Dès le début de la guerre, des milliers d’Israéliens ont manifesté en faveur de l’Ukraine. Mais si la population a choisi son camp, le Premier ministre de l’époque Naftali Bennett s’est montré beaucoup plus prudent. Tout comme les personnalités politiques israéliennes, qui sont restés silencieuses au sujet de la Russie et de son président Vladimir Poutine.

Selon Emmanuel Navon, professeur de relations internationales à l’université de Tel-Aviv et auteur de L’étoile et le sceptre : Histoire diplomatique d’Israël (éditions Hermann), Israël se retrouve dans une situation complexe depuis le début de la guerre.

« Israël est allié des États-Unis, mais Israël a des intérêts vis-à-vis de la Russie, en particulier tout ce qui concerne les frappes aériennes israéliennes en Syrie contre l’Iran, qui dépendent évidemment beaucoup du bon vouloir des russes qui contrôlent l’espace aérien syrien. » Cela explique, selon Emmanuel Navon, pourquoi Israël a condamné « très clairement » la Russie et envoyé de l’aide humanitaire en Ukraine, tout en évitant d’attaquer frontalement le président russe Vladimir Poutine. Israël n’a pas livré les armes perfectionnées que lui demandait Kiev. Le 5 mars 2022, Nafali Bennett s’est même rendu à Moscou dans l’espoir de se poser en médiateur dans ce conflit. Son rêve diplomatique d’un sommet russo-ukrainien pour la paix à Jérusalem n’a pas vu le jour.

Nouvelle alliance énergétique avec l’Union européenne

Le 15 juin dernier, Israël est devenu un acteur énergétique important lors de la signature d’un accord gazier avec l’Égypte et l’Union européenne. « Les sources énergétiques d’Israël sont énormes », affirme Emmanuel Navon. Même si « Israël n’a pas la capacité de remplacer la Russie », il estime que « la politique européenne de diversification de ses importations de gaz naturel et de réduction au maximum de sa dépendance vis-à-vis de la Russie la poussent en Israël, dans le proche orient, et à signer un accord pour un projet d’exportation de gaz naturel d’Israël vers l’Union européenne par liquéfaction, et là on utilise effectivement les stations de liquéfaction de gaz de l’Égypte ».

La Russie a marqué sa distance avec Israël : en mai dernier, Vladimir Poutine a adressé son soutien au peuple palestinien pendant les violences sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Et une délégation du Hamas, mouvement classé terroriste par Israël, a été reçu à Moscou. En Israël, près de 20% des 9 millions d’habitants sont originaires d’ex-URSS, majoritairement d’Ukraine et de Russie. Un électorat non-négligeable dans un pays en campagne électorale et où les majorités sont toujours très étriquées.

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JEAN MARC FOUR.

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