Le Festival du Cinéma Israélien à Paris. Un cinéma didactique de paix sociale et politique. 

 Carmela Serfaty Président Commission et Doron Dinai MD et Avocat

Le cinéma israélien moderne n’est plus un simple reflet intéressant de la société israélienne et ses valeurs   C’est ce que montre le Festival du cinéma israélien à Paris 2021 organisé par Hélène Schumann et Sophie Dulac. 

Le film choisi pour l’ouverture du festival est l’avant-première du film My Kid de Nir Bergman, avec Noam Imber, Shai Avivi et Smadar Wolfman, un road movie et un drame psychologique qui décrypte l’autisme de l’enfant Uri et le traitement sans relâche de son père Reuven. Le père a consacré sa vie à son enfant, il l’accompagne et décide de fuir avec lui après une crise que l’enfant, devenu adulte, subit, suite à l’insistance de sa mère, fuyant le binôme qui force l’enfant à tout prix à partir rejoindre un foyer spécialisé. 

Peu de personnes savent qu’en Israël 1 enfant sur 100 est autiste. Israël est devenu un centre mondial du traitement de l’autisme avec des études reconnues comme des plus innovantes. Le Centre Universitaire OCIRP, en collaboration avec le Centre Canadien MCGill et le Centre Tchèque BIOCEV travaillent sur la protéine NAP pour donner genèse à un nouveau médicament.

S’ajoute le premier centre mondial  Mifné qui prône une thérapie familiale en accord avec des centres d’éducation positive et des institutions Montessori qui accompagnent l’enfant  pour prendre des décisions indépendantes à fin de suivre des institutions spécialisées. Uri a fini par comprendre seul avec l’aide de l’accompagnement affectif de son père et à la joie de sa famille qu’il valait mieux se conformer à cette solution, tout en proliférant la joie et la paix à sa famille.

Ces méthodes valorisent la tendance israélienne d’une éducation moderne dans l’indépendance ainsi que l’intégration des autistes dans des centres spécialisés pour les récupérer dans l’armée et dans la société. 

Et il y eut un matin d’Eran Kolirin d’après une nouvelle de Sayed Kashua avec Alex Bachri pour Sami et Juna Suleiman pour Mira, est un autre exemple du traitement innovant des problématiques sociales et politiques.

Après La Visite de la Fanfare Eran Kolirin revient à Cannes dans la section Un Certain Regard avec une Co-Production israélo-française de Dori Media et Les Films du Poisson, dans un film qui parle Arabe. Il dépeint la situation compliquée dans laquelle se trouvent Israël et la Palestine.  Sami, seul journaliste arabe qui travaille et vit à Jerusalem avec sa femme Mira et leur enfant, est découragé par le fait d’être relégué au rang de pigiste et envahi par des marques d’ostracisme alors que de l’autre coté, ses parents rêvent de le voir revenir au village arabe où il a grandi. Il y retourne le soir du mariage de son frère. Sans aucune explication le village est encerclé la nuit par l’armée israélienne.  Le chaos s’installe suite au blocus. Les réseaux d’eau, d’électricité d’internet et de téléphonie sont coupés ainsi que les vivres La population reste sans aucune information sur les événements à venir. Deux camps se confrontent tout en voulant rester solidaires, ceux qui soutiennent le pouvoir et ceux qui n’ont pas la nationalité israélienne et qui sont considérés comme des délinquants. Les esprits s’échauffent jusqu’à une manifestation. Son ami Abed décède par une balle involontaire tirée dans la confusion par un gardien du blocus. 

Sami ne peut plus repartir et voit sa vie vaciller. Il est confronté à la fois à une situation politique et sociale insoutenable et à la fois à une crise de la cellule familiale avec la quelle il n’a plus d’attaches. Les deux sont aggravées par l’enfermement crée par le confinement forcé.

Il redécouvre une société enfermée dans des traditions obsolètes qui ne correspond point à la vie moderne de Jerusalem ou il travaille .Il vit un drame terrible de ne se sentir bien ni dans son village auquel il ne peut plus appartenir ni à la Jerusalem, juive et moderne. Cette situation l’entraîne dans une révolte et une volonté de bousculer la situation 

Autant dans le film My Kid on voit comment ressurgit un idéal sociétal qui amène le pays à intégrer le groupe isolé des autistes pour le récupérer dans l’armée et dans la société en élevant le niveau de la société, autant dans Et Il y eut un matin on s’aperçoit que le pays n’arrive pas à surmonter la situation.

Eran Kolirin fait partie d’un groupe de cinéastes modernes qui souhaitent que le gouvernement et la société fassent plus d’efforts pour intégrer la société arabe en vue d’une paix qui n’est pas uniquement politique mais aussi sociale.

Il aimerait comme d’autres cinéastes tels Nadav Lapid et Yariv Horowitz, que les quartiers soient mélangés et qu’on ait une vie commune en paix.

Ceci me rappelle l’éducation donnée par les fondateurs de l’école Reali à Haifa lors de l’indépendance d’Israël qui souhaitaient promulguer une éducation où on enseignait l’arabe en pensant promouvoir la paix. 

Le cinéma Israélien moderne s’est désengagé du Sionisme primaire mais continue à se sentir une mission didactique et de promotion d’un pays idéal ou règne la paix sociale et politique. 

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