Un article de Sarah Cahen. A l’occasion de la session plénière d’ouverture des Assises de la Sécurité, le directeur de l’ANSSI, n’avait pas caché ses intentions. Il a en effet pour objectif de transposer le modèle israélien d’innovation en cyberdéfense en France. Israël a misé sur la cybersécurité depuis plusieurs années et a rencontré un réel succès. La France veut aujourd’hui prendre exemple sur l’écosystème israélien.
Le Cyber Spark, une véritable vitrine pour Israël.
Israël est le deuxième acteur mondial dans le secteur de la cybersécurité derrière les États-Unis. Il est l’un des pays les plus attaqués au monde et doit donc être en mesure de se défendre, d’attaquer et de contre-attaquer.
C’est dans la ville de Beer Sheva dans le district Sud d’Israël qu’a été inauguré le Cyber Spark en 2014. L’écosystème concentre les acteurs clés du pays (public, privé, militaire, académique) constituant ainsi une véritable vitrine pour Israël. Le pays a en effet pris conscience que réunir des acteurs de natures différentes sur un même lieu serait indispensable pour arriver à une efficacité assurée dans le domaine de la cybersécurité.
Pays en guerre perpétuelle, l’avance technologique est une réelle question de survie pour Israël : l’armée est au cœur de son écosystème.La nouvelle base de télécommunications de Tsahal (l’armée israélienne) a d’ailleurs été relocalisé à Beer sheva. Dorénavant, Beer Sheva regroupe à la fois le bureau national de l’autorité de la cyber sécurité, l’Université de Ben Gurion dédiée à la question cyber, le centre de cybersécurité de l’armée, et le centre d’affaires CyberSpark. De nombreuses sociétés israéliennes se sont installées sur ce campus. On compte également de nombreux poids lourds étrangers tels que Lockheed Martin, Deutsche Telekom, Oracle, Paypal ou encore IBM.
La force de l’écosystème est l’interaction physique et cette dynamique existante entre les divers acteurs (responsables de sécurité, universitaires, industriels, militaires) qu’ils soient israéliens ou étrangers : Ils échangent et créent ensemble. Beer Sheva a réussi à attirer des entreprises et travailleurs avec la création du Cyberspark, alors qu’ils préfèrent d’ordinaire le climat balnéaire de Tel Aviv.
En France, le Cyber Campus, futur lieu d’attractivité parisien ?
Le choix de la localisation du campus a fait l’objet de nombreuses hésitations. Rennes a longtemps été évoqué, mais il a finalement été décidé qu’il serait situé dans Paris ou en petite couronne « afin de bénéficier de l’attractivité internationale de Paris et sa région ». Des groupes comme Atos, Thales, Capgemini, Orange, EDF, Schneider Electric et Airbus Cybersecurity ont tous manifesté leur intérêt pour le Cyber Campus. Le lieu permet d’accueillir entre 700 et 800 personnes dans un premier temps et monter en capacité par la suite. Il s’agira avant tout de combler certaines pénuries de compétences dans le domaine de la cybersécurité.
Une place particulière sera réservée aux start-ups et PME au sein du campus car elles représentent les forces émergentes d’un écosystème en développement. Plusieurs initiatives similaires émergent en Europe, notamment au Royaume-Uni ou en Allemagne. Pour autant, il n’existe encore en Europe aucun « campus » proprement dédié à la cybersécurité qui soit aussi diversifié dans sa composition, ambitieux et tourné vers l’international que Beer Sheva en Israël ou le Cyber NYC aux Etats-Unis. Ce dernier a été fondé sur une base de 100M$ d’investissements publics-privés pour faire de la ville un leader global en innovation cyber et créer 10000 emplois dans le domaine.
La France peut s’inspirer de l’écosystème israélien qui a su miser sur un secteur prometteur. Cependant, cet écosystème est propre à Israël, on ne peut pas transposer cet écosystème dans un autre pays : la France doit s’approprier ce « modèle ». Il faut également mettre en avant les avantages et qualités de la France (qualité des profils français en matière de cybersécurité, nombre de startups ou PME innovantes dans ce domaine etc.)
Par ailleurs, les collaborations entre Israël et la France pourront ainsi être développées pour profiter aux deux pays. En effet, des grands groupes français comme Gemalto, Orange ou Stmicroelectronics sont déjà présents en Israël depuis plusieurs années et s’intéressent tout particulièrement au marché de la cybersécurité. Dans un secteur comme la cybersécurité, il est important de croiser les expériences et les nationalités afin de répondre aux appels d’offres internationaux. Les start-ups françaises sont encore trop en retrait sur le marché israélien alors que celles américaines et asiatiques y voient un véritable terrain de jeu en matière de collaborations.
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