Après les célébrations virtuelles de l’an dernier pour cause de Covid, les Israéliens ont retrouvé cette année le plaisir de célébrer ensemble l’anniversaire de leur indépendance. Les feux d’artifice, les spectacles de rues et les concerts, ou tout simplement le plaisir de déambuler dans les rues, donnent aux Israéliens le sentiment qu’ils reviennent de loin.
La célébration du Yom Haatsmaout est la seule fête qui soit l’occasion de se rassembler autour d’événements culturels, de circuler, de sillonner le pays, puisque c’est une fête laïque. C’est le seul jour de l’année où les réjouissances peuvent être partagées par tous et s’exprimer autant au niveau national que familial. C’est tout ce qui a manqué l’an dernier, alors que le confinement n’était pas encore levé et que les barbecues traditionnels ont dû se faire dans les cours ou sur les balcons.
Après une année de crise sanitaire, il reste encore à reconstruire l’économie, à retrouver la normalité d’avant l’épidémie. Mais dans quelques jours, tous les enfants pourront reprendre leurs cours comme avant, sans classes en distanciel ou en capsules. Dans quelques jours aussi, toute la population pourra de nouveau circuler en extérieur sans masque, dont le port ne sera plus exigé que dans les lieux fermés. C’est un long chemin déjà parcouru, alors que le pays se rapproche de l’immunité collective, grâce au succès de la campagne vaccinale.
Les tensions sociales qui ont accompagné les pics d’épidémie et les allers-retours des restrictions sanitaires, semblent s’être dissipées. Les tiraillements entre les Juifs ultra-orthodoxes et le reste de la population se sont apaisés. La cohabitation a repris son cours normal. Seule la situation politique reste frustrante. Les tractations complexes en vue de la formation du nouveau gouvernement alimentent les craintes d’un cinquième tour électoral pour l’automne, et avec elles l’inquiétude sur les répercussions économiques.
Dans ce contexte, la fête de l’Indépendance arrive donc à point nommé. Elle offre aux Israéliens une parenthèse, où durant quelques heures, ce ne sont plus les politiques mais les citoyens qui vont faire l’actualité. Ce sont eux que l’on va interviewer autour des barbecues, ce sont eux qui vont fournir les statistiques de fréquentation des parcs et des plages, voire de la longueur des embouteillages, qui vont remplacer pour une journée les calculs de coalition et les chiffres des sondages.
On citera quand même un sondage, celui publié hier par l’hebdomadaire Makor Rishon. Plutôt que ce qui les divise, le journal a demandé aux Israéliens juifs ce qu’ils ont en commun. La majorité a répondu : la terre d’Israël, la Bible et l’histoire du peuple juif. Israël n’est pas un refuge, mais une patrie, et un Etat juif et démocratique. Après, tout est une question de dosage des ingrédients. A égalité juif et démocratique pour 38% des personnes interrogées, juif puis démocratique pour 34% et démocratique puis juif pour 26%. Mais au bout du compte, les Israéliens s’entendent sur l’essentiel. Et ça n’est déjà pas si mal.