Ce matin l’annonce de la mort de Esther Pollard fait la Une des médias.
SELON LPH. Esther Pollard, épouse de Jonathan Pollard, est décédée des suites d’un cancer qui s’est compliqué il y a deux semaines du virus du Corona. Elle avait été hospitalisée dimanche à cause d’un aggravation subite de son état. La découverte de sa maladie il y a trois ans avait été invoquée par les amis de Jonathan Pollard pour demander aux autorités américaines de permettre au couple de réaliser son alya.
Esther Pollard, juive canadienne, était la seconde épouse de Jonathan Pollard. Ils s’étaient mariés en 1993, durant la période de détention de Jonathan, après plusieurs années de correspondance épistolaire.
LE PARISIEN. « Jonathan Pollard, un Américain emprisonné aux Etats-Unis en 1985 pour espionnage pour le compte d’Israël, a atterri à Tel Aviv, où il est considéré comme un héros. À la descente de l’avion, à 3 heures du matin, heure locale, il a été accueilli par le Premier ministre israélien. Benyamin Netanyahou l’a salué d’un « bienvenue chez vous », « désormais vous êtes un citoyen de l’Etat d’Israël », a-t-il dit en lui remettant un document d’identité, tandis que le président d’Israël Reuven Rivlin l’accueillait, lui, d’un tweet identique. « Bienvenue à la maison, Jonathan et Esther Pollard ».
Il avait pour officier traitant le célèbre Rafi Eitan.
Au printemps 1984, ce juif américain, qui travaillait au Pentagone, avait pris contact avec un colonel israélien à New York et commencé à partager des secrets des Etats-Unis avec l’Etat hébreu, en échange de dizaines de milliers de dollars. Au total, il a communiqué des milliers de documents classés secret-défense au Mossad. Selon des documents de la CIA déclassifiés en 2012, il aurait aidé Israël à bombarder en 1985 le quartier général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) alors exilée en Tunisie – une attaque qui avait fait une soixantaine de morts – et à assassiner le numéro deux de l’OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988. Il aurait aussi fourni des documents sur la Russie, qu’Israël avait restitués à Moscou lors d’une transaction.
Il avait pour officier traitant, notamment, le célèbre Rafi Eitan. Le maître espion de la guerre froide, qui a travaillé à la capture d’Adolf Eichmann, est décédé l’an dernier, à 92 ans.
Jonathan Pollard avait été arrêté en 1985 après avoir été refoulé par les gardes de l’ambassade d’Israël à Washington où il avait tenté d’obtenir l’asile politique avec sa première épouse, Anne. Inculpé pour « transfert d’informations classifiées à un pays allié, sans intention de nuire aux États-Unis », il avait plaidé coupable, ternissant les relations entre les Etats-Unis et son allié stratégique.
Preuve, après-coup, de l’attachement d’Israël à sa taupe : il avait reçu la citoyenneté israélienne en 1995, pendant sa détention dans une prison fédérale de Caroline du Nord, et trois ans plus tard le statut officiel d’espion.
Pollard avait été libéré en novembre 2015 sous conditions, notamment l’interdiction de quitter le territoire américain pendant cinq ans supplémentaires. Malgré son passé controversé – avant Israël, il avait tenté de vendre des renseignements à plusieurs autres pays – un réseau de soutien s’est alors mis en place, pour continuer d’appeler à la libération de l’espion. En 2013, lors de sa visite en Israël, le président Barack Obama avait essuyé une manifestation de soutien à Pollard. Malgré les pressions, le ministère américain de la Justice n’a levé les limitations qui lui avaient été imposées que le mois dernier.
En quarantaine dans un lieu tenu secret.
Deux jours après sa sortie de prison, le sexagénaire avait publié un message vidéo pour évoquer son aliyah, « la dernière étape à franchir vers la liberté est notre retour à la maison, sur la terre et avec les gens que nous aimons ». Pollard et sa femme ont voyagé à bord d’un avion appartement à Sheldon Adelson, un milliardaire américain spécialisé dans les casinos, fidèle soutien de Netanyahou et fondateur du journal Israel Hayom, devenu le deuxième le plus lu du pays.
Jonathan et Esther ont été conduits dans un endroit secret pour y passer leur quarantaine, coronavirus et troisième confinement oblige. D’après Nitsana Darshan-Leitner, une avocate israélienne ayant représenté M. Pollard, son épouse et lui vivront ensuite à Jérusalem, a-t-elle indiqué sur la radio de l’armée. « Nous espérons devenir des citoyens productifs aussi rapidement que possible et de poursuivre nos vies ici », a assuré Pollard à Benjamin Netanyahou ».
Eric Sultan (Photo).