Un excellent article (Partie 2) de Jérémie Elfassy publié par i24News sur « les israéliens en France ».

PARTIE 2. Les splendeurs de Paris ne peuvent cacher, cependant, une atmosphère parfois hostile envers les Israéliens, qui varie en fonction des événements qui agitent le Proche-Orient. Nitza venait à peine d’arriver en France pour un stage dans une entreprise quand Paris a été meurtri par les attentats de 2015. « A cette époque, il y avait beaucoup de manifestations pro-palestiniennes et c’était effrayant », raconte la jeune femme. « Je me suis tout de suite retrouvée à débattre avec des gens que je ne connaissais pas et qui n’avaient jamais mis un pied en Israël. Mais ceux qui étaient les plus virulents n’étaient pas nécessairement des personnes d’origines maghrébines, mais des Français, souvent d’extrême-gauche », témoigne Nitza.

La jeune femme explique d’ailleurs avoir été surprise par une certaine idée du vivre-ensemble qui n’est pas forcément la même qu’en Israël. « Ici j’ai des amis d’origine arabe et je les adore. Je ne suis pas habituée à ça, car j’ai grandi en ayant peur d’eux. Ce sont des gens avec un niveau d’éducation élevé et avec qui, très bizarrement, je retrouve un peu d’Israël ».

La transition n’est pas simple, en effet, pour les nouveaux venus originaires du fin fond de la Méditerranée, souvent perturbés par une mentalité locale pas toujours des plus accueillantes. “Les gens ici peuvent être durs, agressifs, voire très narcissiques. C’est vraiment différent des relations entre les gens en Israël. Si on devait comparer, je dirais qu’en Israël, on développe plus facilement des liens authentiques et profonds. Il y a une générosité et une chaleur qu’on ne retrouve pas ici”, analyse Ntiza.

D’autres ont toutefois su parfaitement intégrer les normes françaises et s’accommoder des lacunes de la vie parisienne, à l’image de Ron, la quarantaine, père de famille, et installé à Paris depuis une quinzaine d’années. Dans un français impeccable, il explique pourtant être toujours déconcerté par les turpitudes qui ébranlent régulièrement la capitale. S’il n’a pas vu de ses yeux les récentes manifestations en Israël contre la réforme judiciaire du gouvernement, il n’a pas été en reste avec le mouvement de contestation de la réforme des retraites en France. “Je savais que les Français aimaient faire la révolution, mais là c’était hallucinant. Les poubelles qui brûlent, les violences dans les manifestations, ce combat à mort pour ne pas travailler plus… C’est à la fois effrayant, étrange et admirable”, constate ce fleuriste.

Contrairement à beaucoup d’autres, Ron n’a aucun complexe à dire d’où il vient. “Certains de mes amis disent réfléchir à deux fois avant de parler hébreu dans des lieux publics, car on ne sait pas sur qui on peut tomber. Il est arrivé que des gens me tournent le dos mais c’est leur problème. Moi je suis très fier d’être israélien”, clame-t-il.

D’ailleurs, pris de nostalgie, Ron a envisagé, un temps, un retour au pays, malgré les qualités qu’il reconnaît à sa ville d’adoption. Mais le coût de la vie en Israël l’en a dissuadé. “Aujourd’hui, même si je veux revenir à Tel Aviv, où j’ai grandi, je n’en ai pas les moyens. Les prix y sont tellement délirants que je ne vois pas comment je pourrais y refaire ma vie”, regrette-t-il, reconnaissant toutefois que la vie à Paris n’est pas non plus à la portée de toutes les bourses. Il a donc décidé de poursuivre son bout de chemin à Paris, en attendant qu’un jour, une opportunité de rentrer se présente. Dégustant son croissant au comptoir d’un café surplombant la Seine, Ron concède alors en riant : “Bon, je ne rentrerai pas en Israël demain. Mais j’avoue, la vie pourrait être pire !”

Jérémie Elfassy

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