« L’Iran dévore ses voisins les uns après les autres : le Liban, le Yémen et il essaie de faire la même chose en Syrie et en Irak », a déclaré très récemment le Premier ministre israélien. La démission de Saad Hariri annoncée ce jour n’étonne pas vraiment à Jérusalem.

« La démission du Premier ministre libanais et ses déclarations sont un signal d’alarme pour la communauté internationale pour qu’elle agisse contre l’agression iranienne qui tente de transformer la Syrie en un second Liban », a déclaré M. Netanyahu. « Cette agression met non seulement en danger Israël, mais tout le Moyen-Orient. La communauté internationale doit s’unir et contrer cette agression », a-t-il ajouté.

Le Monde : « Le premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé sa démission, samedi 4 novembre, à la surprise générale. Il a accusé le Hezbollah chiite et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban et a affirmé avoir peur d’être assassiné. M. Hariri a annoncé sa démission depuis l’Arabie saoudite, où il se trouve actuellement et dont c’est un protégé, dans un discours retransmis par la chaîne Al-Arabiya : « L’Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région (…). Le Hezbollah est le bras de l’Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes. Ces dernières décennies, le Hezbollah a imposé une situation de fait accompli par la force de ses armes. »

M. Hariri est ouvertement en conflit avec le Hezbollah qui, en 2011, avait renversé son premier gouvernement après la démission de ses ministres, le poussant à quitter le pays avant d’y revenir en juin 2016. Selon les informations du Monde, l’un des conseillers de M. Hariri lui avait déjà suggéré de démissionner il y a quelques semaines, mais l’idée avait alors été écartée. Le bureau de presse du président Michel Aoun a annoncé que ce dernier allait attendre le retour de M. Hariri pour s’informer auprès de lui « des circonstances de la démission afin de décider de la suite ».

« J’ai senti ce qui se tramait dans l’ombre »

L’Iran a réagi à cette mise en cause par son ministère des affaires étrangères. Son porte-parole, Bahram Ghassemi, a parlé « d’accusations sans fondement contre l’Iran » dont « la répétition montre que cette démission est un nouveau scénario pour créer des tensions au Liban et dans la région ».« La subite démission de M. Hariri et son annonce depuis un pays tiers est non seulement regrettable et surprenante mais montre qu’il joue sur un terrain conçu par ceux ne veulent pas le bien de la région (…) Avec la fin proche de Daech dans certains pays de la région, le temps est venu de (…) réparer les dégâts causés par les terroristes créés par les Etats-Unis et leurs alliés régionaux ».
La démission de Saad Hariri survient un an après sa nomination. La coalition qu’il dirigeait regroupait la quasi-totalité de l’échiquier politique libanais, Hezbollah compris. Elle a également permis à l’ancien général Michel Aoun, allié du mouvement chiite, de prendre la présidence du pays, comme le veut le système de partage du pouvoir entre communautés qui prévoit que le poste de chef de l’Etat revient à un chrétien maronite.
Le puissant mouvement armé est aussi un allié crucial du régime de Bachar Al-Assad dans la guerre en Syrie voisine. Il est soutenu par Téhéran et est le seul parti libanais à avoir gardé ses armes après la fin de la guerre civile au Liban (1975-1990). La guerre en Syrie a encore accentué les divisions au Liban, entre détracteurs et partisans du régime de Damas. Saad Hariri, hostile au régime syrien, fait partie des premiers. Il a d’ailleurs accusé Téhéran d’avoir « créé des dissensions parmi les enfants d’un même pays, créé un Etat dans l’Etat (…) jusqu’à avoir le dernier mot dans les affaires du Liban ».
« J’ai senti ce qui se tramait dans l’ombre pour viser ma vie », a-t-il déclaré, affirmant que le Liban vivait une situation similaire à celle qui prévalait avant l’assassinat de son père, Rafic Hariri, ancien premier ministre. Quatre membres du Hezbollah sont mis en cause dans ce meurtre qui a ébranlé le Liban en 2005. Dans sa diatribe, M. Hariri s’est adressé directement à l’Iran. « Je veux dire à l’Iran et à ses inféodés qu’ils sont perdants dans leur ingérence dans les affaires de la nation arabe. » « Notre nation se relèvera (…) et va couper la main qui lui portera préjudice », a-t-il prévenu.
Source : http://www.lemonde.fr

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