Emmanuel Macron accueillera le nouveau premier ministre (PM) israélien, Yaïr Lapid, ce mardi 5 juillet à Paris. Ce passage, de quelques heures seulement, promet d’être une répétition générale pour son réel baptême du feu : la visite en Israël dans huit jours du président américain Joe Biden. Lapid s’envolera dans la matinée pour rencontrer Emmanuel Macron en milieu d’après-midi à l’Elysée, avant de regagner Israël à 20 heures.
L’Iran sera au menu des échanges Macron-Lapid, l’Etat hébreu tentant de convaincre les puissances occidentales de ne pas renouveler l’accord encadrant le programme nucléaire iranien (JCPOA) en échanges de la levée de sanctions.
LA CROIX. Pour son premier déplacement à l’étranger depuis son accession au poste de Premier ministre d’Israël, Yaïr Lapid se rend mardi à Paris pour demander au président Emmanuel Macron « d’intervenir » afin de sauver les pourparlers gaziers entre le Liban et l’Etat hébreu.
M. Lapid a été nommé vendredi Premier ministre israélien dans le cadre d’un accord de partage de pouvoir avec Naftali Bennett prévoyant notamment une rotation au titre de Premier ministre en cas de dissolution de la Knesset, le Parlement.
Ces dernières semaines, leur coalition avait perdu sa majorité, catalysant la dissolution du Parlement, la convocation d’élections en novembre, et donc l’accession aux plus hautes marches du pouvoir de Yaïr Lapid.
Ce dernier doit assurer l’intérim jusqu’à la formation du prochain gouvernement.
Dès le lendemain de son arrivée au pouvoir, Israël a été confronté à trois drones du mouvement chiite libanais Hezbollah, allié de l’Iran, ennemi juré de l’Etat hébreu.
Les drones avaient été abattus alors qu’ils se dirigeaient vers le champ gazier de Karish, dans la zone maritime « israélienne », en Méditerranée orientale.
« Le Hezbollah poursuit sur la voie du terrorisme et sape la capacité du Liban à parvenir à un accord sur la frontière maritime », a commenté ce week-end M. Lapid, qui a maintenu la visite en France initialement prévue pour son prédécesseur Naftali Bennett.
– Paris avant Biden –
Cette visite intervient avant celle, la semaine prochaine en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite du président américain Joe Biden, dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son arrivée à la Maison-Blanche.
Le Liban et Israël, deux pays voisins officiellement toujours en état de guerre, avaient entamé en octobre 2020 des négociations inédites sous l’égide de Washington pour délimiter leur frontière maritime, afin de lever les obstacles à la prospection d’hydrocarbures.
Mais les pourparlers avaient été suspendus en mai 2021 en raison de différends concernant la surface de la zone contestée, concernant notamment le champ gazier de Karish.
« Nous connaissons l’importance de la position de la France sur les questions liées au Liban et nous allons demander à la France d’intervenir pour maintenir les négociations que nous voulons mener jusqu’au bout sur les questions gazières », a déclaré un haut responsable israélien à un petit groupe de reporters, dont l’AFP, voyageant mardi avec M. Lapid.
Israël a signé mi-juin un accord pour livrer du gaz naturel à l’Egypte, qui prévoit le liquéfier pour l’expédier en Europe.
Le Vieux continent cherche en effet à diversifier ses approvisionnements énergétiques après la décision de la Russie de couper ses livraisons de gaz à des pays européens.
Et dans ce contexte, l’Etat hébreu dit vouloir s’assurer d’une paix gazière en Méditerranée orientale, où la découverte et l’exploitation de gisements gaziers au cours de la dernière décennie a attisé les contentieux frontaliers.
« La question du Liban est essentielle et M. Lapid reviendra sur la position israélienne selon laquelle le Hezbollah est avant tout une menace pour l’avenir du Liban », a ajouté ce haut responsable israélien requérant l’anonymat.
Outre le Hezbollah, l’Iran devrait être au menu des échanges Macron-Lapid, l’Etat hébreu tentant de convaincre les puissances occidentales de ne pas renouveler l’accord encadrant le programme nucléaire iranien (JCPOA) en échanges de la levée de sanctions.
Les responsables israéliens craignent de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire, ce que Téhéran nie.
Ils redoutent aussi que la levée de sanctions ne permettent à la République islamique de regarnir ses coffres pour accroître son aide à ses alliés aux frontières d’Israël comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien.
Comme Premier ministre, Naftali Bennett avait prôné la « doctrine de la pieuvre » face à l’Iran, disant vouloir miner directement Téhéran plutôt qu’uniquement ses « tentacules » dans la région.
En lui succédant, M. Lapid s’est engagé à « tout faire en son pouvoir » pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire ou de « s’enraciner aux frontières » d’Israël.