Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, en réponse à trois questions sur le conflit entre Israël et le Hamas, à l’Assemblée nationale le 14 novembre 2023.

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Madame la députée Oziol,

Je voudrais vous rappeler que depuis le 7 octobre, la position de la France est constante et basée sur nos principes. Israël, victime d’attaques terroristes abominables – j’espère que vous le reconnaissez -, a le droit de se défendre et de protéger sa population contre le Hamas, et le devoir, nous le disons, de se défendre dans le cadre du respect du droit international. Et en particulier, Israël doit faire tout son possible pour protéger les populations civiles. C’est une obligation légale et une obligation morale, nous l’avons dit souvent, et je le redis volontiers ici.

Mais il faut rappeler, Madame la Députée, que, de la même façon, ce que fait le Hamas, en utilisant des hôpitaux, des écoles en rampes de lancement de roquettes ou en installations militaires, viole le droit international et doit être pareillement condamné. En agissant ainsi, le Hamas met sciemment la population palestinienne en péril.

Face à l’urgence humanitaire, qui est réelle, la France a organisé le 9 novembre une Conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza. Outre le milliard d’euros annoncé grâce à cette conférence, celle-ci a permis d’acter un consensus international en faveur d’une trêve immédiate, qui puisse garantir que l’aide parvienne aux populations et répondre aux besoins de celle-ci. C’est un pas important, c’est un pas concret. Puis, il faudra oeuvrer à un cessez-le-feu, le Président de la République l’a dit.

Et enfin, il faudra restaurer un horizon politique. C’est d’ailleurs une position constante de la France que de le rappeler, la France ne l’a jamais oublié : la seule solution viable, c’est celle de deux Etats, vivant en paix côte à côte. Nous y travaillons avec nos partenaires et il est plus que temps d’avancer.

Je vous remercie.

Madame la députée Pasquini,

Vous avez raison, oui, de soulever l’urgence humanitaire, car les besoins sont criants à Gaza. L’aide doit pouvoir passer, doit pouvoir passer en plus grand nombre au point de passage de Rafah, et être distribuée ensuite aux populations civiles pour répondre à leurs besoins – nous ajoutons toujours, répondre à leurs besoins de façon durable. La communauté internationale s’est mobilisée. La France y a pris sa part avec déjà 88 tonnes de fret qui ont été livrées sur place. Et maintenant cette aide doit passer.

Il est clair qu’il faut faire davantage. C’est pour cette raison que la France a organisé, jeudi dernier, la conférence que j’évoquais, avec ses principaux partenaires internationaux, régionaux, Nations unies, organisations spécialisées. Et outre les contributions rassemblées, dont celle de la France, qui a été portée à 100 millions d’euros, cette conférence a permis d’acter un consensus en faveur d’une trêve immédiate, durable, soutenue, qui puisse garantir que l’aide parvienne aux populations. C’est un pas important, c’est un pas concret – puisque vous appelez à des gestes concrets.

Nous poursuivrons nos efforts pour matérialiser cela sur le terrain au plus vite. Parce que, bien sûr, Madame la Députée, chaque jour compte, chaque vie compte, qu’il s’agisse d’ailleurs de la vie d’un enfant ou de la vie d’un adulte.

Je souhaite aussi répéter que la lutte contre le terrorisme doit se faire conformément au droit international. C’est un impératif légal, un impératif moral, et c’est la force des démocraties que de mener la lutte contre le terrorisme, dans le respect du droit international. Nous ne cesserons de le rappeler.

Je vous remercie.

Madame la députée Faucillon,

À Gaza, quelle est l’urgence ? Oui bien sûr, l’urgence, la première urgence, est humanitaire. Elle est que l’aide qui est stockée du côté égyptien puisse passer à la population civile de Gaza pour répondre aux besoins criants des populations. Et donc l’urgence, oui, c’est cela : ne pas laisser une catastrophe humanitaire s’aggraver, apporter de l’aide de façon urgente et durable.

Alors bien sûr, cela impose une pause dans les opérations militaires. Pour que les soignants puissent entrer, pour que l’aide puisse être distribuée, pour que les blessés les plus graves puissent être évacués. À partir de là, il faut être pragmatique : que peut-on, aujourd’hui, obtenir ? Je dis bien aujourd’hui? Une trêve humanitaire immédiate, qui ensuite pourra mener à un cessez-le-feu. Et c’est ce consensus international que la France a contribué à forger lors de la conférence humanitaire, jeudi dernier.

Donc il faut une pause, le plus rapidement possible. Et sans attendre, il faut aussi oeuvrer à un cessez-le-feu et à la restauration d’une perspective politique, mais sans permettre au Hamas de reconstituer ses capacités et de mener ses actions terroristes. Car nul ne doit oublier quel est l’objectif de cette organisation terroriste. Et surtout ne pas l’oublier après ce qui s’est passé le 7 octobre. Ne l’oublions pas. Rien ne justifie jamais le terrorisme.

Merci.

Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2023

 

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