HISTOIRE ECONOMIQUE D’ISRAËL. «Pour nous, l’innovation n’est pas un simple passe-temps, c’est un secteur en soi de l’économie israélienne.» Le responsable de l’Innovation d’Israël avait accueilli un groupe de journalistes invités par Merck. C’était il y a plus de vingt ans.
Responsable scientifique au sein du Ministère de l’industrie, il a occupé une fonction clé dans la politique de développement scientifique et technologique devenue une priorité du gouvernement israélien au début des années 2000.
«Au total, 25 grandes sociétés internationales présentes en Israël travaillent avec nous. Toutes ont des besoins différents et c’est à nous de répondre à leurs demandes ciblées en matière d’innovation. Nous avons par exemple de nombreux incubateurs de nouvelles sociétés en biotechnologie, mais s’ils restent isolés des multinationales, cela n’apporte rien au développement du pays.»
«Au fond, nous ne sommes pas intéressés par l’argent qui peut être directement investi par les multinationales mais par les collaborations qu’elles peuvent mettre en place ici avec des petites entreprises ou des instituts scientifiques», explique-t-il.
Il dit ne pas regretter la part très importante du budget qu’Israël consacre à la défense, comparé à celle dédiée à la recherche. «Il y a des priorités à respecter et les dépenses militaires ont aussi des retombées civiles par la création d’entreprises technologiques innovantes.»
Sans les fruits de la recherche israélienne, Merck n’aurait sans doute pas acquis Serono en 2007. En effet, la plus grande partie du succès commercial d’Ares Serono, qui appartenait à la famille Bertarelli, a reposé sur une invention de l’Institut Weizmann développée en Israël au sein de l’entreprise Interpharm acquise par Ares Serono.
L’interféron mis au point a donné naissance à Rebif, médicament contre la sclérose en plaques qui a permis à Serono de devenir une multinationale multimilliardaire. Produit jusqu’en 2004 en Israël, Rebif a ensuite entièrement quitté le pays pour la Suisse, au-dessus de Vevey, où il est aujourd’hui encore fabriqué.
«Il est frappant de constater que 70% du marché des médicaments contre la sclérose en plaques ont pour origine des découvertes de l’Institut Weizmann», relève le responsable de Yeda, l’unité chargée du transfert de technologie de l’institut.
En effet, outre Rebif, Copaxone, un autre médicament contre la sclérose en plaques, commercialisé par la multinationale israélienne Teva, est issu du campus verdoyant à 20 kilomètres au sud-est de Tel-Aviv.
«Et dire qu’en 1971, personne ne voulait acheter ce brevet, se souvient le responsable de Yeda. Il a fallu attendre 1987 pour que Teva soit enfin convaincue de sa valeur.»
L’histoire continue puisque un chercheur à l’Institut Weizmann travaille avec Merck Serono pour améliorer l’efficacité du médicament.
«Nous pensons que ce médicament contre la sclérose en plaques aura moins d’effets secondaires que Gylenia, de Novartis, actuellement sur le marché», souligne le chercheur. Un quart du budget annuel de 250 millions de dollars de l’Institut Weizmann provient des revenus tirés des brevets cédés à des entreprises privées, parmi lesquelles Serono, devenue Merck Serono.
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