EDITORIAL. TEMOIGNAGE. Je suis arrivé en Israël hier matin (Vol Air France) un peu après minuit. Je passe sur les très nombreux obstacles et contrôles permanents que j’ai dû subir comme tous les voyageurs. Enfin, je sors de l’avion et me dirige vers la sortie de l’aéroport Ben Gourion.
Et là un vrai cauchemar m’attends. Nous sommes tous bloqués dans un long, très long couloir. Personne ne sait ce dont il s’agit. Des cris, des pleurs, des chapeaux noirs, des chaises roulantes empêtrées, des mains qui s’agitent, une ambiance de guerre.
Les Iraniens ont-ils décidé de nous attaquer? Israël a t-il été atteint par des tirs de missiles venant de Gaza? Un avion a t-il été détourné? Une tuerie a t-elle eu lieu sur Dizingoff Street? Un Coup d’Etat mené par des fous a t-il eu lieu à Jérusalem? Pas du tout…
Après quelques minutes d’attente je me déplace à toute vitesse, homme « invisible » et déterminé, style superman, sauveur d’une foule en colère, vers le premier rang! Scène étonnante : des dizaines de tables avec ordinateurs sont là. Des jeunes au profil militaire demandent aux voyageurs leurs papiers de santé. Des Russes sont là. On cherche un traducteur. Un juif orthodoxe de Bnei Brak est perplexe. Il ne comprend pas l’hébreu. J’aide à la traduction. Une jeune femme française a une attaque d’angoisse. Je hurle aux militaires de la sauver de là. Ils ne savent pas que faire face à mes ordres indiscutables. La pauvre femme est embarquée avec précipitation au bord de la crise de nerf.
C’est plus fort que moi : je pense dans ce long couloir de l’Aéroport Ben Gourion à la milice française qui a embarqué durant la guerre les juifs au Vel d’Hiv. Ils ont subi un long calvaire. Je cherche si une « Simone Veil » est là. Impossible d’éliminer de mon esprit ce moment terrible vécu par les juifs de France durant la guerre.
Ici à Ben Gourion aucun coup de fouet sur les voyageurs venant de France, mais une réalité éclate : l’incompétence flagrante des managers israéliens de l’aéroport face au COVID-19.
L’aéroport Ben Gourion n’informe pas les voyageurs lors de leur arrivée dans l’Etat Hébreu. Les employés de base font tout pour être aimables. Mais, chose rarissime en Israël, les responsables de l’Aéroport ne sont pas là physiquement.
Ils se sont cachés dans les barques invisibles, comme l’armateur du Titanic qui a trouvé, comme un lâche, une chaloupe de sauvetage pour quitter le navire, laissant tant d’autres mourir. Sont-ils des lâches? Certainement. Des crétins? Je ne sais pas… J’ai décidé de contacter Miri Regev, ministre des transports en Israël. Elle est la seule femme du Gouvernement qui sait dire en hurlant et avec une grande force (à la mode des militaires de Tsahal) de langage les quatre vérités à des managers sur-payés de cet aéroport qui est … vraiment et objectivement magnifique (son architecture est extraordinaire).
Dr Daniel Rouach.