LE DETOX D’ISRAELVALLEY. En tant que député, Bezalel Smotrich (Ministre des finances d’Israël), avait bien été accueilli à l’Assemblée nationale. Smotrich avait l’air heureux de sa visite à Paris.
Des vidéos l’attestent. «Vous êtes le bienvenu en France et au Parlement français, vous êtes notre ami et l’ami des juifs de France» lui avait déclaré un ex-député français, non-homophobe, qui a depuis cette visite perdu son siège. (Sources IsraelValley et  Libération).
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FIER HOMOPHOBE. (Un article de Times of Israel). « Le ministre qui tient les rênes des finances d’Israël se qualifie lui-même de « fier homophobe », un autre dit que les Gay Pride sont « vulgaires » et un troisième qui voudrait les annuler, vient de se voir confier le poste de superviseur d’un élément clé du programme scolaire en Israël. Sans parler des députés qui voudraient que les médecins puissent refuser de soigner des personnes issues de la communauté LGBTQ.

Tous sont des membres du sixième gouvernement dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et leur animosité envers la communauté LGBTQ a le don d’irriter les Israéliens LGBTQ et leurs alliés, en Israël et ailleurs.

Les propos de ces politiciens ne sont pas nouveaux, mais ils jouissent aujourd’hui de pouvoirs et d’influence au sein du gouvernement.

Le projet de reforme de la justice, qui aurait en outre, en l’état, pour effet de donner aux députés le droit de surseoir aux décisions de la Cour suprême, pourrait fragiliser la jurisprudence protectrice des droits des Israéliens LGBTQ.

« La majorité des membres de la communauté homosexuelle en Israël ne se sent plus en sécurité », a expliqué Hila Peer, présidente d’Aguda – Association pour l’égalité des droits des LGBTQ en Israël.

« Ils ont l’intention d’adopter des lois catastrophiques pour la communauté homosexuelle. »

Peut-on imaginer qu’Israël cesse d’être un refuge pour les personnes issues de la communauté LGBTQ, et ne devienne un environnement grandement hostile ?

Netanyahu et d’autres membres de sa coalition se disent prêts à protéger les droits des homosexuels, mais la situation politique instable rend l’avenir plus qu’incertain.

Comment vivaient les Israéliens LGBTQ avant ce gouvernement ?

Israël est connu pour être un havre de paix pour les homosexuels du Moyen-Orient, et Tel Aviv est fréquemment citée comme l’une des villes les plus gay-friendly au monde, avec une Gay Pride qui attire des centaines de milliers de participants d’Israël et de l’étranger chaque année.

Mais la situation globale est plus contrastée.

Le mariage homosexuel n’est pas légal en Israël. Pourtant, comme d’autres couples non-reconnus par l’establishment religieux du pays, les couples LGBTQ peuvent accéder aux avantages juridiques du mariage.

Les institutions religieuses contrôlent le mariage pour chacune des confessions constitutives d’Israël, et le Grand-Rabbinat juif adhère à la loi juive orthodoxe – ou halakha. Cela signifie qu’un grand nombre de couples ne peuvent pas se marier en Israël, à savoir les couples inter-confessionnels, les couples au sein desquels l’un des deux membres n’est pas reconnu comme juif en vertu de la halakha, un homme et une femme qui ne seraient pas divorcés en vertu de la loi religieuse, un « Cohen » – descendant d’un prêtre juif – avec une femme divorcée et les couples LGBTQ.

Au regard de la loi, ces relations sont toutefois légales pour des questions fiscales, d’héritage, de parentalité et d’adoption, entre autres, si le couple s’est marié à l’étranger ou, dans certains cas, s’il peut attester d’une union de fait de longue date.

La Cour suprême a joué un rôle essentiel dans l’extension des droits du mariage aux couples LGBTQ.

En 2006, elle a statué qu’Israël devait reconnaître les mariages homosexuels célébrés à l’étranger.

En 2021, elle a permis aux couples de même sexe d’avoir des enfants par l’intermédiaire de mères porteuses, et en 2022, un tribunal de rang inférieur a reconnu les mariages célébrés à distance, ce qui inclut les mariages homosexuels, avec un célébrant situé en dehors d’Israël.

D’autres protections, en moindre nombre ces dernières années, ont été adoptées par la Knesset.

Une interdiction des relations homosexuelles – rarement appliquée – a été levée en 1988 et l’armée a commencé à autoriser la présence de militaires ouvertement homosexuels en 1993, l’année où l’armée américaine adoptait une loi autorisant la présence de militaires homosexuels sous réserve qu’ils ne fassent pas étalage de leur orientation sexuelle.

En 1992, la Knesset a adopté une loi interdisant la discrimination en matière d’emploi fondée sur l’orientation sexuelle, à quelques exceptions religieuses.

En 1997, la Knesset a étendu à la communauté LGBTQ la protection contre la diffamation, comme pour d’autres communautés. Et en 2000, elle a adopté la loi sur l’interdiction de la discrimination dans les produits, services et l’entrée dans les lieux de divertissement et les lieux publics, qui proscrit le refus de services à quiconque sur des considérations telles que l’orientation sexuelle.

En dépit de lois protectrices, les Israéliens LGBTQ ont longtemps fait face à l’animosité des haredim, ou ultra-orthodoxes, dont les rabbins s’insurgent contre l’homosexualité. Les politiciens au pouvoir aujourd’hui ont promis de diriger le pays conformément aux visions orthodoxes de la loi juive.

La moindre des Gay Pride de Jérusalem attire des extrémistes haredim, parfois très violents. Shira Banki avait ainsi été assassinée en 2015 par un homme qui venait de sortir de prison. L’homme avait été libéré quelques semaines plus tôt après avoir purgé 10 ans de prison pour une attaque similaire lors d’une précédente marche des fiertés à Jérusalem en 2005. Il avait alors blessé trois personnes.

Quels changements les membres du gouvernement actuel veulent-ils apporter ?

Les politiciens des partis religieux membres du nouveau gouvernement ont proposé de multiples changements aux lois et règlements, susceptibles d’affecter le statut des LGBTQ.

Le parti HaTzionout HaDatit est dirigé par Bezalel Smotrich, qui s’était auto-proclamé « fier homophobe », et qui rêve d’un Israël théocratique.

Deux membres au moins de son parti, dont Orit Strouk, sont favorables à un projet de loi autorisant aux fournisseurs de services, médecins y compris, de des prestations aux personnes issues de la communauté LGBTQ.

Un autre parti, Noam, dirigé par Avi Maoz, entend supprimer la Gay Pride et préconise le rétablissement des thérapies de conversion, pratiques dangereuses qui augmentent le risque de suicide chez les personnes LGBTQ qui y sont soumises.

En tant que ministre adjoint au sein du cabinet du Premier ministre, Maoz s’est vu confier une nouvelle agence gouvernementale chargée de « l’identité nationale juive » et a également reçu autorité, au sein du ministère de l’Education, sur les programmes extra-scolaires.

Même le ministre des Affaires de la Diaspora, Amichai Chikli, a exprimé un sentiment anti-LGBTQ. Il est favorable à la reconnaissance des relations homosexuelles, mais très critique envers la « Gay Pride », qu’il trouve « vulgaire », et est favorable à une expression sexuelle « maîtrisée ». Il a également déclaré que le drapeau LGBTQ, aux couleurs de l’arc-en-ciel, était un symbole anti-sioniste.

Pour l’instant, toutes ces propositions – et idées – ne sont que des projets ou de simples discours.

Mais l’accord entre le parti de Netanyahu, le Likud, et Yahadout HaTorah, parti ultra-orthodoxe, précise que la loi de 2000 sur l’interdiction de la discrimination sera modifiée « de manière à prévenir tout préjudice à une entreprise privée qui refuserait des services ou produits sur la base des croyances religieuses, tant que le produit ou le service n’est pas unique et qu’un produit ou service similaire est disponible à proximité, pour un prix similaire ».

Opposants et promoteurs du changement font écho aux récentes décisions de la Cour suprême américaine qui ont permis aux officiants de mariages chrétiens évangéliques de refuser leurs services aux couples de même sexe.

« C’est un permis de discriminer », a affirmé Peer.

« L’amendement à la loi sur la discrimination stipulera en fait que toute personne en Israël peut être discriminée sur la base d’une ‘croyance’. C’est une situation épouvantable », a-t-elle ajouté.

Netanyahu est-il d’accord avec ces propositions anti-LGBTQ ?

Pas directement. Netanyahu n’a jamais placé le sentiment anti-LGBTQ au cœur de son programme politique, et il a même ouvertement critiqué les propos anti-LGBTQ de ses partenaires de coalition ce mois-ci.

Il a qualifié d’ « inacceptable » l’idée de laisser les médecins refuser des soins aux patients issues de la communauté LGBTQ et a même nommé un proche allié homosexuel, Amir Ohana, président de la Knesset. (Certains députés haredim ont d’ailleurs refusé de reconnaître Ohana, et un rabbin très connu, affilié au parti de coalition le Shas, a déclaré qu’Ohana était « contaminé par une maladie »).

Netanyahu s’est également opposé à l’appel de Maoz à annuler la Gay Pride de Jérusalem.

Il a évoqué les droits LGBTQ en rappelant, comme il le fait fréquemment, qu’il contrôle son gouvernement, en dépit de postes de tout premier plan attribués à ses membres d’extrême-droite.

« Ce pays ne sera pas régi par la loi talmudique », avait-il déclaré à la journaliste d’opinion américaine, Bari Weiss.

« Nous n’allons pas interdire les forums LGBT. Comme vous le savez, mon point de vue à ce sujet est très différent, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous allons demeurer un pays fondé sur la loi. Je gouvernerai selon les principes auxquels je crois. »

Mais les concessions de Netanyahu aux partis d’extrême-droite – faites pour faciliter son retour au pouvoir – font craindre à ses détracteurs qu’il ne tienne pas parole sur les droits LGBTQ.

En ce qui concerne le projet de loi sur les discriminations, l’accord de coalition, bien que non-contraignant, indique qu’il serait prêt à faire des compromis.

Peer accorde plus de crédit à l’engagement pris par Netanyahu envers HaTzionout HaDatit et Noam qu’aux dénégations qui ont suivi.

« Pourquoi donner les clés à quelqu’un si vous ne le laissez pas conduire ? », a-t-elle ajouté.

En outre, même si Netanyahu parvient à empêcher que les projets de lois anti-LGBTQ soient adoptés, il est favorable au projet de réforme judiciaire qui aura pour effet de fragiliser les protections obtenues par la voie des tribunaux ».

T.O.I COPYRIGHTS.

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