Deux leaders du milieu sportif allemand ont émis l’idée d’une candidature israélo-allemande pour les JO de 2036, soit 100 ans après ceux du IIIe Reich. Le but ? Envoyer « un signal fort de paix et de réconciliation. »


« Berlin et Tel Aviv devraient demander conjointement d’accueillir les Jeux en 2036 – 100 ans après les Jeux nazis de 1936. » C’est l’en-tête d’une réflexion partagée dans une tribune ouverte au sujet des Jeux olympiques d’été qui auront lieu dans 15 ans. Publié le 3 avril dans le Berliner Morgenpost, l’un des principaux quotidiens de la capitale allemande, le texte est signé par le président de l’association olympique allemande, Richard Meng, et celui qui fut il y a trois ans, l’organisateur des championnats d’Europe d’athlétisme à Berlin, Frank Kowalski.

Les deux personnalités du monde sportif allemand tablent qu’en 2036, ce sera au tour de l’Europe d’accueillir les Jeux olympiques et pourquoi pas l’Allemagne. Or, 2036 apparaît comme « vraiment une date difficile pour l’Allemagne et Berlin », écrivent Richard Meng et Frank Kowalski. Tout le monde se souvient des Jeux de Berlin, 100 ans auparavant, marqués par la promotion hitlérienne de l’idéologie de la supériorité de la race aryenne et l’atmosphère de xénophobie et d’antisémitisme qui y régna.

Montrer ce qui « a changé et doit encore changer ».

C’est pourquoi, Richard Meng et Frank Kowalski proposent l’idée d’envoyer « un signal qui ne supprime pas le fardeau historique, mais assume la responsabilité qui en découle. » Précisant que l’année 2036 pourrait être l’occasion de montrer au monde ce qui en un siècle « a changé et doit encore changer. » En somme, réunir Berlin et Tel Aviv, serait selon eux envoyer « un signal fort de paix et de réconciliation ». Et « cela vaut la peine d’y penser sérieusement », signent-ils.

 

La presse allemande a relayé que le Comité olympique israélien n’avait pas commenté spécifiquement la suggestion de candidature commune Berlin / Tel Aviv pour les JO de 2036. Mais a tout de même souligné que « la tenue des Jeux olympiques à Berlin, 100 ans après les Jeux olympiques d’Hitler en 1936, nous rappellera tous les âges sombres que nous avons vécus et enverra un message fort au monde sur les valeurs que nous devons défendre ».

En Allemagne, Andreas Geisel, le sénateur en charge de l’Intérieur et des Sports à Berlin, s’est franchement dit ouvert à un tel projet, comme l’a relayé officiellement le portait officiel de la capitale allemande. Ce serait « bien sûr un signe fort de paix et de compréhension internationale – en pleine conscience de notre histoire douloureuse et de l’abus hideux de l’idée olympique par les nationaux-socialistes », avait-il précédemment déclaré au Berliner Morgenpost.

Des obstacles dans les anneaux

Dans ce projet, esquissent Richard Meng et Frank Kowalski, Tel Aviv, profitant de sa côte maritime, hériterait des épreuves, comme le beach-volley, la voile et le surf. Par conséquent, la presse allemande laisse deviner que Berlin, plus riche en grandes infrastructures sportives, pourrait accueillir, les disciplines tels l’athlétisme, les sports collectifs, ou encore le cyclisme.

Mais l’idée devra dépasser certains obstacles de taille. D’abord, il n’est encore jamais arrivé dans l’histoire du Comité aux cinq anneaux, que deux pays se partagent territorialement des épreuves.

Ensuite, 2036 dans le calendrier des JO, c’est demain. Et l’agenda est déjà plutôt chargé. Paris accueillera les Jeux dans trois ans, 100 ans après les jeux de 1924. Ce sera au tour de Los Angeles en 2028. Pour 2032, Brisbane en Australie est la piste privilégiée à ce jour. Et donc les déçus de 2032 se bousculeront sans doute au portillon de 2036…

 

Alors est-ce que l’idée est bien réaliste ? L’avenir le dira. Richard Meng et Frank Kowalski l’admettent : « il s’agit d’une vision très sympathique et en même temps d’une tâche énorme ». Car assurément, pour ne pas risquer de faux-départ, il faudra faire mûrir l’idée dans les esprits, allemands et israéliens ; et travailler de sorte que l’Allemagne et Israël, trouvent un dénominateur commun sur lequel tabler leur candidature. Montrer « qu’il est possible d’apprendre de l’histoire », espèrent les deux signataires. Ou miser sur l’identité des deux villes concernées, qu’ils qualifient de « métropoles libérales et palpitantes ». De fait, Tel Aviv et Berlin représentent « l’ouverture sur le monde, la liberté et la tolérance », estime Andreas Geisel, le sénateur en charge de l’Intérieur et des Sports à Berlin. Pour lui c’est un message tout trouvé pour une candidature conjointe.

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