Des protéines végétales, une pincée d’insectes, quelques pro-biotiques, sur un fond de robotique et d’intelligence artificielle…
C’est la recette de The Kitchen, incubateur de startups de la FoodTech situé à une trentaine de kilomètres au sud de Tel Aviv.
Créé il y a cinq ans par le groupe agroalimentaire israélien Strauss, il sélectionne chaque année, parmi quelques centaines de candidats, trois jeunes pousses contribuant à divers stades de la filière agroalimentaire à la quête du « mieux manger », explique son PDG Jonathan Berger.
Un enjeu des plus sensibles pour les consommateurs comme pour les grands industriels, « qui consacrent désormais des milliards de dollars à la réduction de leur impact environnemental », note-t-il pour expliquer la raison d’être de The Kitchen.
Une logique d’écosystème
En plus d’investir dans les sociétés sélectionnées, en complément de la Israel Innovation Authority (IIA, Autorité d’innovation israélienne, qui doit aussi approuver l’investissement), The Kitchen fournit un accompagnement personnalisé, jusqu’à l’aide à la commercialisation des produits.
« Six personnes sont en permanence à la disposition de nos startups, qui peuvent également profiter des compétences de Strauss », explique Jonathan Berger.
Chaque année, The Kitchen dépense ainsi plusieurs millions de dollars, dont beaucoup dans l’accompagnement, détaille-t-il.
L’incubateur veille aussi en permanence sur les innovations technologiques développées dans le privé comme dans les universités, et ouvre son réseau de partenaires industriels aux startups.
Il s’agit d’œuvrer à la construction d’un écosystème de la FoodTech, selon la formule qui a déjà fait le succès d’Israël comme « startup nation ».
A la recherche de protéines alternatives
Aujourd’hui, une douzaine de sociétés figurent dans le porte-feuille de The Kitchen, dont quelques-unes déjà connues au niveau international.
C’est le cas notamment d’Aleph Farms, qui contribue à la recherche d’alternatives à l’élevage animal en cultivant de la viande in vitro, à partir de cellules souches.
Mais l’incubateur fait aussi la part belle aux protéines et aux alternatives au lait végétales.
Ainsi, la première startup incubée par The Kitchen, Yofix, mélange cinq ingrédients issus des plantes pour fabriquer des desserts fermentés ressemblant aux yaourts.
Afin de se démarquer de la concurrence internationale, elle n’utilise toutefois ni de soja ni d’amandes, et bannit les conservateurs et les additifs.
Déjà commercialisés en Israël et au Royaume-Uni, elle espère lancer ses produits en Allemagne et en France en 2021, en Espagne et en Italie en 2022.
Un concept semblable est appliqué aux burgers par Rilbite, qu’elle fabrique à partir de six « vrais ingrédients » végétaux.
Grâce à un procédé développée par la startup, qui constitue d’ailleurs sa principale innovation, ceux-ci peuvent de surcroît varier en fonction des ressources locales.
« Par rapport à d’autres burgers sans viande comme Impossible Foods and Beyond Meat, l’utilisation d’ingrédients frais permet de réduire les additifs et de ne pas ajouter d’eau », assure Barak Melamed, fondateur et PDG de l’entreprise. Après un lancement prochain en Israël, les burgers de Rilbite pourraient arriver bientôt aussi en Europe voire au Japon.
L’intelligence artificielle pour les consommateurs comme l’industrie
The Kitchen ne néglige pas non plus une autre source alternative de protéines, les insectes.
Il soutient notamment Flying Sparks, qui produit une poudre et une huile protéinées issues de larves nourries à partir de coproduits industriels.
L’espoir de la startup, qui peut déjà se targuer de partenaires tels que Nestlé et Ikea, est de voir ses produits intégrés à des aliments ou des cosmétiques.
L’incubateur n’oublie pas les apports de l’intelligence artificielle au « mieux manger », que ce soit en facilitant les choix des consommateurs ou la production industrielle.
Dans le porte-feuille de The Kitchen figurent ainsi MyfavorEats, logiciel qui utilise le « machine larning » afin de développer des recettes adaptées à la multiplication de restrictions alimentaires, mais aussi Deep Learning Robotics, dont les robots imitent les employés des usines de l’agroalimentaire.
Source La Tribune