Depuis cet été, le nombre de contaminations est reparti à la hausse en Israël, pourtant pionnier en matière de vaccination.
Depuis le lancement de la campagne de vaccination en décembre 2020, l’Etat hébreu a toujours été donné en exemple de réussite. Fin février, alors que près de la moitié de la population avait déjà reçu sa première dose, le pays commençait à se déconfiner. En juin, Israël levait l’obligation du port du masque dans les lieux publics fermés, avant de le réimposer quelques jours plus tard en raison d’une hausse des cas de contamination liées au variant Delta, plus contagieux.
Et, depuis cet été, et particulièrement ces dernières semaines, l’épidémie de Covid-19 progresse.
La situation épidémiologique s’est dégradée rapidement depuis l’introduction du Delta : le taux d’incidence est passé de 1/100 000 habitants au début du mois de juin (du 07 au 13 juin) à 579 /100 000 habitants au mois d’août (du 16 au 22 août), selon Santé Publique France.Le pays a même atteint un record de contaminations quotidiennes ce mardi 31 août (plus de 10 000 cas enregistrés).
Un taux de vaccination insuffisant.
Israël a démarré rapidement sa campagne grâce à un accord avec le laboratoire Pfizer, lui donnant rapidement accès à des doses de vaccin, en échange de données sur les effets du vaccin. Mais la couverture vaccinale a ensuite atteint un palier.
Actuellement, 68% de la population (adulte et plus de 12 ans) a reçu sa première dose de vaccin et environ 60% a un schéma vaccinal complet.
C’est moins qu’en France où on compte au 1er septembre, 72% de vaccinés avec une dose et 66% avec deux doses.
S’il y a quelques mois, le seuil de 65% était évoqué pour atteindre l’immunité collective, le variant Delta, étant plus contagieux (avec un RO entre 6 et 7), celui-ci est passé à 85%. Et surtout, l’idée même que l’épidémie serait derrière nous dès lors que tel pourcentage de la population serait vacciné est désormais illusoire selon nombre de scientifiques.
Une 3e dose pour lutter contre la hausse des contaminations.
Le vaccin –s’il reste efficace à 90% pour limiter les formes sévères – l’est moins contre le risque de contamination (50% seulement). Aussi, même avec une partie de la population vaccinée, le virus continue (dans une moindre mesure) à circuler vers les personnes non vaccinées, mais aussi vers celles qui sont vaccinées. Surtout, selon les autorités de santé en Israël, celles vaccinées le plus tôt. Raison pour laquelle le pays a décidé de lancer fin juillet une campagne pour l’administration d’une troisième dose. Et même annoncé ce mardi abaisser à 30 ans l’âge minimal pour recevoir le rappel vaccinal,afin de lutter contre une hausse des contaminations, liée au variant delta.
Une combinaison d’explications.
Dans son dernier bulletin dédié à la circulation du variant Delta, Santé Publique France, avance que cette situation « dégradée » pourrait s’expliquer par le fait que « l’effet de la vaccination s’atténue avec le temps, avec un impact déjà visible chez les personnes vaccinées en premier (les plus âgées) ». En effet, une étude récente en Israël montre « une diminution du niveau de protection chez les personnes vaccinées depuis plus de 146 jours et en particulier chez les personnes âgées », poursuit SPF.
Une autre étude menée en Israël sur la cinétique des anticorps contre le SARS-CoV-2 après la vaccination ou l’infection montre que si la quantité d’anticorps est plus élevée au début chez les sujets qui ont été vaccinés et jamais infectés par rapport aux sujets précédemment infectés et non vaccinés, celui-ci diminue plus rapidement après 6 mois dans le premier groupe par rapport au second. « Il n’est pas encore établi dans quelle mesure la reprise de l’épidémie en Israël est due à la plus forte infectiosité du variant Delta, à la protection moindre du vaccin contre Delta par rapport aux autres souches, à la diminution des niveaux d’anticorps ou à une combinaison de ces facteurs« , conclut Santé Publique France.
Interrogé par le Figaro ce 1er septembre, l’épidémiologiste Antoine Flahault explique que l’expérience israélienne montre en tout cas qu’on ne peut pas tout miser sur la vaccination pour lutter contre ce virus : « Il faut aussi combiner d’autres mesures, par exemple ne pas tomber le masque en milieu intérieur trop rapidement”, commente-t-il.
Sur son compte Twitter, celui-ci souligne que les enfants vont être au centre des enjeux de cette rentrée 2021. « Les pays qui laisseront leurs enfants devenir le carburant de l’épidémie, risquent de faire face à une vague aussi difficile à contrôler qu’en Israël en ce moment, même avec 70% de la population vaccinée. »
Abandon des gestes barrières
Les vaccins restent efficaces, notamment sur les formes graves, mais le variant Delta, plus contagieux, représente la quasi-totalité des infections en Israël, ce qui contribue à augmenter le nombre de cas. De nombreux israéliens ont également abandonné les gestes barrières au mois de juin, lorsque l’épidémie semblait terminée dans le pays. Le gouvernement avait alors suspendu le port du masque et le pass sanitaire.
Jforum avec Le Figaro,