En Israël la levée potentielle des brevets des vaccins de Pfizer et autres… ne fait pas débat. La raison ? Impossible et irréel selon les analystes… En effet les israéliens sont convaincus qu’il s’agit d’une préconisation démagogique.
Selon La Tribune : « Le Président français se dit favorable à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 pour accélérer la vaccination dans les pays les plus pauvres. Une préconisation démagogique qui fait fi de la réalité de la recherche des laboratoires pharmaceutiques qui a permis de mettre au point des vaccins en un temps record. (*) Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l’Essec.

A ce jour, l’épidémie du Covid 19 a fait 3,26 millions de morts et a causé la plus grave crise économique depuis la crise de 1929. Grâce à la vaccination, les Etats-Unis, Israël et le Royaume-Uni sont en plein rebond. Le rebond européen devrait suivre avec un trimestre de retard. Pour ce qui est des pays émergents et des pays moins avancés le rebond sera plus tardif.

Exploit unique

Dans cette crise sans précédent, la mise au point d’un vaccin en moins de 10 mois par deux laboratoires issus de start-up, utilisant la technologie nouvelle de l’ARN messager, constitue une incroyable prouesse technologique. Elle a été suivie de deux autres vaccins à vecteur viral mis au point par deux grandes firmes pharmaceutiques traditionnelles. Cette réussite témoigne de la vitalité du système et de sa capacité de mobilisation. Les systèmes russes et chinois ont apparemment réussi également une prouesse analogue dans leurs univers respectifs avec des vaccins à vecteur viral même si des données sont manquantes pour les qualifier avec précision. La mise en production à grande échelle de ces vaccins représente un défi industriel majeur. En effet, la fabrication d’un vaccin nécessite un nombre élevé de composants – jusqu’à 290 pour l’un des vaccins — et possède des exigences normatives très élevées pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire. Un véritable écosystème de fournisseurs est nécessaire pour assembler les centaines d’éléments nécessaires, produire le vaccin et l’emballer dans une forme distribuable. En soi, bien que très exigeant, produire un vaccin n’est pas si compliqué pour des firmes établies et dotées d’un réseau d’alliances. En revanche, produire un produit complètement nouveau dans des délais très courts à des milliards d’unités est un exploit unique. A cet égard, les piailleries de la Commission européenne lors des délais de livraison annoncés par Astra-Zeneca du fait de ses difficultés dans la production de son vaccin sont pitoyables. Elles illustrent suffisamment la profonde incompétence de ces fonctionnaires européens (excepté Thierry Breton nommé trop tardivement) en termes industriels ou leur absence totale de décence.

Lutte contre les variants

Alors que la vaccination est en progrès dans la plupart des pays, le combat suivant est la lutte contre les différents variants. Les laboratoires planchent sur les deuxièmes générations de vaccins, efficaces contre ces variants et planchent également sur des formes galéniques différentes. Pfizer a commencé ses tests sur un comprimé anti-covid basé sur la technologie d’inhibiteur de protéase. Plusieurs start-up testent des vaccins sous forme de spray nasal. La façon avec laquelle le virus va évoluer, s’adapter, muter, disparaître et réapparaître nécessite vigilance, innovation et disruption côté biotechnologie et pharmacie.

Dans ce combat victorieux contre le virus, les gouvernements peuvent prendre une part importante. Les dirigeants les plus lucides du strict point de vue de la lutte contre la maladie (Donald Trump, Benyamin Netanyahou, Boris Johnson) ont agi en 2020 en finançant les recherches, en préparant l’industrialisation et en précommandant massivement des doses de façon à donner un périmètre de sécurité aux firmes leur permettant de dépenser. La Commission européenne et les nations européennes de leur côté n’ont pas cru à la capacité d’innovation rapide des entreprises de biotechnologie et pharmaceutiques et n’ont ni financé, ni préparé l’industrialisation, ni précommandé le vaccin, pour s’enfermer dans une stratégie de confinement des populations d’inspiration chinoise. A tout péché, miséricorde!

En revanche, les récentes sorties de Joe Biden, le principal bénéficiaire de l’opération Warp Speed mis en place par Donald Trump et d’Emmanuel Macron sur la levée des brevets protégeant les vaccins sont stupéfiantes d’inconséquence et de mauvaise foi, pour des raisons différentes.

Légèreté de certaines prises de position

Il est exact que la vaccination avance vite dans les pays riches et lentement dans les pays émergents et moins avancés. Cela signifie simplement que les dirigeants des pays riches dont Emmanuel Macron et Joe Biden accaparent les doses de vaccins pour vacciner au plus vite la population qui vote pour eux au détriment de celle qui ne vote pas pour eux. Plutôt que d’assumer cet égoïsme national, ils préfèrent blâmer les laboratoires et insinuer que le problème est la protection des brevets, donc des profits des compagnies de biotechnologie. Quand on pense à l’extraordinaire difficulté d’industrialiser la production de vaccins dans les pays riches alors que ceux-ci étaient déjà commandés et payés, on mesure l’imposture autant que la légèreté de ces prises de position.

La protection octroyée par le brevet sur le vaccin contre le Covid n’est pas synonyme de rente de monopole. En effet, plusieurs petites firmes innovantes ont mis au point des vaccins. Supprimer le brevet ne ferait que transférer une technologie de pointe à des concurrents dans des pays qui très probablement n’auraient pas manifesté la même largesse. Cela manifeste un souverain mépris pour le travail acharné des chercheurs notamment la percée de l’ARN messager et une volonté de les dépouiller de leur propriété intellectuelle.

Le brevet n’est pas la principale barrière

L’injustice de cette mesure à l’égard de ces firmes innovantes n’a d’égale que sa totale inefficacité. Le brevet n’est absolument pas la principale barrière à l’entrée à la production du vaccin pour d’éventuelles firmes indiennes, brésiliennes ou sud-africaines de médicaments génériques. Les vraies barrières à l’entrée sont technologiques, en termes de savoir-faire spécifiques, et capitalistiques. Produire ces vaccins, notamment les vaccins de type ARNm, exige de construire de toutes nouvelles unités complètement dédiées, avec des actifs spécifiques non redéployables. Elle impose également la maîtrise de ces technologies de pointe et une main d’œuvre hautement qualifiée. Ces opérations nécessitent des mois de travail et d’énormes capitaux et ne peuvent se résoudre d’un claquement de doigt.

Accélérer l’accès des pays pauvres à la vaccination pourrait se faire par le partage des doses, chaque pays riches donnant une dose reçue sur deux aux pays pauvres de son choix. Cette option étant hautement improbable du fait de la distance bien connue entre les discours et les actes, l’autre option est l’accélération de la production via de gros investissements industriels dans le développement de nouvelles lignes de production de vaccins et des partenariats entre industriels, les uns jouant le rôle de fournisseurs des autres. Si les gouvernements n’ont pas la volonté d’investir leur argent mais uniquement celle de négocier les prix à la baisse, au moins qu’ils laissent faire les firmes et accélèrent les processus d’autorisation d’exploitation.

L’Allemagne qui a vu naitre plusieurs start-ups leader du domaine de l’ARNm n’est pas favorable à cette mesure, car ce pays respecte ses entrepreneurs. »

 

 

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