Lundi, le fabricant de glace américain s’est engagé dans le conflit, en suivant les appels à une campagne de boycott des colonies juives.
Dans les cercles propalestiniens, l’annonce de Ben & Jerry’s – qui revendique des engagements progressistes et joue la carte de la protection de l’environnement – a été accueillie comme une victoire. Le député arabe israélien Ayman Odeh a diffusé sur les réseaux sociaux une photo de lui avec un pot de glace de l’entreprise. « Le régime se porte bien », a-t-il écrit en légende pour souligner son soutien à la décision de boycott.
M. Zinger pourrait en théorie se réjouir de cette publicité gratuite. Mais l’État hébreu a aussitôt répliqué en lançant une contre-campagne contre le fabricant de glaces. Le gouvernement israélien combat farouchement depuis des années le mouvement BDS, qui appelle au boycott économique, culturel ou universitaire d’Israël, visant à obtenir la fin de l’occupation et de la colonisation dans les territoires palestiniens.
« Sonnette d’alarme »
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis a demandé à 35 États américains d’utiliser contre Ben & Jerry’s les lois anti-BDS qu’ils ont adoptées et qui considèrent le boycott d’Israël comme « antisémite ».
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a appelé la direction d’Unilever, géant alimentaire propriétaire de la marque, tandis que le président Isaac Herzog a qualifié la décision de boycott de « terrorisme économique ».
Quoi qu’il en soit, Avi Zinger craint pour ses glaces et dit vouloir vendre à tous : aux Palestiniens comme aux Israéliens, qu’ils vivent à Tel-Aviv ou dans une colonie. Il affirme ne pas avoir « le droit de refuser à quiconque d’acheter des glaces » quand le mercure dépasse les 35 degrés l’été en Israël et dans les territoires palestiniens.
Selon M. Zinger, c’est face à son refus d’obtempérer que le fabricant a décidé de ne pas renouveler son accord de licence, qui expire en fin d’année prochaine. En attendant, l’usine de Beer-Touvia continue de tourner, mais des employés sont inquiets. « Je crains pour mon emploi et ceux de mes amis qui travaillent ici », confie Ayelet Damlao, 38 ans. « Ce n’est pas simple de découvrir tout d’un coup que tu peux perdre ton travail » pour une histoire de glace, déplore la contrôleuse de qualité.
« Séparer politique et glaces ».
Sur les réseaux sociaux israéliens, les appels à boycotter le glacier se sont multipliés, avant que la tendance ne s’inverse rapidement et que des Israéliens ne s’empressent de soutenir la franchise locale opposée à la décision de la marque américaine. « Je suis venu soutenir Ben & Jerry’s en Israël, qui a refusé de se plier à la demande du groupe de ne plus vendre dans les territoires occupés et qui va continuer à vendre à tout le monde », explique Moshé Weizman, venu se ravitailler dans le magasin de l’usine avec sa femme et ses deux fils. « Il faut séparer politique et glaces, ça n’a rien à voir », poursuit l’homme originaire de la ville d’Ofakim, plus au sud. « Encore plus de gens qu’avant viennent acheter des glaces pour nous soutenir », affirme Omer Granada, 19 ans, vendeur de glaces.
En « optimiste » convaincu, Avi Zinger, qui a importé l’enseigne il y a 35 ans, espère que Ben & Jerry’s fera marche arrière, à l’instar d’Airbnb en 2019. La plateforme de réservation de logements en ligne avait annoncé qu’elle renonçait à faire des offres dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée. Mais Airbnb, poursuivie en Israël, était revenue sur sa décision.
Source : AFP