Israël semble revenir sur le devant de la scène d’une manière plus sereine. Entre qualification européenne au football, médaille d’or en gymnastique rythmique et actualité diplomatique intense mais fructueuse, l’Etat Hébreu semble avoir enclenché un « soft » power maîtrisé et de grande ampleur tant dans sa zone d’influence qu’en Europe.
Le « Club-Nation » du Maccabi Tel-Aviv, un champion d’Europe
Que ce soit par les championnats d’Europe de gymnastique ou les résultats footballistiques, les athlètes israéliens se sont illustrés ces dernières semaines, rappelant que le pays est intégré aux compétitions continentales en la matière. Toutefois, s’il est davantage un sport qui a permis de mettre le nom d’Israël sur la carte du monde, il tient en trois mots et deux couleurs.
Club omnisport à l’instar des mastodontes espagnols du Real Madrid ou du FC Barcelone, le Maccabi Tel-Aviv est le symbole du pays tout entier. Plus précisément, la section basket qui dispose d’une aura qui dépasse les frontières et repousse toujours plus loin la reconnaissance sportive avec des résultats exceptionnels.
Multi-titrés en Championnat, Les « Jaunes et Bleus » du Maccabi ne sont rien de moins qu’une des meilleures équipes du basket européen, vainqueur six fois de la plus grande compétition réunissant la crème de la balle orange, après la NBA : l’Euroleague.
Recensant dans toute son histoire des cadors à faire pâlir d’envie les plus grands clubs du continent tels que le meneur Tal Brody, l’arrière Doron Jamchy, un des totems du club qui mènera la sélection israélienne lors de l’Euro de basket en 1985 dont il finira meilleur marqueur de la compétition ou encore l’arrière Miki Berkovich.
Une grande relation avec les joueurs américains liera également le « Club-Nation » avec des stars comme Anthony Parker, dont la sœur Candace est aussi, par ailleurs, une des meilleures basketteuses de sa génération et une cadre de « Team USA » avec un palmarès considérable.
Sans compter le meneur Derrick Sharp qui aura passé une bonne partie de sa carrière au Maccabi, le pivot croate Nikola Vujčić qui est toujours le manager de l’équipe première à l’heure actuelle et est détenteur de la nationalité israélienne désormais ou encore du génial meneur lituanien Sarunas Jasikevičius, entraîneur actuellement de la section basket du FC Barcelone, un des meilleurs joueurs de sa génération en Europe et en sélection nationale. Ainsi que les multiples joueurs américano-israéliens tels que Aulcie Perry, Earl Williams, Willie Sims, LaVon Mercer, Howard Lassof, Jordan Farmar ou David Blu.
Des pointures et des références qui ont participé à la construction du mythe du Maccabi dans les différentes compétitions européennes à partir des années 70. Une époque durant laquelle Israël aura réussi à faire parler de lui autrement que par l’actualité dans une région si compliquée par son histoire.
Bref, un véritable « Who’s Who » de tous les joueurs qui ont compté dans le basket européen sur ces 40 dernières années et qui ont construit la légende du Maccabi.
Cette culture de la gagne, ce vivier de basket qui s’est nourri par l’histoire et cette force ont fait que le Maccabi Tel-Aviv a marqué la compétition européenne mais pas seulement.
C’est aussi un des tous premiers clubs européens qui a vaincu sur le terrain au début et au mitan des années 80 des équipes américaines de la fameuse NBA lors de matchs d’exhibitions, une sacrée performance pour qui connaît la puissance de frappe des Américains sur le basket mondial.
Le Maccabi ne suscite dès lors aucun débat sur sa participation en Euroleague en tant que club européen à part entière. Tant et si bien que ses six victoires dans la prestigieuse compétition en 1977, 1981, 2001, 2004 lors d’une finale dominée de la tête et des épaules (victoire 118-74 face aux italiens de Bologne, un record !!), 2005 et 2014 résument finalement assez bien l’aura que représente ce club en Europe.
Une salle qui respire le basket, un public de connaisseur et une représentation de tout un pays grâce des résultats réguliers et une équipe dure au mal.
Même si, depuis quelques saisons, le club est rentré dans le rang, le Maccabi Tel-Aviv continue chaque année de ramener un trophée sur la scène nationale et de bien figurer sur la scène continentale au milieu des Real Madrid, FC Barcelone, Panathinaïkos Athènes, Fenerbahçe Istanbul et autres CSKA Moscou.
Preuve en est que lorsqu’une équipe respire autant le jeu, on peut intégrer son pays (Israël, Russie, Turquie) pour les joutes européennes sans aucun problème.
Une place confirmée dans le sport européen
Alors, un pied en Europe ou en Asie ? Quelle est vraiment la place d’Israël dans le concert des nations sportives ? Serait-elle à l’instar de la Turquie, où la politique internationale rencontre le sport et qui fait dans ce domaine l’objet de la même contestation sur sa présence en Europe.
Ou alors plutôt à l’image de la Russie dont une large partie de la géographie est transcontinentale entre Asie et Europe, Israël se légitimerait par le « soft power ». Avec des contraintes historiques et politiques et un contexte de tensions croissantes certes mais également une volonté de s’immiscer en occident, là encore, à l’instar de la Turquie qui conserve une certaine tradition mais s’est tournée vers l’Europe pour ancrer sa modernité lors de la fondation de la République turque en 1923.
Une sorte de « en même temps » cher au président français Emmanuel Macron mais qui peut se comprendre par un contexte mondial difficile avec la crise du « Covid-19 ».
Face à l’inconnu, il faut parfois faire bouger les lignes et tenter d’avancer sans s’obstiner sur ses valeurs. Une nécessité également avec des États plus ou moins lointains tels le Qatar et l’Arabie Saoudite qui, pour des raisons différentes, doivent aussi « accepter » ce voisin face à la menace iranienne et son arsenal nucléaire dont l’ombre plane si souvent dans la région.
Après tout, comme le disait le Général de Gaulle en 1959 : « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde ! ».
Si géographiquement Israël est en Asie, après tout, Chypre, membre de l’Union européenne depuis 2004, n’est-elle pas non plus au sud de la Turquie et face aux côtes syriennes et libanaises ?
Et à l’instar de certains pays tels que l’Australie qui évolue dans la zone Asie ou le Kazakhstan ou l’Azerbaïdjan sur la confédération européenne, plus personne ne conteste la présence sportive israélienne en Europe depuis longtemps grâce aux résultats obtenus dans de nombreux domaines.
C’est déjà une grande victoire pour Israël et pas seulement au basket. Dans un monde où les frontières sont sans cesse repoussées par le numérique, qui a toujours été un enjeu stratégique pour le pays, mais dans lequel les murs se construisent par la peur, Israël représente finalement assez bien ce paradoxe.
Un ancrage en Europe mais avec les problématiques de sa région en toile de fond et une capacité d’adaptation à toute épreuve quelque soit l’enjeu stratégique en cours. Comme au basket avec le Maccabi où l’essentiel est de marquer un point de plus que l’adversaire pour remporter la partie.
koide9enisrael.blogspot.com
Source Taurillon