GUERRE ET PAIX. Editorial de Daniel Rouach. La crise sécuritaire est là et Israël traverse encore une situation « entre deux eaux ». La résilience de l’économie israélienne a toujours été très forte, même en cas de guerre. Cela sera très probablement le cas actuellement. Sans Covid-19, le pays se redéveloppe.
Ce matin une partie de l’économie israélienne est paralysée, surtout autour de Gaza et pour une petite partie de Jérusalem. Il est trop tôt pour évaluer les dégâts potentiels de la violente crise qui s’abat sur Israël.
Les israéliens ont largement l’habitude d’anticiper les crises. En général la Bourse de Tel-Aviv reste calme. Ce mardi matin cela sembleêtre le cas.
Problème pour les personnes qui souhaitent rejoindre leur lieu de travail dans les villes du Sud d’Israël. Les chemins de fer israéliens [Israel Railways] ont fait savoir qu’ils interrompaient le service ferroviaire entre la ville d’Ashkelon, dans le sud du pays, et Beer Sheva, et qu’ils fermaient temporairement les arrêts de Sderot, Ofakim et Netivot, dans un contexte de tensions accrues autour de la bande de Gaza. Le dernier arrêt sur la ligne Herzliya-Beer Sheva est désormais Ashkelon, est-il annoncé.
Pour de nombreuses familles, la fermeture des écoles (autour de Ashkelon) à des conséquences directes. Impossible de travailler normalement.
Pour le moment personne ne parle sérieusement d’Intifada qui avait eu des répercussions dramatiques sur l’économie d’Israël.
Le saviez-vous? Selon (1) : « L’économie israélienne a vécu plusieurs années de récession autour des années 2000. Provoquée par le déclenchement de l’Intifada en septembre 2000, la crise économique s’était achevée en 2005. Le début de la seconde Intifada avait surpris l’économie d’Israël dans une phase d’expansion rapide. La période d’euphorie qui suivit les accords d’Oslo avait dynamisé les ressorts de la croissance.
L’ouverture de nouveaux débouchés extérieurs, l’afflux de touristes et d’investisseurs étrangers avaient fait bondir le produit intérieur (PIB) de 8% pour la seule année 2000 et les prévisionnistes rivalisaient d’optimisme pour les années à venir. C’était sans compter sur le soulèvement palestinien qui provoqua brutalement l’effondrement de l’économie israélienne.
Et ce qui ne devait être qu’une crise économique, aussi longue soit-elle, deviendra un virage décisif pour l’économie et la société israéliennes. Sous prétexte d’atténuer les effets de la récession, la politique néo-libérale inaugurée en 2003 va faire basculer Israël d’un socialisme d’Etat à un capitalisme de marché. Les privatisations en série, le démantèlement de la protection sociale tout comme la précarisation de l’emploi vont rendre irréversible le néolibéralisme à l’israélienne. Seule la résistance de la société civile – et notamment du secteur associatif – permettra aux plus démunis de subvenir à leurs besoins en dehors des sphères traditionnels du travail et des échanges ». (1) cairn.info
ECONOMIE. Sur Radio J, Jacques Bendellac, économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem, était l’invité d’Olivier Issembert à 8h45. Il est revenu sur la situation économique du pays, plutôt bonne face à la crise sanitaire que le monde connaît encore aujourd’hui.
L’État hébreux pointe la 19ème place du PIB par habitant, un bon indicateur de richesse pour le pays. Mais, malgré ce classement qui s’annonce bon, « il faut être modéré » selon Jacques Bendellac. En effet, « 2020 a été l’année économique la plus mauvaise pour Israël« , et si le classement s’améliore, c’est « simplement parce que les autres pays occidentaux ont des résultats encore plus mauvais« . Ainsi, le classement s’améliore, sans vouloir dire « que la situation économique d’Israël, elle, se soit améliorée« . Il faut également prendre en compte la monnaie israélienne, le Shekel, « plus fort vis-à-vis du dollar« . « Le pouvoir d’achat de l’Israélien est un peu difficile car la vie est très chère » et il ne s’est pas du tout amélioré en 2020.
Une conséquence de la crise épidémique qui creuse un peu plus les inégalités entre les habitants et les secteurs, qui ont plus ou moins gagnés d’argent en fonction de leur profession. À l’heure où la crise se termine aujourd’hui en Israël, « la reprise va être très inégale, avec une aggravation des inégalités et un appauvrissement d’une frange de la population« , qui vont laisser le pays « dans une situation moins bonne qu’elle ne l’était auparavant« .
La division est le maître-mot pour définir la société à la fin de cette crise, qui n’a pas épargné les plus pauvres, notamment les Palestiniens. « Entre Israéliens et Palestiniens, la fracture va se creuser davantage« , comme le disait l’économiste sur Radio J.
Pour relancer l’économie du pays, un vote du budget paraît essentiel. Un problème pour le moment, puisque la formation du gouvernement est toujours en cours. « Une fois que ce gouvernement sera mis en place et que le budget sera voté, il est évident qu’Israël aura davantage de capacité à mettre en œuvre des plans de relance, des réformes, qui sont nécessaire aujourd’hui à l’économie et à la société israélienne« .
Marie Simandoux