Le Mercer Street, un navire opéré par la société Zodiac Maritime, détenu par un milliardaire israélien a été attaqué, jeudi, en mer d’Oman faisant deux morts au sein de l’équipage. Israël accuse l’Iran d’être à l’origine de l’incident.

Les relations se tendent entre Israël et l’Iran. L’État hébreu accuse son ennemi juré d’être à l’origine de l’attaque d’un pétrolier en mer d’Oman, jeudi 29 juillet, qui a tué deux personnes membres de l’équipage, selon son armateur Zodiac Maritime, détenu par un milliardaire israélien.

« L’Iran sème la violence et la destruction dans tous les coins de la région », a dénoncé un responsable du gouvernement israélien dans un communiqué, ajoutant que, « voulant cibler Israël », Téhéran s’était « incriminé en tuant des civils étrangers ».

« L’Iran n’est pas seulement le problème d’Israël, c’est un problème mondial, et son comportement met en danger la liberté de navigation et de commercer dans le monde », a-t-il ajouté.

Des bateaux israéliens déjà visés dans cette zone.

Des experts en sécurité ont aussi évoqué l’hypothèse d’une origine iranienne dans cette attaque, qui a eu lieu dans une zone stratégique où des bateaux israéliens ont déjà été visés.

L’armée américaine a déclaré dans un communiqué que des forces de la marine américaine, répondant à un appel de détresse, étaient venues en aide à l’équipage et avaient pu voir des preuves d’une attaque. Les premières constatations « indiquent clairement » une attaque de type drone, poursuit l’armée, précisant que des bâtiments de l’US Navy escortaient le pétrolier, avec du personnel américain à bord.

Vendredi, Zodiac Maritime, société internationale dont le siège est situé à Londres, avait annoncé, sur Twitter, « la mort de deux membres de l’équipage : un ressortissant roumain et un ressortissant britannique » lors d’un incident à bord du M/T Mercer Street.

Celui-ci navigue désormais « sous contrôle de son équipage vers un lieu sûr, avec une escorte navale américaine », a ajouté plus tard la firme qui appartient à l’homme d’affaires et milliardaire israélien Eyal Ofer.

Aux États-Unis, allié d’Israël et ennemi de l’Iran, l’administration de Joe Biden est restée prudente. « Nous surveillons la situation de près », s’est contentée de dire une porte-parole du département d’État, Jalina Porter. « Nous coopérons avec nos partenaires étrangers pour établir les faits ».

Selon le site des opérations maritimes UKMTO, un organisme de lutte contre la piraterie qui dépend de la marine britannique, l’attaque a été signalée jeudi à 18 h GMT, alors qu’elle était en cours, à environ 152 miles nautiques (280 kilomètres) des côtes d’Oman.

Un responsable du centre de sécurité maritime d’Oman a indiqué vendredi que le centre avait reçu des informations sur un « incident hors des eaux territoriales » du sultanat et envoyé un navire ainsi que des avions militaires pour survoler la zone.

Le ressortissant britannique décédé dans l’attaque travaillait pour la société de sécurité Ambrey, qui a confirmé via son porte-parole la mort « tragique » de son employé dans un « incident de sécurité ».

Un porte-parole du ministère britannique de la Défense a indiqué que ses quartiers généraux dans la région menaient actuellement des investigations.

Au moment de l’incident, le pétrolier naviguait sans cargaison de Dar es Salaam en Tanzanie à Fujaïrah, ville côtière des Émirats arabes unis, selon l’armateur, qui exploite ce navire japonais. La mer d’Oman est située entre l’Iran et Oman, à la sortie du stratégique détroit d’Ormuz par lequel transite une grande partie du pétrole mondial et où opère une coalition dirigée par les États-Unis.

La navigation dans la zone était la cible de fréquents actes de piraterie il y a une décennie, mais les incidents ont nettement diminué ces dernières années après l’intensification des patrouilles menées par les forces maritimes de plusieurs pays.

« Escalade significative »

Des analystes ont rapproché l’attaque d’incidents antérieurs. Deux navires exploités par la société israélienne Ray Shipping avaient ainsi été attaqués plus tôt cette année.

Meir Javedanfar, un expert en sécurité à l’université israélienne IDC Herzliya, a estimé que l’Iran était « très probablement » derrière cette attaque.

Selon lui, les Iraniens « se sentent désavantagés quand il s’agit de répondre à des attaques ayant eu lieu en Iran et associées à Israël », dont l’explosion du 11 avril au complexe nucléaire de Natanz, imputée par Téhéran à l’Etat hébreu.

« L’attaque du MT Mercer Street est maintenant considérée comme la cinquième attaque contre un navire connecté à Israël », ont relevé les analystes de Dryad Global, société spécialisée dans la sécurité maritime basée à Londres, évoquant de nouvelles « représailles dans la guerre de l’ombre que se livrent les deux puissances » ennemies.

En Iran, la chaîne en arabe de la télévision d’État a cité des « sources informées dans la région » qui affirment que l’attaque était une réponse à une « récente attaque israélienne » en Syrie, sans donner plus de détails.

La mort de deux membres de l’équipage représente cependant « une escalade significative des événements », a jugé Dryad Global, informant ses clients que le risque pour les navires commerciaux associés à Israël et à l’Iran dans la voie navigable du Golfe était désormais « accru ».

Avec AFP

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