C’est la première traduction concrète de l’annonce d’une normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis.Un entrepreneur vivant aux Émirats arabes unis peut désormais joindre par téléphone un interlocuteur israélien, et réciproquement. Cette ligne directe doit faciliter la coopération économique entre les deux pays.
Jusqu’au jeudi 13 août, les deux pays n’entretenaient officiellement aucune relation diplomatique et a fortiori, économique. Les Émirats arabes unis, membres de la Ligue arabe depuis leur création en 1971, se devaient d’obéir au « boycott » des produits et services venus d’Israël. Mais dans les faits, des coopérations économiques existaient déjà, soumises à un secret d’airain. « Par l’intermédiaire de filiales étrangères, des entreprises israéliennes travaillaient à Dubaï depuis plusieurs années. Il y avait déjà toutes sortes d’échanges qui passaient par des pays tiers » avance Jacques Bendelac, enseignant-chercheur à Jérusalem.
« Les Émirats arabes unis ont de l’argent à investir. Israël a une expertise technologique. Les deux pays vont bénéficier mutuellement de ces ressources » analyse Jacques Bendelac. Le pays du Golfe, au 7e rang mondial des producteurs de pétrole, cherche à diversifier ses placements et mise sur le secteur des nouvelles technologies, qui est précisément l’une des forces de l’économie israélienne. L’État hébreu est en effet très en pointe dans des domaines comme la cybersécurité, les technologies médicales ou l’intelligence artificielle.
Les Émirats arabes unis souhaitent bénéficier de ce dynamisme et de l’avantage du premier entrant sur ce marché – ou « avantage pionnier » – si Israël signe des accords similaires avec d’autres pays de la péninsule arabique.
L’économie au cœur de l’accord
Pour Denis Charbit, le volet économique de l’accord est même le seul où existe une « convergence d’intérêts sans ambiguïté » entre les parties. « L’économie, c’est le cœur même de l’accord », estime-t-il. Il compare : « Avec l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994, Israël a signé des accords de paix. Les échanges économiques n’étaient qu’un aspect collatéral. Alors qu’avec les Émirats, c’est un accord de normalisation : on renonce à l’hypocrisie et on donne de la légitimité aux échanges. »
Denis Charbit s’attend également à des retombées importantes pour le secteur du tourisme, une fois la crise du coronavirus passée. L’accord prévoit en effet l’établissement de liaisons aériennes et l’émission de visas. « La fréquentation de l’aéroport international de Dubaï (le troisième le plus fréquenté au monde) va exploser. Tous les Israéliens vont passer par là ».
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