La mafia israélienne, aussi appelée Israeli Connection, s’est constituée dès la création de l’état et s’est particulièrement étoffée depuis les années 1970.
Celle-ci voit le jour parmi des migrants de Juifs d’Afrique du Nord et du Moyen Orient en Israël installés dans les quartiers les plus pauvres.
Le crime organisé en Israël s’est renforcé avec l’arrivée de milliers de Juifs originaires de l’ex-Union soviétique. Mais aussi parce que la police a longtemps délaissé le crime organisé au profit de la lutte contre le terrorisme, plus urgente. Une des spécialités de ces groupes, est le trafic de drogue synthétique de type ecstasy.
Selon le journaliste Serge Dumont, « la mafia israélienne compte 18 familles, en majorité séfarades, descendant de Juifs venus du Maghreb. L’Ashkénaze Amir Mulner, un des chefs les plus importants et fils d’un officier de police, fait figure d’exception ».
Une des premières organisations importantes date du début des années 1990. Le New-York Gang était expert dans l’import-export de stupéfiants, l’extorsion de fonds et les paris clandestins. Toutes ces activités constituent l’essentiel des activités des organisations criminelles israéliennes. Un de leurs membres, Ephraïm « Freddy » Ran, 60 ans et ancien trafiquant de drogue, qui s’était reconverti dans le marché de l’art a été abattu en .
Un des « Rois de l’ecstasy », Yoram El-Al, un Israélien de 35 ans, est arrêté en sur une plage de Rio de Janeiro. Il était soupçonné d’irriguer Las Vegas avec des pilules faites aux Pays-Bas. Impliqué selon certains dans la tentative d’assassinat de Zeev Rosenstein à la bombe, il était recherché depuis son évasion d’une prison uruguayenne.
En , Zeev Rosenstein, alias « Fat man » (le Gros), 52 ans, considéré par les autorités américaines comme un des plus gros trafiquants au monde, plaidait coupable devant un tribunal fédéral américain pour l’importation de 850 000 pilules d’ecstasy. Condamné à 12 ans de prison, il purgera sa peine en Israël, son pays d’origine. Cette figure de l’Israeli Connection était présente sur quatre continents et avait recours aux petites mains latino-américaines pour distribuer sa drogue synthétique. Rosenstein a été la cible de sept attentats dont l’un sous la forme d’une attaque à la bombe qui tua trois personnes à Tel-Aviv en .
À la suite de cela sont apparus Yossi Musseli et son frère Eli qui lorgnaient sur le casino de Rosenstein, monté en Roumanie.
La police israélienne crée en 2008, « l’unité 443 » (lahav 433), pour lutter contre le crime organisé ; plus de 500 suspects sont arrêtés en 2013 sans parvenir à enrayer la montée de la violence.
Les bandes achètent des armes à des militaires corrompus et l’une d’elles tente même de se procurer des roquettes antichar. Les règlements de compte deviennent habituels entre les 18 clans, pour la plupart séfarades originaires d’Afrique du Nord mais parmi lesquels apparaissent quelques familles d’Arabes israéliens et de Russes israéliens. En 2013, le chiffre d’affaires du crime organisé est estimé à 2 milliards d’euros par an tandis que la lutte contre la criminalité coûte à la collectivité 3 milliards d’euros par an. En octobre et novembre 2013, plusieurs attentats à la voiture piégée frappent des membres présumés de groupes criminels. Le 7 novembre 2013, la voiture d’un procureur enquêtant sur le crime organisé explose.
Quelques jours plus tard, Shalom Domrani, chef mafieux présumé, est arrêté par l’unité 443 en même temps qu’un de ses proches, le rabbin Yoram Abergil, pour extorsion et tentative de fraude aux élections municipales de Netivot. Shalom Domrani était aussi connu pour pratiquer le trafic de sable : sa bande vidait des dunes en bord de mer et vendait le sable salé pour fabriquer un béton de mauvaise qualité. En , un chef de bande est assassiné sur une promenade de bord de mer à Tel-Aviv. Dix jours plus tard, un attentat à la grenade, attribué aux milieux criminels, frappe un bureau de change à Petah Tikva. Charlie Aboutboul, un des patrons de la pègre israélienne dont la famille d’origine nord-africaine est implantée à Netanya, échappe à plusieurs tentatives d’assassinat ; soupçonné de racket et condamné à 16 mois de prison pour tentative d’enlèvement, il se suicide par arme à feu en . En tout, les conflits entre groupes criminels font une dizaine de tués en quelques années.
En , Simona Weinglass, journaliste du magazine en ligne The Times of Israel, estime que 25 % des revenus du secteur des hautes technologies en Israël viennent de pratiques frauduleuses, souvent liées au crime organisé : escroquerie aux investissements, qui touche des cibles dans le monde entier et peut représenter 5 à 10 milliards de dollars par an, jeux ou achats en ligne, téléchargement de programmes malveillants, options binaires, etc. Les tentatives à la Knesset pour réduire le blanchiment d’argent et la corruption endémique se heurtent à un lobbying massif des entreprises en cause.
Simona Weinglass cite le cas d’Inbal Gavrieli, élue députée du Likoud en 2003 et qui s’est servie de son immunité parlementaire pour bloquer les enquêtes sur les affaires de son père, Ezra « Shuni » Gavrieli, soupçonné d’activités criminelles. Une loi votée par la Knesset en octobre 2017, entrée en vigueur en janvier 2018, interdit les options binaires sans remédier au manque de transparence dans le secteur du commerce en ligne.