Tel-Aviv (Daniel Rouach). En Israël, c’est le non-débat absolu. Faut-il s’interdire de vendre des startups technologiques israéliennes qui pourraient un jour émerger avec splendeur? On en parle très peu en Israël.
L’Etat encaisse à court terme des montants considérables et n’a pas trop intérêt à ouvrir un vrai débat public. Dans un contexte ultra-libéral, les entrepreneurs qui vendent leurs startups à prix astronomiques déchantent très vite.  Ils encaissent des sommes considérables après avoir travaillé 70 heures par semaine durant au moins trois à cinq ans. et sont en général très heureux le jour de l’annonce dans les médias. Ils gagnent un pactole incroyable … mais finissent tous par le regretter. En effet, ils ont souvent l’impression qu’une aventure mondiale leur échappe. Qu’ils ont vendu trop tôt.(DR). Quelques extraits d’articles intéressants que nous avons sélectionné pour réfléchir sur cette question essentielle pour le futur d’Israël :
Shmuel Hauser, président de l’Autorité israélienne de régulation : « Nous voulons abandonner la culture de l’exit de start-ups en faveur du maintien du capital humain et des activités commerciales en Israël. Nous avons constaté que pour chaque dollar perçu par un entrepreneur lors de la vente de son entreprise à un acheteur étranger, l’État perd beaucoup plus. Si vous prenez en compte l’impact indirect sur l’économie et le fait que toutes les opérations de l’entreprise s’effectueront désormais à l’étranger, les pertes sont souvent triples ». (Extraits de l’excellent blog de Jacques Benillouche)
La Tribune : « Depuis les débuts du virage high-tech, dans les années 1990, la plupart des entrepreneurs développent leur startup avec l’idée de se faire racheter pour réaliser une juteuse plus-value. Une stratégie d’exit valorisée par la société.« Nous sommes excellents pour développer des startups, moins pour les faire grandir, car nous n’avons pas la culture du management à grande échelle », expliquait à La Tribune, en avril dernier, Avi Hasson, directeur de l’innovation (chief scientist) au ministère de l’Économie et de l’Industrie israélien.
Conséquence : on trouve des technologies israéliennes dans tous les ordinateurs, dans tous les téléphones portables, mais ce sont les grandes multinationales – souvent américaines, de plus en plus chinoises – qui en profitent. Qui se souvient que Waze, l’outil de navigation de Google, est israélien ? Que la technologie de la clé USB vient de la startup M-Systems ? Ou encore que la messagerie instantanée, qui a révolutionné la manière de communiquer sur Internet, a été inventée par Mirabilis, cédée en 1998 à AOL pour 407 millions de dollars ?
Beaucoup souhaitent donc transformer la « startup nation » en « scale up nation ». Faire naître davantage de licornes – ces startups valorisées au moins 1 milliard de dollars – pour dynamiser l’écosystème de l’intérieur. La vente de Waze à Google en 2013, pour 1,15 milliard de dollars, a fait office de détonateur. « Pourquoi donne-t-on notre valeur à d’autres pays, alors qu’on pourrait créer des géants israéliens ? Comment inciter les potentielles licornes à ne plus céder à la tentation de l’exit ? », se demande Shahar Waiser, le PDG de Gett, le rival israélien d’Uber et l’une des 11 licornes du pays. »
LE PLUS. Frenchweb.fr : «Une ‘Start-up Nation’ est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une», déclarait Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République. L’expression n’est bien sûr pas nouvelle; ce sont les auteurs israéliens Dan Senor et Saul Singer qui la vulgarisent dans un livre éponyme dès 2009. A l’image d’Israël qui, dix ans plus tard, continue d’entretenir cette image à travers le monde, le président Macron devra, si il suit cette promesse, insufler une forte culture entrepreneuriale dans chaque secteur économique. Au final, quels sont les resorts d’une vraie ‘StartUp Nation‘? Le modèle est-il adaptable à la France?
Tandis qu’Israël investit 4,3% de son PIB dans la R&D (d’après la Israel Innovation Authority), la StartUp Nation est surtout connue pour être la terre d’accueil des grands centres R&D des groupes mondiaux. Sur cette rive de la Méditerranée, 9% de la population active est employée dans l’innovation. Le taux de chômage y est inférieur à 5%. Autant d’atouts qui l’ont d’ailleurs placé dans le Top 10 des économies les plus innovantes pour l’année 2017, selon Bloomberg.
Plus qu’une culture, la StartUp Nation oriente les politiques sociales. De fait, seuls 3% des actifs d’origines arabe sont employés dans l’innovation. Et parmi les juifs orthodoxes, la proportion est toute aussi faible. Diverses initiatives ont donc été mises en place pour faire que les opportunités du digital touchent l’ensemble des 8,5 millions d’habitants (dont 1,7 million d’arabes) que compte le pays.
 

Penser global, dès la création de l’entreprise

En Israël, la mondialisation fait partie de l’histoire du pays. Des premiers migrants russes arrivés à la fin du XIXe siècle, aux travailleurs chinois qui arrivent aujourd’hui pour construire le pays, la culture start-up s’est fortifiée sur une vision globale de l’économie et des échanges. Israël compte actuellement 70 sociétés de capital-risque, dont 14 sont étrangères (venant de Chine, Inde, Australie, Europe, et Etats-Unis) pour venir financer les 6 000 start-up du territoire.
Avant d’atteindre le stade de la rentabilité, les jeune pousses cherchent d’abord à faire connaître leur technologie au niveau mondial. Créée en 1999, Mobileye, le fleuron national spécialisé dans les assitants de conduite pour la voiture autonome, a attendu 2008 avant de vendre sa solution à BMW. Sa stratégie a d’abord été de se positionner comme un sous-traitant innovant pour les grands constructeurs automobiles. Racheté en février par l’Américain Intel, il est désormais au stade de l’internationalisation, grâce cette alliance3.

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