Les violences se sont étendues mercredi, jeudi et vendredi à de nombreuses villes du cœur d’Israël où des patrouilles inquiètes de voisins croisent, à la nuit tombée, des bandes agressives de jeunes hommes mal identifiés. Le grand rabbin Yitzhak Yossef a condamné la violence des émeutiers juifs contre les Arabes. Des leaders politiques de tous bords ont suivi, comme Netanyhou, tentant de ramener un peu de raison dans les esprits échauffés.

Yair Lapid : « «La violence n’aura pas raison de nous et ne dirigera pas nos vies. Les émeutiers de Lod et de Saint-Jean d’Acre ne représentent pas les Arabes d’Israël. Les émeutiers de Bat Yam, les membres de La Familia, ceux de Lehava et les kahanistes sont un pauvre groupe de racistes qui ne représentent pas Israël.»

A Saint-Jean d’Acre (Akko), un jeune rabbin venu apparemment tenter de raisonner de jeunes manifestants s’est fait lyncher par des émeutiers arabes. L’homme est actuellement dans le coma et sous respiration artificielle. Dans la ville mixte judéo-arabe de Lod, un juif s’est fait poignarder dans le dos.

Dans letemps.ch : « Théâtre de violences anti-juives, Lod a été placée sous couvre-feu mercredi soir à partir de 20 heures. Les rues, où subsistent les traces carbonisées des affrontements, se vident un peu plus tôt. Mais pas totalement. Des milices de voisins, des pères de famille, bâton à la main, pied de biche et casque vaguement dissimulés à proximité, veillent sur certains quartiers.

Yehuda, Israel, Oussama et Fares discutent sur un bout de trottoir. Leurs regards passent des alentours à l’écran de leur téléphone. Via un groupe WhatsApp, les «veilleurs» se coordonnent en louant leur «coexistence». Oussama déplore «ces jeunes Arabes venus d’ailleurs, de coins difficiles où ils sont habitués à la violence» et ces «juifs extrémistes» qui ne ressemblent en rien à ses voisins, «normaux, eux».

Dans le quartier arabe ancien autour duquel s’est développée la ville, les rues et contre-allées bordées de maisons de pierre à un étage sont plus vides et silencieuses que le reste de la ville. Aucun signe de vie n’apparaît aux fenêtres, ni dans la rue quand, soudain, jaillit un groupe d’une soixantaine de personnes presque silencieuses. Bâtons à la main, portant tonfa (une sorte de matraque), casque, kippa et drapeau d’Israël, ils se sont donné rendez-vous par Telegram et sont venus défier les jeunes émeutiers arabes dont on entend un peu plus loin les «Allahou Akbar».

Le groupe tourne au coin d’une rue et disparaît. Surgissent alors trois jeunes hommes au visage fermé. «Tu es juif? Viens par ici!» hurle l’un d’eux. Journaliste? Il hésite. Après avoir tenté d’arracher notre sac, il nous crie de partir. Le pare-brise arrière de notre voiture se désintègre sous une pierre lancée par un membre du groupe. Qui sont-ils? Des émeutiers arabes? Les inconnus n’affichent ni kippa ni drapeau. Mais d’autres victimes des mêmes agresseurs assurent que non, qu’il s’agit «de trois juifs». D’ailleurs, ils auraient ensuite agressé une passante arabe. «Tu sais, ils n’aiment pas non plus les journalistes…»

La peur d’une guerre civile a vu le jour dans certaine villes d’Israël. Dans Libération : « Sur le front de mer qui se vide, les commerçants redoutent plus les casseurs que les roquettes du Hamas. Pourtant, l’organisation a envoyé jeudi «sa plus grosse roquette» en direction du deuxième aéroport d’Israël. Des chars et des blindés se massent près de la bordure frontalière avec Gaza. Mais ce n’est pas le premier problème de la ville côtière de Bat Yam.

Le pâtissier Roladin ferme. Le bar Little Prague ferme. Le restaurant Chez Joe ferme. Supermarchés, tabacs, tout ferme. Le patron de chez Joe lâche, la voix serrée : «On baisse le rideau parce qu’on a envie. C’est tout. On ne veut rien avoir à faire avec la presse.» Les serveurs s’éclipsent. Le directeur de Roladin consent à parler : «Ils reviennent. On ne sait pas quand. C’est pour ça qu’on ferme.» Qui ça, «ils» ? »

Les violences perpétrées par des militants d’extrême droite, dans la ville mixte de Bat Yam, ont aggravé un climat de peur, alors que les affrontements entre juifs et Palestiniens d’Israël se multiplient.

Dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 14 mai, une synagogue de Lod a été incendiée. Dans ce quartier, la coexistence entre religion a pourtant toujours été pacifique. Cette fois, plus personne ne croit en un avenir commun. « Nous avons toujours essaye de vivre en bonne intelligence avec les Arabes, d’être des partenaires dans cette ville. Mais tout ce que nous avons reçu en retour, c’est un coup de poignard dans le dos« , indique Arik Zuntz, un fidèle juif de la synagogue.

 

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