C’est un des personnages les plus importants du XXème siècle, mort il y a presque 76 ans, le 18 avril 1955. Il s’agit d’Albert Einstein. Le physicien, célèbre pour sa théorie de la relativité et pour la formule e=mc 2, est considéré à juste titre comme l’un des plus grands scientifiques du XXème siècle et le magazine Time l’a même qualifié de « personnalité du XXème siècle ». 

Mais qui était vraiment Albert Einstein ? Qui se cachait derrière ce génie dont l’image la plus célèbre est la photographie où il tire la langue ? Quel était son rapport au judaïsme et à l’état d’Israël ? 76 ans après sa disparition, nous faisons son portrait sur Radio J.

Albert Einstein naît à Ulm en 1879 dans le Wurtemberg, en Allemagne, dans une famille juive non pratiquante. Il ne fera pas sa Bar Mitzvah et n’apprendra pas l’hébreu. A onze ans, il a une phase pourtant très religieuse. Il ne mange pas de porc et compose des chants religieux. Il résumera par cette phrase: « Je lus mes premiers livres de science, et j’en terminai avec la foi d’Abraham. » Toute sa vie, il entretiendra un rapport ambigu avec ses origines juives. Nous y reviendrons, mais d’abord un mot de son enfance.

Un enfant surdoué

Très tôt, Albert Einstein s’intéresse à la science. Dés l’âge de cinq ans, il s’intéresse aux boussoles. A douze, il publie un livre de géométrie et il apprend durant son adolescence le calcul différentiel et intégral. Mais malgré ses aptitudes scientifiques et de bons résultats en mathématiques, c’est un élève assez turbulent, qui a du mal avec l’autorité, et qui se retrouve même exclu d’un lycée alors qu’il a 15 ans. Einstein intègre L’École polytechnique fédérale de Zurich. C’est là qu’il rencontre sa première épouse, une serbe, Mileva Marić, et poursuit ses connaissances en matière de science. Il obtient de justesse son diplôme car c’est un élève vraiment peu discipliné, qui se repose sur ses excellentes capacités.

Son rapport à Dieu

C’est à la même époque que Einstein renonce à sa nationalité allemande, s’installe en Suisse et rompt avec le judaïsme. Einstein ne croit pas en Dieu comme il l’écrira dans une lettre quelques mois avant sa mort: « Le mot Dieu n’est pour moi rien d’autre que l’expression et le produit des faiblesses humaines, et la Bible un recueil de légendes vénérables mais malgré tout assez primitives. » Sur le judaïsme, il écrit dans cette même lettre: « Pour moi la religion juive est, comme toutes les autres religions, l’incarnation d’une superstition primitive. Le peuple juif auquel j’appartiens fièrement, et à la mentalité duquel je me sens profondément ancré, n’a pas pour autant une forme de dignité différente des autres peuples. »

Enfin une reconnaissance totale

Einstein a presque 30 ans. Il poursuit ses recherches scientifiques mais n’en vit pas. En 1905, la chance lui sourit enfin. Il connaît une « annus mirabilis » avec plusieurs articles importants publiés dans d’éminentes revues scientifiques.

Sur la lumière, les molécules, les rapports sur l’espace temps et surtout, car il s’agit de l’équation la plus fameuse de la science connue dans le monde entier, E=mc2, la formule qui établit une équivalence entre la masse et l’énergie d’un système. Ces travaux sur la relativité vont être mis en pratique notamment dans les champs de la physique et de l’énergie nucléaires.

C’est le début de la reconnaissance et Einstein cumule les fonctions:  il est distingué docteur honoris causa par l’université de Genève, il est nommé professeur associé à l’université de Zurich et à l’université allemande de Prague. il est également membre de l’Académie des sciences de Prusse.

En 1914, il retourne en Allemagne. Il a alors 35 ans. Membre de l’Académie royale des sciences et des lettres de Berlin, il présente sa théorie de la gravitation, connue aujourd’hui sous le nom de relativité générale, qui consiste à étudier les relations entre la lumière et les atomes. Cela sera utilisé plus tard dans les travaux d’autres scientifiques, sur les rayons X et le laser. Einstein devient connu dans le monde entier. En 1922, c’est la consécration. il reçoit le prix Nobel de physique « pour ses contributions à la physique théorique et, spécialement, pour sa découverte de la loi de l’effet photo-électrique ». Il sera récompensé de plusieurs médailles internationales au cours des années futures.

Soutien au sionisme, lutte contre l’antisémitisme

Einstein est un scientifique renommé et malgré la distance prise avec le judaïsme, il ne renie pas ses origines et apporte son soutien aux mouvements sionistes.

Il se rend en Palestine en 1918, alors sous mandat britannique, pour l’inauguration de l’université habraïque de Jérusalem dont il sera gouverneur non-résident jusqu’à sa mort. En 1920, il accompagne aux Etats-Unis le président de l’organisation sioniste mondiale, Chaim Weizmann, dont il est proche, pour une campagne de récolte de fonds.

Mais parallèlement, Einstein est critiqué pour ses travaux et il subit des attaques antisémites en Allemagne… il est très inquiet.

Et il écrit plusieurs lettres, qui se sont d’ailleurs vendues des fortunes depuis aux enchères, dans lesquelles on constate qu’il est une sorte de lanceur d’alerte. il avertit en effet du danger que courent les Juifs en Allemagne et en Europe de manière plus générale au sortir de la Première Guerre Mondiale. Il est alors l’un des rares à s’en soucier. Dans une interview au Figaro en 1921, il déclare: « On me reproche sans doute d’être juif, et d’introduire un esprit novateur. » Il écrit également à la même époque : « Je passe actuellement en Allemagne pour un savant allemand et en Angleterre pour un juif suisse. Supposons que le sort fasse de moi une bête noire, je deviendrai au contraire un juif suisse en Allemagne, et un savant allemand en Angleterre. » A mesure que le parti nazi progresse, Einstein est de plus en plus inquiet.

Après la prise de pouvoir de Hitler en 1933, la résidence secondaire d’Einstein à Caputh, près de Berlin, est pillée par les nazis. Le scientifique démissionne de l’académie de Prusse et il décide de quitter l’Allemagne pour les Etats-Unis.

Président d’honneur de la Ligue contre l’antisémitisme, il lance un appel aux peuples civilisés et s’élève contre « les actes de force brutale et d’oppression contre tous les gens d’esprit libre et contre les juifs, qui ont lieu en Allemagne ». Einstein s’installe à Princeton et échappe ainsi aux persécutions et à la Shoah. Outre Atlantique, il poursuit ses travaux et ses recherches. C’est aussi aux Etats-Unis qu’il signe une lettre au président Roosevelt, qui contribue à enclencher le projet Manhattan, donc la première bombe atomique. Il regrettera plus tard de l’avoir signé.

Einstein, président de l’Etat d’Israël ?

Einstein vit aux Etats-Unis mais il est au courant des horreurs de l’Holocauste en Europe. Il suit également avec attention la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Et quelques jours après la fondation de l’état juif, il écrit le 19 mai 48 une lettre en allemand à Chaim Weizmann qui deviendra quelques mois plus tard le premier président du nouvel Etat. Einstein écrit notamment qu’on « ne peut pas dire que les gens puissants sur cette terre nous veulent du bien. Le jeu que les Anglais jouent avec nous est misérable, et l’attitude américaine semble ambivalente. Pourtant, je suis confiant que notre peuple dépassera cette première crainte et que nous vivrons pour faire l’expérience d’avoir su créer une communauté juive heureuse ». 

En 1952, David Ben Gourion, alors premier ministre, propose même à Einstein la présidence de l’Etat d’Israël. Mais Einstein décline.

En revanche, il continue à se battre dans la lutte contre la ségrégation raciale en vigueur aux Etats-Unis et également contre la course aux armements, notamment nucléaires, alors que la guerre froide a débuté, ce qui lui vaut d’être suspecté d’être proche des communistes. Il est dans l’oeil du FBI qui fait un rapport sur lui et le sénateur Mac Carthy, connu pour sa chasse aux sorcières contre des personnalités qu’il accusait d’être des agents soviétiques, le traite « d’ennemi de l’Amérique ». En 1954, sa secrétaire est même suspectée d’être une espionne à la solde de l’URSS.

L’affaire fait grand bruit mais aucune preuve n’existe et quelques mois plus tard, le 18 avril 1955, Einstein meurt. Dans son testament, il lègue tous ses écrits et son patrimoine intellectuel à l’université hébraïque de Jérusalem. Conformément à ses dernières volontés, ses cendres sont éparpillées dans un lieu tenu secret.

Mais le cerveau d’Einstein fait l’objet d’une incroyable enquête. Dans les années 1980, il est retrouvé aux Etats-Unis, dans le Kansas, chez un pathologiste qui avait procédé à son extraction. Des études récentes ont montré qu’Einstein possédait un cerveau particulier, ce qui expliquait son intelligence, des résultats qui ont fait débat au sein de la communauté scientifique.

Christophe Dard

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