En Israël, les médecins, infirmières et aides-soignants manquent cruellement. « C’est un défi qui complique la gestion du vieillissement de la population, notamment les maladies chroniques, souligne Asher Shalmon, directeur des relations internationales du ministère de la Santé. Nous devons nous appuyer sur la technologie pour adapter le système de santé. ».

Mais dès les années 1990, le pays a pris le tournant de la santé numérique en orchestrant le partage des données médicales de ces 9 millions d’habitants entre tous les acteurs de la santé. Aujourd’hui, l’écosystème israélien de la « healthcare », fort de 1 700 entreprises, est à la pointe et exporte ses produits et ses talents dans le monde entier.

Né il y a trois ans, le méga-centre d’innovations Chaim-Sheba, avec sa décoration intérieure de style manufacturier et son ameublement épuré à la scandinave, évoque davantage une enceinte ultra-moderne de la Silicon Valley qu’une aile d’hôpital. Ici, la communauté médicale du plus gros hôpital du Proche-Orient planche avec les entrepreneurs d’environ 80 start-up sur plus de 3 500 projets de recherche. Equipements digitaux, télémédecine, intelligence artificielle ou un curieux robot de la taille d’une imprimante de bureau déambule dans les couloirs et qui livre de manière autonome les traitements anticancéreux au centre d’oncologie de l’établissement hospitalier de la préparation à la distribution des médicaments. Le robot absorbe la quantité de travail de trois personnes.

A quelques pas de là, la start-up Ultrasight présente son logiciel de guidage des gestes par intelligence artificielle. Un outil qui étend la possibilité de réaliser des échographies cardiaques aux infirmières ou autres soignants, après une formation d’une seule journée. L’équipement, de la taille d’une tablette, se transporte partout. « Les échographistes expérimentés sont ainsi mobilisés sur les besoins cardiovasculaires urgents », explique son cofondateur Itay Kazurer.

Surtout, les professionnels de santé israéliens insistent sur les gains de temps – parfois vitaux – apportés par les technologies numériques. « L’innovation a réduit le temps d’attente pour consulter un médecin et se faire soigner », se félicite Eyal Zimlichman, le directeur du centre. « Chaque minute de retard dans la prise en charge des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux (AVC) diminue les chances de survie, aggrave les séquelles potentielles et gonfle la facture en jours d’invalidité ou soins additionnels », abonde David Golan, fondateur de la société Viz.ai.

Et le numérique améliore aussi la prévention. Les quatre caisses publiques d’assurance-maladie du pays ont bien compris l’intérêt des outils digitaux pour détecter les signaux faibles d’une complication médicale et ainsi retarder, voire empêcher, des hospitalisations. C’est pourquoi Israël est placé parmi les meilleurs élèves de l’OCDE dans la lutte contre la mortalité infantile ou sur le plan de l’espérance de vie.

Au Centre israélien de simulation médicale fondé en 2001, installé au coeur de l’hôpital Sheba, quelque 18 000 professionnels de santé, qu’ils soient urgentistes, anesthésistes, infirmiers ou pharmaciens, suivent une formation chaque année.

Les méthodes sont surprenantes, les outils à la pointe de la high-tech. Dans une salle, les recrues s’entraînent à des gestes cliniques complexes sur des mannequins de bébés connectés à des machines. Un peu plus loin, ce sont des opérations à hauts risques qui sont répétées sur des simulateurs chirurgicaux utilisant la réalité virtuelle. « Chaque erreur permet de tirer les leçons pour progresser », martèle Amitai Ziv.

Source : Challenges (résumé)

 

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