SPECIAL ISRAELVALLEY. Alex Bouaziz (28 ans) a co-fondé Deel, une start-up de portage salarial pour les indépendants basée à San Francisco qui est une success story extraordinaire.
Le jeune startupiste Français vient de boucler sa troisième levée de fonds en moins de douze mois, sur une valorisation de 1,1 milliard d’euros.
En Israël, Alex Bouaziz est profondément impliqué dans le monde du hightech. Le fonds de capital-risque Sarona Ventures (Tel-Aviv) a été co-lancé par Philippe Bouaziz (son père) et selon le journal Globes, Alex est co-partner de Sarona Ventures.
LE PLUS. (business.lesechos.fr). « Depuis l’envol de la French Tech, il ne faisait pas partie des entrepreneurs tricolores cités régulièrement par les ministres successifs en charge du numérique. Pourtant, à vingt-huit ans, Alex Bouaziz est probablement l’un de ceux dont le parcours fulgurant est parmi les plus impressionnants. Avec Deel, sa start-up lancée en 2018 qui digitalise le portage salarial des indépendants, il vient de boucler une troisième levée de fonds en à peine quatorze mois (132 millions d’euros), la valorisant 1,1 milliard.
Comment a-t-il pu échapper ainsi aux radars alors que les fonds d’investissement stars de la Silicon Valley lui font la cour. Andreessen Horowitz, l’investisseur qui avait déniché Facebook, Instagram, Twitter ou Skype, a mené l’un des derniers tours de table. Et pour cette série C, Dara Khosrowshahi, PDG d’Uber, et Jeff Wilke, le patron de la consommation et vétéran d’Amazon, ont rejoint le cercle des ténors de la tech se penchant sur le berceau de Deel. Il n’y a encore pas si longtemps, âgé de seize ans et baccalauréat en poche, Alex Bouaziz quittait la France pour s’installer en Israël et se lancer dans des études d’ingénieur dans l’environnement.
Quatre ans plus tard, en 2013, il fait sa première incursion aux Etats-Unis pour étudier au prestigieux MIT de Boston. Et deux ans après, il rallie Londres et l’Imperial College pour une dernière formation liée à l’environnement. « C’est là que je me suis rendu compte que la recherche n’était pas mon truc, raconte l’entrepreneur au débit cadencé et précis. Je suis retourné en Israël pour créer une première entreprise, Lifeslice. » Mais cette jeune pousse qui aide les gens à créer des contenus vidéos évolue dans un monde pré-TikTok, et le succès, au sens où il l’ambitionne, n’est pas au rendez-vous.
C’est durant cette période qu’il effectue un premier retour en France pour rencontrer les rares entrepreneurs et investisseurs tricolores qui ont réussi dans le business « consumer ». Il croise les fondateurs de Zenly, de Happn… « J’ai écrit aux rares personnes reconnues sur ce secteur en France et ils m’ont reçu très simplement, raconte Alex Bouaziz. Par la suite, j’ai entretenu ces contacts. »
L’un d’entre eux est Jean de La Rochebrochard. L’investisseur de Xavier Niel, à travers Kima Ventures, sera l’un des rares à pouvoir miser sur Deel lorsque Alex est courtisé par Andreessen Horowitz. Jean de La Rochebrochard justifie ce choix aujourd’hui « parce que l’énergie du garçon est indomptable ! » Il en faut de l’énergie effectivement pour naviguer dans les arcanes de la Silicon Valley, et trouver son chemin parmi les centaines de milliers d’entrepreneurs qui y tentent leur chance chaque année.
Le virage du Y Combinator
Lui a choisi l’une des voies les plus difficiles mais les plus rapides en cas de succès. En 2019, avec sa cofondatrice chinoise, Shuo Wang, qu’il a rencontrée au MIT, il décide de tenter leur chance à Y Combinator, le célèbre accélérateur californien qui a révélé Airbnb et Stripe. « Pendant trois mois, nous nous sommes mis dans une bulle, travaillant 24 heures sur 24. Et deux jours avant le ‘demo day’, nous avons pivoté pour créer le produit que nous développons aujourd’hui. »
Le demo day, c’est la phase cruciale durant laquelle les aspirants présentent leur projet en deux minutes devant tous les investisseurs les plus puissants de la Valley. « Nous avions pas mal la trouille, avoue l’entrepreneur dans un sourire. Tout le monde se scrutait, mais c’était un moment très excitant. Je me souviens avoir rencontré quelqu’un qui m’a proposé 100.000 dollars en me serrant la main, alors que, pour Lifeslice, je ramais pour convaincre les investisseurs de m’en confier 50.000… »
Depuis cet hiver 2019, le créateur de Deel n’a cessé d’accélérer. Ce fan du PSG se sent « toujours français et très attaché à la France » et observe la croissance de la French Tech de près. Il investit de temps à autre avec une seule règle : « toujours miser sur les potes, même 2.000 euros. » Son portfolio, composé d’entreprises créées par des Français, mais aussi des Libanais et des Américains, reflète sa manière de vivre et la philosophie de Deel : faire le pont entre les cultures et rendre le monde plus accessible.
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