A SAVOIR. Our Boys est une minisérie télévisée américano–israélienne créée par Hagai Levi, Joseph Cedar et Tawfik Abu-Wael, diffusée simultanément sur Canal+ et Canal+ Séries.
Basée sur des faits réels, le meurtre de Mohammad Abou Khdeir, la série suit un agent du Shabak, Simon Cohen, qui enquête sur le meurtre de Mohammad Abou Khdeir dans un climat de haine anti-arabe causé par l’enlèvement suivi de l’assassinat de trois adolescents israéliens par des terroristes palestiniens durant l’été 2014. Durant l’été 2014, des militants du Hamas kidnappent et tuent trois adolescents juifs. Deux jours après, un adolescent palestinien de Jérusalem Est est retrouvé calciné. Un agent du Shin Bet, Simon, de la Division Terroriste Interne, commence à enquêter sur ce meurtre…
DANS TELERAMA. « Benyamin Netanyahou, accuse la nouvelle série de Hagai Levi de « salir » Israël. Et appelle au boycott de Channel 12, la chaîne qui la coproduit – et par ailleurs multiplie les révélations sur les affaires qui visent le chef du gouvernement israélien.
Un grand groupe de télévision israélien complice d’une série antisémite ? C’est l’avis du Premier ministre, Benyamin Netanyahou, qui, le vendredi 30 août 2019, s’en est pris très violemment à Our Boys, nouveau feuilleton événement coproduit par Channel 12 (propriété de Keshet, la principale société audiovisuelle privée d’Israël) avec la chaîne américaine HBO, qui la diffuse depuis la mi-août. En France, c’est Canal+ qui en a acquis les droits et devrait prochainement la programmer.
Attendue de longue date, Our Boys est la dernière-née des créations de Hagai Levi, scénariste star en son pays (Be Tipul) et figure respectée de la télé américaine (In Treatment, The Affair). Ecrite avec l’auteur arabe israélien Tawfik Abu Wael, et réalisée par le cinéaste Joseph Cedar (Beaufort), la série, qui comprend des prises de vues documentaires, relate les événements tragiques qui ont conduit, l’été 2014, à la guerre de Gaza – selon l’ONU, l’épisode de conflit israélo-palestinien le plus meurtrier depuis la guerre des Six-Jours.
Inspiré de faits réels qui avaient bouleversé le pays, le scénario réveille des souvenirs particulièrement douloureux au sein des communautés israélienne et palestinienne, puisqu’il traite à la fois de l’enlèvement de trois adolescents juifs alors qu’ils faisaient de l’auto-stop, retrouvés morts après dix-huit jours de recherches, et de l’assassinat, en représailles, d’un jeune Arabe de Jérusalem-Est.
Et c’est justement cet élément de l’histoire qui suscite le courroux de l’actuel chef du gouvernement, qui doit affronter le 17 septembre, dans un contexte politique très troublé, de nouvelles élections législatives. « L’intrigue se concentre sur un cas, le meurtre d’un garçon arabe de Jérusalem – ce qui est choquant, mais rare », a notamment déclaré Benyamin Netanyahou, rapporte le journal Haaretz. Et d’inviter ses concitoyens à boycotter Channel 12, en incriminant « son choix de nous salir à la face du monde, en proférant des mensonges contre l’État d’Israël ». Avant de se fendre, sur son compte Facebook, d’un post assassin accusant la chaîne de propager des « fake news ».
Ce n’est pas la première fois que Channel 12 subit les foudres du Premier ministre. Accusée, cette fois, de traiter sur le même plan l’assassinat de jeunes Israéliens juifs et d’un jeune Arabe israélien, et de laver sous les yeux du monde le linge sale de la société israélienne (la série semble mettre à nu de nombreuses fractures et hypocrisies qui fissurent jusqu’à l’intérieur de ses communautés), la chaîne du groupe Keshet a même plutôt l’habitude de déchaîner les foudres du leader de la droite israélienne. Et pour cause : elle tient régulièrement ses téléspectateurs informés des soupçons de corruption et des ennuis judiciaires pesant sur un certain… Benyamin Netanyahou. L’appel au boycott de Channel 12 fait d’ailleurs suite au rejet par la Haute Cour de justice d’une demande du Likoud (le parti du Premier ministre) d’empêcher la publication par la chaîne de nouveaux éléments à charge contre le chef du gouvernement ».