EDITORIAL. Stephan Zeev Goldin (paru dans i24News). Au nom du peuple juif, du sionisme, des pionniers de cet Etat et de nos grands-parents qui n’ont pas eu notre chance, nous devons renouer le dialogue

Israël est en danger. Trois mois après l’annonce du projet de réforme judiciaire par le gouvernement Netanyahou et les manifestations de masse qui ont suivi et se poursuivent encore aujourd’hui, la société israélienne est fracturée comme elle ne l’a jamais été. Ces divisions internes bouleversent les équilibres et représentent une véritable menace existentielle, qui pourrait mener à l’effondrement de notre foyer commun si nous ne réagissons pas.

Bien que la méthode et le radicalisme du projet de réforme puissent interloquer, voire choquer, et que les desseins des ministres d’extrême droite semblant vouloir changer l’ADN même du pays inquiètent profondément, je ne reviendrai pas ici sur les raisons de la crise car rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir.

Face à cette étape cruciale dans la vie de notre pays, il y a une chose primordiale que nous devons garder à l’esprit : le rêve sioniste s’est réalisé, le peuple juif vit sur sa terre après deux mille ans d’exil, et l’État d’Israël, malgré ses défauts et ses lacunes, représente une réussite éclatante. Aucune démocratie progressiste n’a connu une prospérité aussi fulgurante, qui fait d’elle aujourd’hui une puissance technologique, scientifique, économique, militaire et politique. L’Israël du XXIe siècle est un pays fort, qui peut façonner son destin et marcher vers un avenir radieux.

A l’origine de cette réussite, il y a une population à la force, à l’esprit et au dévouement uniques, mais aussi des dirigeants courageux, audacieux et optimistes qui n’avaient ni peur, ni haine, et qui plaçaient les intérêts d’Israël au-dessus de tout. Ils croyaient au peuple juif et à sa capacité à accomplir l’impossible. Et ils savaient que pour exister dans cet environnement hostile, nous avions besoin d’un État qui préserve l’héritage glorieux du peuple juif, tout en adoptant les valeurs d’un monde moderne, ouvert et démocratique où chacun aurait le droit de vivre et de penser comme il l’entend. Tout cela ne s’est pas fait en un jour bien sûr, et nous a coûté en guerres, en sang, en sueur et en larmes, mais nous avons réussi. Nous avons un toit, nous qui étions un peuple sans abri.

Au nom du peuple juif, du sionisme, des pionniers de cet Etat et de nos grands-parents qui n’ont pas eu notre chance, nous devons renouer le dialogue et parvenir à un consensus. Seule une réconciliation générale pourra empêcher le désastre et permettre de redéfinir le projet sioniste pour ce nouveau siècle, autour duquel la société israélienne pourra s’identifier et se regrouper.

 Des millions d’Israéliens pensent différemment de moi et c’est aussi cela notre richesse. Je veux leur parler. Je veux coopérer, travailler, et servir dans l’armée avec eux. Je veux que nous partagions ensemble la douleur et les joies que traverse notre pays. Dans quelques jours, Israël rendra hommage à ses soldats tombés au champ d’honneur pour que nous puissions vivre libres sur notre terre, ainsi qu’aux victimes du terrorisme. Face aux tombes, il y aura des gens de droite et de gauche, des anti et pro-réforme judiciaire, des religieux et des laïcs, tous unis dans la douleur. Sachons de même être unis dans la banalité du quotidien.

 Seuls les Israéliens peuvent faire sortir Israël de cette crise et sauver le pays de lui-même. Notre destin est uniquement entre nos mains. Ne laissons pas nos véritables ennemis nous regarder nous détruire et faire le travail à leur place. 2023, après ce début difficile, doit être l’année de l’espoir, celle d’un renouveau sioniste pour les générations futures, garantissant un pays démocratique sans extrêmes, où chacun pourra vivre en harmonie. Soyons responsables et vigilants, car la réalité est sans appel : «Ein lanou eretz aheret » («Nous n’avons pas d’autre patrie»).

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