Nous avons vérifié : la presse israélienne en Hébreu (ce qui n’est pas du tout le cas de la puissante presse israélienne en Russe) ne connait pas Bill Browder que nous présente L’Express :

 » 3 novembre 2005, à l’aéroport Cheremetievo de Moscou. Bill Browder, qui vient de débarquer d’un vol en provenance d’Heathrow, fait partie de ces huiles pour lesquelles un passeport et quelques minutes de patience suffisent à commander l’ouverture des portiques. Mais cette fois, le dirigeant de Hermitage Capital, le plus gros fonds d’investissement étranger présent en Russie, attend environ trois quarts d’heure. C’est long. C’est mauvais signe. « Refusé » : son visa a été annulé, il faut retourner à Heathrow. Sans doute une erreur, se dit-il. Les justifications des autorités, dans un courrier laconique envoyé quelques semaines plus tard, ne feront qu’ajouter à l’incompréhension : « l’entrée peut être refusée à une personne dans l’intérêt de ‘la sécurité de l’État, de l’ordre public ou de la santé publique’. »

Comment ce pionnier des marchés russes, qui a longtemps épousé la cause de Vladimir Poutine – au point de saluer en 2003 l’arrestation de Mikhail Khodorkovski – a-t-il pu se retrouver du côté des « ennemis de l’intérieur » ? La campagne de lutte contre la corruption dans le monde des finances russe, qu’il a lancée il y a peu, aurait-elle échaudé certaines figures du Kremlin ?

Dix-sept ans plus tard, celui que la presse internationale surnomme « l’ennemi numéro un de Poutine » revient pour L’Express sur cette véritable saga financière mêlant fraude au crédit d’impôt, oligarques véreux, collusion policière, qui a abouti à la mort de Sergueï Magnitsky, un avocat engagé en 2007 par Bill Browder pour éclaircir les tenants de cette affaire. Depuis, l’homme d’affaires américain naturalisé britannique s’est mué en défenseur acharné des droits de l’homme – au point de faire adopter en 2012, aux Etats-Unis, le « Magnitsky act », qui prévoyait des sanctions contre les responsables de la disparition de Sergueï Magnitsky.

C’est peu dire que Bill Browder, par ailleurs auteur de Notice rouge (2015) et Le Règne de glace (2022), deux ouvrages racontant son combat contre l’homme fort du Kremlin, a eu le temps d’analyser les ressorts « cleptocratiques » de la politique poutinienne, et les motivations du dirigeant russe qu’il qualifie d’ »assassin sans pitié mais rationnel ». Bill Browder se montre tout aussi dur à l’égard de l’Ouest qui a, selon lui, « donné le feu vert à Poutine en lui laissant entendre que la balance coûts-bénéfices serait à son avantage s’il décidait d’envahir l’Ukraine ».

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