En Israël, les émigrés russes sont plus nombreux que les réfugiés ukrainiens.

Plus de 24 000 arrivants de Russie sont recensés depuis le début de la guerre. « Des chiffres que personne n’avait vu venir », précise Ygal Palmor, le porte-parole de l’Agence Juive en Israël. Des arrivants avec des profils très différents de l’exode économique des années 1990, lorsque près d’un million d’habitants d’ex-URSS sont venus s’installer en Israël.  

Cette fois, il s’agit plutôt d’une émigration « de peur, de panique, de dégoût », affirment les spécialistes. Il y a ceux qui ont quitté la Russie précipitamment, dès le début de la guerre, sur fond de rumeurs de fermeture des frontières. Il y a les opposants à la Russie de Vladimir Poutine ou encore les artistes, les comédiens, chanteurs, cinéastes qui craignaient d’être fichés comme « agent de l’étranger » ou ne voulaient plus s’auto-censurer. Il y a également ceux pour qui le passeport israélien était le seul moyen pour que leurs enfants évitent d’aller combattre en Ukraine, depuis l’annonce de la mobilisation. Enfin il y a ceux qui ont déjà la nationalité israélienne, de la famille sur place, ou des origines juives. Pour les juifs russes, Israël est la destination idéale : contrairement aux pays européens, aucun visa n’est exigé.    

De plus en plus de Russes intensifient leurs recherches des preuves de leurs origines juives. À Moscou, signe de l’exode, cinq nouvelles agences privées ont ouvert ces derniers mois pour faciliter les départs vers Israël. Pour Israël, ce regain de l’alyah russe – le terme hébreu qui désigne « la montée », l’émigration en Israël – est une aubaine, un atout stratégique, encouragé par les autorités pour des raisons démographiques face aux Palestiniens. Le gouvernement a d’ailleurs prévu au début du mois un plan de 90 millions de shekels – soit 25 millions d’euros destinés à l’accueil des immigrants juifs de Russie.  

Certains observateurs extérieurs voient cette émigration avec sarcasme :  « Ils veulent quitter la Russie pour Israël », en référence au conflit israélien-palestinien. Mais comme la plupart des immigrés russes, beaucoup sont « coupés » des réalités du terrain, accaparés par la guerre dans leur pays.

1.alliancefr.com

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