Naftali Bennett, leader du parti Yamina, devrait devenir Premier Ministre… si tout va bien.

Selon france24.com : « Natif de Haïfa (nord) et diplômé en droit à l’université de Jérusalem, Naftali Bennett aurait pu ne jamais faire de politique. Devenu multimillionnaire après avoir vendu sa société de cybersécurité Cyotta pour 145 millions de dollars en 2005, ce fils d’immigrants juifs américains aurait pu, comme il se plaît à le rappeler, finir sa vie « à boire des cocktails dans les Caraïbes ». C’est sa mobilisation sur le front de la guerre de 2006 contre le Hezbollah au Liban qui l’a convaincu, dit-il, de se lancer en politique.

L’ex-commandant de compagnie dans l’unité Maglan, un des piliers des forces spéciales de l’armée israélienne, saute le pas et rejoint les rangs du Likoud, où il dirige le cabinet de Benjamin Netanyahu, alors dans l’opposition. Mais sa carrière personnelle démarre réellement en 2012, lorsqu’il parvient à prendre la tête de la formation de droite dure Foyer juif, qui remportera 12 sièges de députés un an plus tard.

Un acte fondateur qui le propulsera au fil des années au rang des principaux acteurs de la droite israélienne, mais toujours dans l’ombre de Benjamin Netanyahu… qu’il rallie à plusieurs reprises dans des coalitions gouvernementales. Et ce, en échange de portefeuilles ministériels – il est nommé ministre de l’Économie et des Affaires religieuses en 2013, ministre de l’Éducation en 2015, puis ministre de la Défense en 2019, jusqu’en mai 2020.

Fermement opposé à la création d’un État palestinien qui, selon lui, « deviendra à long terme un autre État terroriste comme Gaza », et favorable à l’expansion des colonies juives, où se trouve une grande partie de sa base électorale, Naftali Bennett « aime à se décrire plus à droite que Netanyahu ».

Il séduit avec ses discours décomplexés, voire enflammés, sur le renforcement de « l’identité juive » d’Israël, et ses propos chocs visant les Palestiniens et la gauche. Au point d’être qualifié, en 2017, de « clown » à la tête d’un « parti nationaliste délirant qui sent le fascisme » par l’ancien Premier ministre Ehud Barak.

Aujourd’hui, il dirige Yamina aux côtés d’Ayelet Shaked, figure laïque de ce mouvement composé de petits partis de la droite radicale, qui prône à la fois un ultralibéralisme économique mêlant baisse des impôts et réduction drastique des dépenses publiques, une ligne dure face à l’Iran et l’annexion de près des deux tiers de la Cisjordanie occupée.

« Naftali Bennett a percé en politique dans la mouvance de ce que l’on appelle le sionisme religieux, mais il a élargi son spectre à droite au fil des années, selon Alain Dieckhoff, directeur du Centre de recherches internationales de Sciences Po, interrogé en mars par France 24. C’est ce qui l’a amené à diriger aujourd’hui Yamina, qui est un mouvement un peu mixte avec une base sioniste religieuse et en même temps une dimension un peu plus séculière, représentée par son bras droit, la députée Ayelet Shaked. »

« Netanyahu-compatible »

Religieux orthodoxe ayant grandi dans une famille laïque, Naftali Bennett ne nie pas partager des affinités idéologiques avec Benjamin Netanyahu, même si les deux hommes ne s’apprécient guère sur le plan personnel et n’hésitent pas à s’invectiver en période électorale.

« Naftali Bennett, qui assume une pratique religieuse assez stricte tout en étant extrêmement moderne sur la forme, est à la tête du parti qui est devenu le fer de lance des colonies et il reste ‘Netanyanhu-compatible' », indiquait récemment à France 24 Frédéric Encel, maître de conférences à Science Po et auteur de « L’Atlas géopolitique d’Israël » (éd. Autrement). Et d’ajouter : « La droitisation du Likoud observée ces dernières années a considérablement rapproché les points de vue entre les deux hommes. »

Naftali Bennett se démarque également des autres acteurs politiques en accordant le bénéficie du doute à Benjamin Netanyahu, poursuivi pour corruption dans trois affaires, et en disant attendre le verdict de la justice, là ou d’autres exigent son retrait de la scène politique le temps de ses procès.

Une manière pour la figure de la droite radicale de ménager jusqu’à la dernière minute son rival, en attendant que son heure vienne, lui qui a confié pendant la campagne que son objectif était de devenir lui-même Premier ministre. Selon la presse israélienne, Naftali Bennett avait repris des négociations avec le Likoud après les récentes violences dans les villes mixtes où cohabitent Juifs et Arabes israéliens, avant de revenir vers Yaïr Lapid.

Sentant le vent définitivement tourner ces derniers jours, Benjamin Netanyahu a abattu dimanche sa dernière carte, proposant une formule alambiquée : un « bloc de droite », avec Naftali Bennett et Gideon Saar, ancien cadre du Likoud et chef d’un petit parti de droite, sur le principe d’une rotation à trois.

Les deux intéressés ont décliné, Naftali Bennett accusant le Premier ministre de chercher « à emmener (..) tout le pays avec lui dans sa dernière bataille personnelle », quelques semaines après les violents affrontements entre l’armée israélienne et le Hamas, au pouvoir à Gaza.

Dans le cadre de l’accord de coalition annoncé dimanche, Naftali Bennett occupera d’abord le poste de Premier ministre avant de céder plus tard la place à son nouvel allié centriste en vertu d’un système de rotation.

Avant de toucher au but, il doit encore attendre que l’accord soit finalisé avant mercredi minuit, Yaïr Lapid ayant prévenu lundi qu’il restait « encore beaucoup d’obstacles pour former un nouveau gouvernement ». »

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