G.M. Les conséquences négatives pour Israël sont réelles même s’il est difficile de les quantifier ne serait-ce que du fait de ses résultats indirects : on ne connait pas le volume d’échanges non effectués, les marchés non conclus, les tournées d’artistes non effectuées sans que le mot de boycott soit prononcé ou la « situation » soit évoquée.
Pour les conséquences directes, le boycott des produits cosmétiques de la mer morte est un bon exemple. Quoique l’usine se trouve à l’intérieur de la ligne verte (et donc il ne s’agit pas d’une colonie) ses produits, ses boutiques franchisées et ses importateurs ont été ciblés par des manifestations et autres formes de pressions parce qu’une partie de matières premières utilisées a été extraite de l’autre côté de la ligne verte. Cette campagne, efficace du point de vu de la communication, n’a eu pour autant qu’un impact faible sur l’entreprise dont l’actionnaire principal aujourd’hui est chinois.
Pourquoi l’action du BDS est-elle contestée? Quels pourraient être les effets de ses actions pour les Palestiniens travaillant dans des colonies ?
G.M. L’objectif majeur est de remplacer l’Afrique du Sud des années 1980 par Israël et dans ce sens le mouvement gagne des points. Sa force réside dans sa capacité de dissimuler cet objectif pour pouvoir mobiliser ceux qui souhaitent uniquement mettre la pression sur le gouvernement israélien afin de le faire changer de politique. Et puis il y a la question de la véritable motivation de ceux qui se focalisent sur Israël au point d’en faire la source du Mal sur terre. Quand il s’agit de la politique marocaine en Sahara occidentale ou de la politique kurde de la Turquie, il est très difficile de mobiliser des centaines de milliers d’étudiants, de lancer de campagnes ou d’attirer l’attention des médias. Tout le monde s’en fout éperdument.