La chanteuse et actrice Juliette Gréco, qui a eu l’occasion de se produire sur la scène israélienne à l’Auditorium de l’Heichal Hatarbut Mann à Tel-Aviv, est morte mercredi, à Ramatuelle (Var), à 93 ans. « J’aime Israël, j’aime le peuple d’Israël qui traverse tant d’épreuves et qui, malgré tout, aime rire, sortir, aller au spectacle, en un mot vivre“, dira-t-elle au micro de Nathalie Sosna Ofir.

  • Les obsèques de Juliette Gréco auront lieu le lundi 5 octobre, à Paris. Une cérémonie se tiendra à l’Église Saint-Germain-des-Prés, avant une inhumation « dans la plus stricte intimité », a précisé sa petite-fille, Julie-Amour Rossini.
  • Depuis l’annonce de sa disparition, les hommages se comptent par milliers sur les réseaux sociaux, où personnalités et anonymes saluent la mémoire d’une chanteuse aux multiples facettes.
  • Cette figure emblématique de la chanson française à textes, durant ses presque 70 ans de carrière, a travaillé avec les plus grands. De Jacques Prévert à Serge Gainsbourg, en passant par Raymond Queneau, Léo Ferré ou encore Boris Vian, Juliette Gréco a marqué la scène française en se faisant l’interprète des plus grands auteurs de ces dernières décennies.

LE PLUS.

En 2011, dans une interview accordée à Maryline Médioni, notre Directrice de la Rédaction, alors fondatrice du magazine Vision d’Israël, Juliette Gréco avait clamé son amour d’Israël et du peuple israélien.

Maryline Medioni : Comment avez-vous sélectionné ces douze chansons ?
Juliette Greco : Pour fêter mes 80 ans, ma maison de disque m’a proposée de créer des chansons qui appartenaient au répertoire classique de la chanson française. Chacune de ces chansons me renvoyait à une histoire personnelle de ma vie, à des souvenirs, une mémoire que j’ai voulu partager avec mon public. Il y a des chansons hommages et des chansons souvenirs et, bien souvent, les deux se rejoignent.

M.M : Racontez-moi l’histoire de deux de ces chansons…
Juliette Greco : Et bien par exemple, La chanson de Prévert est une chanson que j’avais complètement oubliée parce que je l’avais chantée avec son auteur, Serge Gainsbourg. Je me suis dis que, là-haut, il devait m’entendre et me voir et qu’il était temps que je lui prouve combien je l’aimais, et ainsi, ai-je voulu lui rendre hommage. C’est une chanson amitié.

Celle qui me tient également à cœur est Over the Rainbow. Lorsque j’étais âgée de 16 ans, je suis sortie de prison et ..

M.M : Quoi ? Vous avez fait de la prison ?
J. G. :
 En 1943, j’ai été incarcérée à Fresnes lorsque ma mère et ma sœur ont été arrêtées par la Gestapo puis déportées pour leur participation à la résistance. Ma mère cachait des Juifs chez nous à la maison. Vous savez, je voyais toutes sortes de gens venir et repartir et bien que l’on m’ait rien dit, j’avais compris. Donc, lorsque je suis sortie de prison, je suis allée chez mon professeur de français qui habitait Place Saint Sulpice. Il était interdit de chanter des chansons américaines ou anglaises et la, dehors, je me suis mise à chanter du plus fort que j’ai pu Over the Rainbow, ce fut mon dernier acte de résistance ! Plus tard, ma mère et me sœur ont eu la chance de revenir des camps.

M.M : C’est ce qui explique l’importance d’Israël pour vous ?
Juliette Greco : Oui ! J’aime ce pays, j’aime le peuple d’Israël qui traverse tant d’épreuves et qui, malgré tout, aime rire, sortir, aller au spectacle, en un mot : vivre !

M.M : Juliette, quelle est votre plus belle chanson ?
J. G : La prochaine, celle que je ne connais pas encore, celle que je n’ai pas encore chantée

M.M : Etes vous une femme de l’avenir ?
J. G : Oh oui ! Je ne me retourne jamais sur mon passé, je vais de l’avant, toujours ! Je suis une passionnée, une combattante.

M.M : Comment expliquez vous ce destin extraordinaire qui est le votre ?
J.G :
 Je ne sais pas, mais j’ai de la chance et tous les matins lorsque je me réveille, je dis merci ! A mon âge, je suis encore pleins de projets, j’ai de la chance, ‘c’est tout.

M.M : Quel souvenir ou, du moins, que souhaiteriez-vous que les gens disent de vous quand vous ne serez plus la ?
J.G : Oh.. je ne sais pas.. Que chacun prenne de moi ce qu’il lui plait. Je pense que j’ai accompli de belles choses dans ma vie même si je ne suis pas un ange.. Mais je n’ai jamais fait de mal à personne.

M.M : Ni ange, ni démon ? Juliette Greco qui êtes-vous ?

J.G : (rires) Non ! Ni l’un ni l’autre ! Je suis une femme, tout simplement, éprise de liberté et d’amour, plus toute jeune il est vrai, mais si heureuse de vivre ! Je n’ai ni regrets ni remords !

La rédaction Le Monde Juif .info |

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