Après douze années de règne de Nétanyahou, l’arrivée d’un nouveau gouvernement hétéroclite laisse les 280 000 Bédouins du sud du pays espérer une amélioration de leur sort. Si le dialogue a été renoué avec l’exécutif israélien, dans la pratique, les avancées tardent à se concrétiser.
Libération (Copyrights) : Samuel Forey, envoyé spécial dans le Néguev.
Khashm al-Zennah est un village bédouin fait de modestes maisons de tôle. On y accède par une mauvaise piste traversée par de profondes ornières. En hiver, il y règne le froid de la plaine ; en été, la chaleur du désert. Personne n’ose entreprendre une construction en dur, de peur qu’elle soit démolie par les autorités. Malgré son histoire préexistant à la création d’Israël, son cimetière datant de l’époque ottomane et ses 2 000 habitants, le hameau n’est toujours pas reconnu par l’Etat.
«On a besoin de cliniques, d’écoles, d’électricité, d’eau courante. On n’a même pas de route goudronnée qui mène à notre village. En face, une colonie israélienne a tout l’équipement nécessaire. On veut simplement être traités à égalité. Que nos droits soient respectés», plaide Mohammed al-Athamin, 32 ans et l’air accablé, propriétaire de l’épicerie du village, à une dizaine de kilomètres de la capitale régionale, Beer Sheva – Bir al-Sabia en arabe.
Situé dans le Néguev, vaste étendue désertique dans le sud du pays, Khashm al-Zennah fait partie des 35 localités bédouines qui attendent une hypothétique reconnaissance.
Ces dernières années, onze d’entre elles ont été dotées d’une existence légale. Mais la majorité des 280 000 Bédouins de la région vivent encore dans les limbes administratifs. Ils sont les descendants des quelque 10 000 qui n’ont pas fui les combats de la guerre israélo-arabe de 1948″.