Le bureau national des statistiques israélien va commencer à publier des données sur les différences socio-économiques entre les Juifs d’origine ashkénaze ou européenne, et ceux d’origine « mizrahi » ou d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, a rapporté le site d’information JTA.
Cette décision, qui intervient après des décennies de rétention des données sur le sujet, devrait permettre d’en apprendre davantage sur les écarts de richesse, d’éducation et d’autres facteurs entre ces deux groupes.
Historiquement, et dans une large mesure encore, les juifs ashkénazes ont peuplé les classes supérieures d’Israël, tandis que les juifs mizrahi ont été globalement plus pauvres, les politiques discriminatoires des premières années d’Israël étant responsables de cette inégalité. Ce schéma se reflète dans le paysage électoral israélien et façonne la politique du pays.
C’est la parution d’un article universitaire de la sociologue Sigal Nagar-Ron, l’année dernière, qui avait mis le feu aux poudres, en décrivant la manière dont le Bureau central des statistiques a abandonné ses recherches à partir des années 1980, estimant que les différences entre les Juifs de diverses origines disparaîtraient avec le temps dans le melting-pot israélien.
La sociologue a fait valoir que les décisions du bureau ont conduit à une « cécité statistique » concernant les inégalités actuelles. On en sait beaucoup plus, par exemple, sur les écarts entre les Arabes et les Juifs parce que le bureau publie de nombreuses statistiques comparant les personnes en fonction de ces catégories.
Jusqu’à présent, les chercheurs ont pu estimer le niveau d’inégalité entre les Juifs d’Israël par le biais d’indicateurs tels que l’éducation. Ils ont notamment constaté que les Juifs ashkénazes sont largement surreprésentés dans les universités et parmi les diplômés.
Selon le JTA, des recherches récentes estiment qu’en 2018, seuls environ 15 % des Juifs israéliens âgés de 25 à 43 ans sont d’origine mixte. La proportion d’Israéliens d’origine mixte semble augmenter, mais il pourrait falloir des décennies pour qu’ils deviennent majoritaires.
Dans les prochains mois, une équipe de démographes et d’autres experts du bureau élaborera un plan pour calculer et publier des données sur l’ethnicité, a indiqué le Bureau.
« Alors que le droit israélien impose que les politiques de discrimination positive garantissent la représentation des femmes, des Arabes israéliens, des Juifs éthiopiens et d’autres groupes minoritaires, les Juifs mizrahi ne sont pas considérés comme un groupe pertinent pour la discrimination positive », a confié au JTA Lihi Yona, une universitaire de l’Université de Haïfa.
SOURCES ET COPYRIGHTS. I24NEWS.