Une équipe de journalistes de franceinter.fr a réalisé une étude sur le Bilan de Bibi. Les accords d’Abraham.
Franceinter : « Bibi a mené une diplomatie extrêmement active envers plusieurs États arabes. En tandem avec celui qui était à l’époque directeur du Mossad, Yossi Cohen, sans en référer à ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, il a établi des relations diplomatiques officielles avec les Emirats Arabes Unis et Bahrein en août 2020 puis avec le Soudan et le Bahrein quelques mois plus tard.
Plus que des « accords de Paix » ces accords dits « d’Abraham » consistent à normaliser les relations entre Israël et des pays arabes avec qui il n’a jamais été en guerre directe, contrairement à l’Egypte ou la Jordanie.
Mais cette diplomatie audacieuse et personnelle marquera les années Netanyahou qui tente d’établir un « glacis sunnite » face à l’Iran qu’il considère comme l’ennemi juré d’Israël.
Elle atteste aussi du dédain des pays arabes par rapport à la cause palestinienne précise Emmanuel Navon : « Israël a normalisé ses relations avec les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan, le Maroc sans qu’il y ait un accord de paix avec les Palestiniens. L’histoire lui a donné raison lorsqu’il disait possible de normaliser avec le monde arabe sans nécessairement avoir un accord avec les Palestiniens. »
Ces accords d’Abraham ont par ailleurs reçu le parrainage actif des États-Unis dirigés à l’époque par Donald Trump. Ils sont l’apogée de la relation très étroite entre Benyamin Netanyahou et ce président américain.
Les deux pays ont toujours été alliés et Washington un soutien inconditionnel d’Israël mais cela n’était jamais allé aussi loin puisque Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, estimé que les colonies juives en Cisjordanie occupée étaient légales et proposé un « plan de paix » très favorable à Israël laissant un État croupion aux Palestiniens.
Mais les années Netanyahou ont vu aussi la communauté juive américaine – en majorité démocrate – s’éloigner d’un Israël très à droite et soutenu envers et contre tous par le parti républicain. Alors qu’un Joe Biden moins unilatéral que Trump occupe la Maison-Blanche, le successeur de Netanyahou devra repenser une relation moins passionnée entre Israël et l’Amérique.
Une coalition « anti Bibi » œuvre de Bibi ?
Durant toutes ces années à la tête d’Israël, il a parfois initié et souvent accompagné les changements profonds au sein d’une société israélienne devenue plus religieuse et inscrite toujours plus à droite. Comme l’écrit son biographe Anshel Pfeffer « Netanyahou part contre son gré comme tous ses prédécesseurs mais il part en vainqueur ». On pourrait même ironiser que la coalition hétéroclite qui va lui succéder est sa dernière grande œuvre car elle composée en grande partie d’anciens de ses ministres qu’il a mal considérés et mal traités au fil des ans. Si cette coalition est au pouvoir, c’est à cause, ou grâce, à Benyamin Netanyahou.