EDITORIAL DE JACQUES BENILLOUCHE. La politique d’Israël est de développer depuis quelques mois des visas de «commerçants» pour faire venir plus d’ouvriers de Gazaen Israël.Les chambres de commerce sont assaillies par des hommes brandissant leur formulaire de demande car le chômage a atteint 50% à Gaza.
Dès le mois de septembre dernier, sur instigation de Benny Gantz et d’Avigdor Lieberman, les autorités israéliennes avaient annoncé la délivrance de 7.000 permis de travail aux Gazaouis. Devant l’afflux de demandes vite satisfaites, ce nombre a été porté à 10.000. En mars 2022, le quota a été porté à 20.000.
Cela tombait bien car le pays manque de main d’œuvre et de nombreux chantiers sont stoppés faute d’ouvriers. Il est connu que les ouvriers de Gaza sont très recherchés par les promoteurs israéliens qui reconnaissent en eux leur technicité et leur efficacité. Par ailleurs, entrant en Israël à 5 heures du matin et repartant chez eux vers 16 heures, ils ne polluent pas certains quartiers des grandes villes devenus des zones de non-droit par la présence de drogues, de promiscuité et de prostitution.
Mais cette augmentation des quotas n’est pas du bon goût du Hamas parce qu’elle met en évidence l’échec de sa politique économique. Au lieu de développer la petite industrie, de construire de beaux hôtels à touristes au bord de la Méditerranée, à des prix défiants toute concurrence, une sorte de Sharm el Sheikh palestinien, ils ont gaspillé leurs moyens en roquettes et missiles partis en fumée. Alors qu’Israël cherche à renforcer le calme, le Hamas tente en vain de décourager les postulants en interprétant à sa façon l’augmentation du quota d’ouvriers qui, selon les islamistes, a pour but de venir au secours d’une population brimée par des dirigeants incompétents. En augmentant le nombre de Gazaouis qui traversent tous les jours la frontière, cela permet de réduire la pression économique sur Gaza afin de consolider une paix difficile avec le Hamas.
Il existe toujours des esprits tordus pour voir dans cette sollicitude israélienne des raisons inavouées car pour certains, Israël veut profiter de cet afflux d’ouvriers pour y puiser quelques éléments fragiles capables de devenir des informateurs. Comme s’il n’y avait pas de satellites d’observation ni de drones capables de filmer jusqu’au plus petit habitant. Certes, les nouvelles recrues du Mossad pourraient fournir des renseignements précis sur le terrain, sur les cibles et sur le déplacement des dirigeants du Hamas. Mais il est mal aisé de jeter le discrédit sur les ouvriers pour finir par les classer parmi des citoyens douteux, voire traitres ; mais cela ne marche car les Chambres de commerce sont prises d’assaut tous les jours.
En fait cette expatriation quotidienne est vue par le Hamas comme un échec de sa gestion économique. Alors il faut discréditer ceux qui mettent le doigt sur la plaie pour que les ouvriers soient perçus comme des espions en puissance alors que leur objectif premier est d’apporter du pain à la maison. La Hamas ne peut rien contre les demandeurs d’emploi qui souvent dorment la nuit devant les chambres de commerce pour avoir une chance d’être sélectionnés. Leur mise en cause masque l’incapacité du Hamas à leur fournir un travail décent.
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