EDITORIAL DE GILLES DE PARIS. En ces temps troubles et incertains, il est bon de savoir qu’il existe des éléments intangibles qui défient les siècles et parmi ceux-ci figure au 1er rang le fait que la langue française est, objectivement, la plus belle du monde.
En 1683, un chroniqueur a donné son opinion sur ce sujet : « Tous les peuples de l’Europe l’aiment beaucoup par ce qu’elle est l’ennemie des équivoques, de l’affectation, des termes obscurs, qu’elle est naturelle dans ses expressions et que son accent n’est ni trop grave, ni trop doux ». Tout est dit…
Dès le Moyen-Age, la noblesse européenne l’utilisait pour s’exprimer et le roi d’Angleterre, Richard cœur de Lion, n’aurait pas imaginé s’exprimer en anglais C’est en français que Marco Polo a dicté ses mémoires fantastiques, c’est dans cette même langue que le philosophe Leibniz a rédigé une partie de son œuvre et Voltaire se promenait dans toute l’Europe sans avoir besoin d’interprète.
Ceux qui pointent du doigt l’invasion de termes étrangers et notamment de l’anglais, négligent plusieurs choses. D’abord le français a toujours intégré dans son vocabulaire des apports de cultures venues hors de France. Outre le latin, qui constitue sa base, il y a le grec, mais aussi l’italien, l’espagnol, l’allemand, le néerlandais, l’arabe, mais aussi les langues scandinaves, grâce aux Vikings.
De même, si on estime à 4% les emprunts de notre langue à l’anglais, plus des deux tiers du vocabulaire anglais seraient d’origine française. Et des mots qui nous semblent venir de l’autre côté de la Manche sont en réalité des termes français assimilés par les anglais qui nous les ont rendus modifiés à leur matière. Les plus connus sont le « budget » qui vient de la « bougette » (petite bourse qui se portait à la ceinture), le « tennis » issus du terme de jeu de paume « Tenez » et la nourrice a donné naissance à la nurse. Le verbe « computer » signifiait « calculer » et « toaster » voulait dire « griller ».
Le plus grand danger auquel est confronté le français est plutôt son affaiblissement « intérieur » du fait des medias qui utilisent un vocabulaire extrêmement pauvre, de l’usage des textos et du niveau de l’enseignement dans les lycées.
Pourtant, il y a matière à espoir grâce à la francophonie.
Si on peut situer le sommet du français comme langue universelle à l’aube de la Révolution française, elle ne concernait qu’environ 20 millions de personnes. Or, de nos jours, il y aurait 220 millions de francophones recensés dans 75 pays et notamment en Afrique, dont le boum démographique permettrait au français de devenir d’ici 30 ans la prochaine langue la plus parlée, devant la langue de Shakespeare et celle de Cervantès. Reste le mandarin, mais qui est difficile à estimer du fait des nombreuses autres langues utilisées selon les régions de la Chine.
Après, chacun est libre de parler à sa guise et d’apprendre le maximum de langues pour s’exprimer, tout comme le fit Charles Quint qui a dit :
« J’ai appris l’italien pour parler au pape; l’espagnol pour parler à ma mère; l’anglais pour parler à ma tante; l’allemand pour parler à mes amis; le français pour me parler à moi-même ».