Une partie du village se veut une reproduction parfaite de la planète Tatooine, issue de l’univers de Star Wars. Le ciel étoilé la nuit, sans aucun nuage de pollution, nous fait presque rêver aux vaisseaux spatiaux. Les maisons sont construites en boue, pour garder la fraicheur intérieure en été, et isoler du froid en hiver.
Cabane en lierre, architecture durable et à moindre frais, adaptée au climat aride
Ici, on cuisine avec des fours solaires : une boite de carton un peu sophistiquée peinte en noir pour stocker la chaleur et du papier d’aluminium pour mirer la lumière, quelques heures sous le soleil brûlant et votre plat est prêt ! Ainsi, aucune consommation d’électricité n’est requise. Il s’agit d’un véritable voyage dans le temps. L’abri anti-roquettes que l’on reconnaît dans le bâtiment carré sur la photo au second plan à droite nous rappelle cependant qu’une guerre des étoiles est toujours possible…
Au kibboutz Lotan, à 50 km d’Eilat, au sud du pays, le réveil se fait avant 6 heures du matin : 10° Celsius, gants de travail et polaires, la journée peut commencer. Il fera bientôt trop chaud pour les travaux de la terre les plus physiques.
Rien de tel que fructifier la terre en plein désert pour se rappeler qu’un kibboutz est un village collectiviste qui adhère au mouvement sioniste. Ici, l’idéologie est encore au rendez-vous. 200 personnes habitent à l’année dans la communauté. Chaque jour, de nouveaux groupes arrivent pour passer une journée, une semaine, un mois voire un an. Le mode de vie est unique : on partage ses repas et l’on tutoie systématiquement son voisin. Les activités ne manquent pas pour partager avec le reste du monde les techniques d’une vie écologiquement durable.
Panneaux explicatifs sur la permaculture : pourquoi préférer les tomates écologiques aux tomates industrielles ? Réduction des coûts de transport et de l’empreinte carbone, meilleur pour la santé, possibilité d’en faire du compost, aucun gâchis !
Le kibboutz a été fondé en 1983, dans la vallée d’Arava, au cœur du désert du Néguev. Les montagnes de sable que l’on voit à l’horizon se trouvent en Jordanie. Le village sert de frontière. Si le traité de paix entre les deux pays a été signé en 1997, le paysage fait l’unanimité quant à sa beauté. Chaque jour, la lumière du soleil révèle des couleurs qui diffèrent de celles de la veille : jaune, rouge, orange, ocre, pourpre ?
Le revenu du kibboutz se composait essentiellement à ses débuts de la vente des dates medjoul. Le paysage est parsemé de palmiers. Lait de vaches et lait de chèvres, observation des oiseaux migrateurs et finalement éco-tourisme : il fallait diversifier les offres. La photo en témoigne. Il ne s’agit pas ici du lieu d’habitation des habitants, mais de l’éco-campus. Seuls les volontaires et étudiants vivent ici. Ils étudient la permaculture, l’architecture durable, les secrets liés à l’énergie solaire et aux systèmes du goutte-à-goutte. En effet, le kibboutz produit de nombreux fruits, légumes et fleurs biologiques pour la vente et sa propre consommation. L’irrigation goutte par goutte permet alors de limiter l’évaporation de l’eau dans une région où les températures montent facilement jusqu’à 25° en hiver, 40° en été. Auto-suffisant, cet endroit consomme l’énergie qu’il produit en diversifiant les ressources : énergie solaire, éolienne, biogas, compost et recyclage…
Ingénieurs et agriculteurs vivent ici en communauté pour que leur modèle d’éco-village fonctionne le mieux possible. Le kibboutz Lotan est à la charnière entre vestiges du passé, utopie devenue réalité, et donne un avant-goût de ce que nous réserve peut-être le futur.
Daphné Tapia
© photos : Daphné Tapia (photo de une : aire de jeu pour enfants, constructions réalisées en boue, sable, eau, clay, paille)
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