Ce mardi, Mirakl, société qui propose aux entreprises une solution logicielle pour développer leur propre place de marché a bouclé un tour de table d’un peu plus de 470 millions d’euros et Sorare, une jeune pousse qui a développé un concept de vignettes Panini 2.0 consacré à l’univers du football, a annoncé de son côté une levée de fonds de 585 millions d’euros. Un record pour une start-up française.

En moins de douze heures, la French Tech a donc réussi à attirer plus de 1 milliard d’euros d’investissements privés. Du jamais-vu. Fondée en 2012, Mirakl est désormais valorisée à près de 3 milliards d’euros, contre 3,6 milliards d’euros pour Sorare, qui ne compte que trois années d’existence. Et ce n’est pas tout. Le site Vestiaire Collective a annoncé, mercredi 22 septembre, avoir levé 178 millions d’euros et Sunday, la solution de paiement express au restaurant, lancée il y a seulement cinq mois, notamment par le groupe Big Mamma, devait officialiser un apport de fonds privés de 100 millions de dollars (85 millions d’euros) le même jour.

C’est peu dire que la French Tech est en pleine accélération. Au premier semestre, les start-up françaises ont déjà récolté 5,1 milliards d’euros, soit presque autant que sur 2020. Dès l’été, les observateurs s’accordaient pour dire que la barre symbolique des 10 milliards pourrait être atteinte à la fin de l’année. Les annonces de Sorare et de Mirakl l’ont brutalement rapprochée de la ligne d’arrivée. « Les choses se passent un peu plus vite qu’on ne l’avait anticipé, il y a un effet boule de neige », se réjouit Paul-François Fournier, directeur exécutif de Bpifrance.

Au point de faire craindre un phénomène de surchauffe, voire de bulle ? Dans le milieu, on préfère y voir une démonstration de l’arrivée à maturité d’un écosystème que les pouvoirs publics se sont efforcés de construire depuis 2013. Pour Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, « les levées de Sorare et de Mirakl prouvent la nouvelle dimension économique de la French Tech . « Les actifs sont plus chers qu’il y a deux ou trois ans, mais de meilleure qualité en termes de croissance, de chiffre d’affaires », estime aussi Benoist Grossmann, à la tête du fonds Eurazeo Investment Manager.

Finalement, l’enjeu pour la French Tech est désormais de démontrer qu’elle est capable de fournir aux investisseurs qui ont cru en elle une porte de sortie à la hauteur de leurs ambitions. Pour cela, il faudra construire une place boursière digne de ce nom pour les valeurs tech. Une vingtaine de sociétés seraient déjà sur les rangs pour entrer à Euronext dans les vingt-quatre mois, soit autant que dans les dix dernières années. Cédric O en fait d’ailleurs un objectif : s’assurer qu’au moins un membre de la French Tech fasse son entrée dans le CAC 40 dans les prochaines années. Un autre est de continuer à favoriser la création de nouvelles start-up susceptibles de devenir les champions de demain, notamment à travers le plan French Tech à l’intention des entreprises nées de la recherche. A cette fin, « une réflexion dans le cadre du plan d’investissement » est engagée, indique le membre du gouvernement.

Source : Le Monde

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