Israël est un pays développé qui dispose d’indicateurs macro-économiques solides. Après dix années d’améliorations, certains indicateurs se sont détériorés entre 2020 et 2022 en raison de la crise sanitaire et des conséquences de la guerre russo-ukrainienne sur les dettes (dette publique essentiellement) mais sans affecter la solidité globale de l’économie qui se redresse.

Effectivement, le pays est très réactif face à ces crises externes. À la crise Covid-19, la réponse a été une politique sanitaire stricte et un soutien économique ambitieux et massif. Le rebond de croissance du PIB en 2021 de 8,6% a effacé en trois mois la récession de 2020. En 2022, la croissance reste forte à 6,1% mais elle devrait décélérer à 2,7% en 2023 compte tenu d’un effet de base et de l’environnement économique et géopolitique global moins favorable.

Cette croissance est toutefois équilibrée avec des excédents courants réguliers qui devraient progresser à 4,2% du PIB en 2023. Cette tendance récurrente depuis quinze ans est aussi bien ancrée à moyen terme car ces excédents courants sont soutenus par la montée en charge de l’exploitation gazière, les exportations de services informatiques et les transferts de la diaspora.

En ce qui concerne la politique monétaire, celle-ci est articulée pour éviter la surévaluation du shekel. Ce risque est désormais bien contenu depuis la création d’un fonds souverain en 2022 qui retire les recettes gazières des réserves en devises. Ces dernières baissent à 193 Mds USD fin 2022, l’équivalent de vingt et un mois d’importations, un coussin de sécurité très confortable. Ce changement majeur de la politique monétaire devrait prévenir une hausse future de la monnaie et d’éventuelles pertes de compétitivité à l’exportation.

Pour ce qui est de la hausse des prix, l’inflation a augmenté à 4,5% en 2022, entraînant une hausse des taux à 4,25% début 2023. Pour cette année, l’inflation devrait un peu s’apaiser à 3,6%, une performance assez honorable compte tenu du contexte mondial global.

L’État, après s’être désendetté pendant dix ans, a assumé un soutien économique massif contre la crise sanitaire, ce qui a fait déraper la dette publique à 71% du PIB à fin 2020. La réactivité de la politique budgétaire et le fort rebond de croissance de 2021 et 2022 ont permis à celle-ci de rebaisser à 63% du PIB en 2022, un ratio très favorable pour un pays dit « développé ».

En ce qui concerne la dette externe, les excédents courants élevés et stables lui ont permis de rester très contenue à 28% du PIB. Étant inférieure aux réserves en devises, le pays est donc un important créditeur net sur les marchés internationaux de capitaux.

De son côté, la situation sociale s’est également améliorée en 2022. La croissance spectaculaire de l’emploi a, jusqu’en 2019, abouti à une situation de quasi-plein-emploi (avec seulement 4% de chômage). Temporairement suspendu lors de la crise sanitaire avec un pic de 13% de chômage en 2020, le chômage est retombé à son niveau de 4% fin 2021, un niveau bas qui reste inchangé en 2022. Mais si le chômage est redevenu faible, il subsiste encore trop d’inégalités sociales qui pèsent sur le sentiment général.

Notre opinion – L’instabilité politique interne est assez récurrente en raison d’un mode de scrutin proportionnel et de l’éclatement des partis. La nouvelle coalition gouvernementale de Netanyahou met en œuvre une politique très nationaliste qui devient plus clivante et tendue. À ce stade, elle n’influence que modérément les grandes orientations économiques et les équilibres du pays. Les risques d’affaiblissement de l’État de droit en cas de réforme de la justice et/ou d’affaiblissement de la Cour suprême sont toutefois des points d’attention particuliers qui vont occuper les observateurs au cours des prochaines semaines.

Article publié le 24 février 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

Israël – Une économie en bonne santé en dépit du politique

La situation sociale s’est améliorée en 2022. La croissance spectaculaire de l’emploi a, jusqu’en 2019, abouti à une situation de quasi-plein-emploi (avec seulement 4% de chômage). Temporairement suspendu lors de la crise sanitaire avec un pic de 13% de chômage en 2020, le chômage est retombé à son niveau de 4% fin 2021, un niveau bas qui reste inchangé en 2022. Mais si le chômage est redevenu faible, il subsiste encore trop d’inégalités sociales qui pèsent sur le sentiment général.

 

Olivier LE CABELLEC, Economiste https://etudes-economiques.credit-agricole.com

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