EDITORIAL (Daniel Rouach). VISITE AU COEUR DE YAFO. C’est la dernière chose à faire. Hier j’ai décidé de traverser Yafo (Jaffa). Une marche de curiosité. Le choc! Un fort sentiment d’insécurité. Je me retourne sans cesse de peur de me faire agresser. Une ville vide, et cerclée par la police israélienne qui ne cache pas du tout une forte agressivité vis à vis des visiteurs. Les livreurs (Wolt) de restaurants sont souvent bloqués aux portes de la ville.

Ce qu’écrivait un journaliste du Figaro a disparu en moins d’une semaine : « De la rue Sheinkin au vieux Jaffa, en passant par Neve Tzedek, plongée dans une ville joyeuse et bouillonnante, qui regorge de bonnes tables, de cafés bohèmes et de boutiques branchées. Bienvenue à Tel Aviv, la ville la plus hédoniste d’Israël ». Plusieurs manifestations ont été organisées en soutien aux Palestiniens à Yafo, Rahat, Umm el-Fahem, Nazareth et dans plusieurs autres villes arabes du nord du pays.

Le chef de police Kobi Shabtai a ordonné un renforcement « significatif » de la présence policière dans un certain nombre d’endroits (Lod, Yafo) après que le ministre de la Sécurité publique Amir Ohana a déclaré l’état d’urgence.

Cet ordre intervient après que d’intenses émeutes arabes ont éclaté (Lod). Trois synagogues et de nombreux magasins ont été incendiés, ainsi que des dizaines de voitures(Lod). « Nous assistons à une situation que nous n’avons jamais vue auparavant dans les villes mixtes (Yafo) et cela se traduit par une violence sévère sur fond de nationalisme, des atteintes aux symboles religieux et aussi des tentatives d’atteinte aux policiers et d’obstruction des grandes artères », a déclaré Shabtai. « La police israélienne est actuellement confrontée à une série de missions nationales et nous allons remplir nos fonctions et rétablir l’ordre. »

Une cité sous forte tension. Les journalistes de i24News qui se rendent au coeur de la ville pour y travailler ne sont pas tranquilles. Les guides touristiques sont devenus obsolètes. La ville est trop calme. Une tranquillité artificielle. Les habitants (juifs, arabes, chrétiens) se terrent dans leur maison. De nombreux juifs de France qui ont acheté des biens à Yafo sont « en voyage » ailleurs. Le marché au puces est en grande partie fermé.

Ce qui faisait le charme de Jaffa, dans les guides touristiques, a disparu subitement : « Un bric-à-brac de mauvaise qualité côtoie des trésors vintage et des meubles anciens au marché aux puces de Jaffa. C’est le meilleur endroit pour mettre en pratique vos talents en marchandage. Déambuler simplement parmi les étals de vêtements, chiner dans les boutiques d’occasion ou attraper sur le pouce la street-food locale est suffisant pour passer une bienheureuse journée ».

Les tensions sont extrêmement vives en Israël ces derniers jours entre Juifs et Arabes, dans le sillage du millier de roquettes tirées depuis la bande de Gaza sur le territoire israélien depuis trois jours.

À Jaffa, se trouvent des centres communautaires religieux musulmans, chrétiens et juifs — du judaïsme orthodoxe (y compris hassidique et réformé). Après les Accords d’Oslo, on a fondé dans la ville l’Institut Peres pour la paix et le Saint-Siège y a ouvert une ambassade.

Les Arabes de Jaffa ont été organisés dès l’année 1967 dans des institutions comme le Trust de charité musulman et après 1973 l’Association philanthropique islamique Al Maqassid (al Maqassid al Khayriyya al Islamiyya) dirigée par Abdel Badawi Kaboub, et depuis 1979 aussi l’association à programme nationaliste laïque Rabita (la Société des Arabes de Jaffa). Ils ont mené un long combat avec la bureaucratie de la municipalité et pour maintenir comme lieu de culte la mosquée Hassan Bek, vestige du quartier démoli de Manchiye.

LE PLUS. konbini.com (avant la crie sécuritaire) : « Jaffa est un lieu extrêmement prisé de la jeunesse, un « hotspot » comme on dit – un lieu trendy où se mélangent à la fois des ruines de l’époque ottomane, des boutiques et des bars branchés. De nombreuses boutiques de designers sont installées à Jaffa, comme celle de la très minimaliste Sharon Brusher, dont les vêtements et accessoires ne se conjuguent qu’en noir et blanc ; mais aussi celle de Common Raven, une jeune marque aux découpes très simples qui fait également des robes de mariée dans l’atelier au fond de la boutique – sans oublier le magasin de Lara Rosnovsky, dont le style est à l’opposé : très folklorique et coloré.

Trouver des bijoux fantaisie est étonnamment facile à Jaffa, beaucoup de jeunes créateurs israéliens s’étant donnés rendez-vous dans le quartier, à l’instar de Ruby Star ou d’Adi Lev. Si vous avez oublié d’emmener votre savon, vous pouvez trouver des cosmétiques « made in Jaffa » chez Zielinski and Rozen ou chez Rimon Pomegrenade, qui utilise de la grenade pour faire ses crèmes ».

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