Dans le film Golda, Helen Mirren a subi une transformation physique spectaculaire avec un faux nez, d’autres prothèses faciales et un gros costume, jusqu’aux épaisses chevilles de l’ancienne première ministre israélien.
Mais si Helen Mirren a pris l’accent du Wisconsin de Meir et si elle semble parfois étouffer sous tous les artifices qui aident à définir le caractère physique du leader, le film est perturbé par les cigarettes omniprésentes (on dit que Meir fumait jusqu’à 70 cigarettes par jour …) et le scénario de Nicholas Martin est lui aussi un peu trop direct : « Je suis un politicien », déclare Meir, « pas un soldat », balayant les tentatives de ses conseillers concurrents – le ministre de la défense Moshe Dayan (Rami Heuberger), le chef du Mossad Zvi Zamir (Rotem Keinan), le chef d’état-major Dado Elazar (Lior Ashkenazi) et le directeur du renseignement Eli Zeira (Dvir Benedek) – de l’amener à s’engager dans un plan d’action.
À un autre moment, alors que le vent de la bataille a tourné en défaveur d’Israël, nous voyons Meir se tordre les mains d’angoisse si vigoureusement qu’elle fait couler le sang, métaphore maladroite de la complicité dans la mort d’Israéliens. (L’action principale du film se déroule sous forme de flashbacks au sein d’une cour d’enquête qui s’est penchée sur le manque de préparation du gouvernement de Meir pendant la guerre).
Le film a ses bons moments, surtout en ce qui concerne la relation entre Meir et le secrétaire d’État américain Henry Kissinger, joliment interprété par Liev Schreiber, dont le personnage s’engage dans des négociations délicates avec elle autour d’un bol de bortsch, s’exprimant dans un grondement séduisant et diplomatique. Seul l’accord américain de fourniture d’armes, au cœur d’un conflit qui dure depuis à peine trois semaines, a permis à Israël d’inverser le cours des combats. Mais l’émissaire américain hésite, à juste titre, à en faire plus, car une confrontation nucléaire avec les Soviétiques est en jeu si les Américains vont trop loin. Les scènes entre ces deux personnages sont parmi les meilleures du film.
Mais c’est la femme au centre de l’histoire dont la personnalité et les contradictions ne sont pas mises en valeur, au sens profond du terme. Lors d’un débat avec Elazar sur l’opportunité d’engager des soldats israéliens dans ce qui est en fait une mission suicide, Meir demande, de manière rhétorique : « Voudriez-vous que je crée une armée de veuves et d’orphelins ? ». Il lui demande en retour : « Êtes-vous prête à le faire ? » – ce à quoi elle répond, énigmatique, « Le monde doit croire que je le suis ».
Cette phrase est une allusion, mais seulement une allusion, à la politique de la corde raide, à la posture et au compromis moral dans lesquels les dirigeants doivent s’engager. (Après tout, l’un ou l’autre camp – et peut-être les deux – aura fini par former une armée de veuves et d’orphelins).
Mais dans « Golda », on ne perçoit pas vraiment ce marché du diable, qui reste aussi pertinent – et surtout aussi personnel – aujourd’hui qu’il l’était il y a 50 ans.
Source : Washington Post