley