Intox? Dans son livre Mirage gay à Tel Aviv (éd. Libertalia), le journaliste très controversé Jean Stern, qui a toujours eu des prises de position viscéralement anti-Israël, a enquêté sur la politique vis à vis des gays d’Israël. Une stratégie de communication à plusieurs dizaines de millions d’euros selon lui.

Selon NEON (1), magazine arc-en-ciel : Pourquoi ce livre ?
Jean Stern, anti pink washing : Il y a eu deux facteurs déclencheurs. Le premier, en 2013, avec le premier mariage d’homosexuels en France : deux militants montpelliérains se sont dit oui, filmés par le monde entier. Et quelques jours après, je me rends compte qu’ils ont été invités à Tel Aviv, qu’ils sont partout, à la une des journaux, sur internet, reçus à l’ambassade de France en Israël. J’ai trouvé extraordinaire qu’un pays comme Israël, qui ne reconnaît pas le mariage civil, et encore moins le mariage homo, invite des mariés français.
A la même époque, j’avais de plus en plus de relations qui partaient s’éclater à Tel Aviv malgré le coût du séjour. Le deuxième point, c’est qu’en 2015, à Oakland (Nouvelle-Zélande), la Gay Pride avait deux invités d’honneur : l’armée néozélandaise, et un cortège de l’ambassade d’Israël. Ils étaient là pour vendre la destination gay. Une dizaine de queers radicaux a interrompu la manifestation avec des slogans contre l’occupation en Palestine et le service d’ordre, composé de Gardiens de la foi [militants évangélistes gays, assez puissants dans les pays anglo-saxons] les ont expulsés. C’est la première fois de ma vie que je voyais des gays expulser des gays d’une manifestation gay.
C’est quoi, le pink washing ? 
En bon français, on dirait « lave plus rose ». C’est inspiré d’une opération menée depuis le début des années 2000 sous la pression des écologistes : le green washing, qui consistait à afficher des performances environnementales autant que mettre des plantes vertes dans le hall de l’immeuble. Le pink washing s’en est directement inspiré et Israël en a fait un atout maître, non pas pour se faire connaître, comme Berlin [les deux villes ont fait appel au même cabinet de marketing spécialisé, Out Now], mais pour changer son image.
Est-ce qu’Israël est devenu plus gay-friendly pour autant ?
Israël reste très homophobe, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 47% des Israéliens considèrent que l’homosexualité est une maladie, contre moins de 10% en France et moins de 5% en Espagne ou en Belgique. Israël est un pays fracturé, d’abord entre laïcs et religieux, puis gauche et droite, colons et non colons, et aujourd’hui entre les hétéros et les gays. Tel Aviv a joué le rôle d’aspirateur à gays dans ce contexte car beaucoup étaient ostracisés, victimes de violence. Mais Israël reste un pays fondamentalement homophobe, dans une région fondamentalement homophobe.
Comment s’est mis en place le pink washing ? 
En 2008-2009, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères n’ignorait rien des problèmes d’image de son pays. Ils ont mis en place une cellule « Brand Israël », avec des grandes agences. Ils ont identifié deux leviers : la High Tech ; et Tel Aviv, ville laïque et ouverte. C’est devenu très vite la ville de la fête, « la ville qui ne dort jamais », et plusieurs diplomates leur ont dit qu’il y avait un modèle de ville gay à vendre. A partir de 2009, il y a donc eu des campagnes d’invitation de journalistes gays et du marketing direct dans les médias LGBT. C’est un investissement estimé à environ 180 millions de dollars sur cinq ans. Les touristes ont commencé à arriver massivement en 2011-2012. A cette époque, il y avait 7000 ou 8000 touristes gays étrangers pour la Gay Pride. En 2017, c’était plus de 35 000.
(1) https://www.neonmag.fr
LE PLUS. SELON ACTUALITE JUIVE : « Fondateur en 1979 du journal « Gai Pied » et aujourd’hui rédacteur en chef du journal d’Amnesty International, Jean Stern vient de lever un sacré lièvre dans son dernier ouvrage « Mirage Gay à Tel-Aviv » (Libertalia). Selon lui, la tolérance de la « ville blanche » vis-à-vis des homosexuels n’est qu’une « stratégie marketing et politique orchestrée par l’Etat israélien pour camoufler la guerre, l’occupation, le conservatisme religieux et l’homophobie » de la société israélienne. Le complotisme dont fait ainsi preuve le responsable d’Amnesty International illustre au bout du compte assez bien la ligne systématiquement anti-israélienne dont fait preuve son organisation depuis des années ».

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